Le plan russe de contrôle des armes chimiques en Syrie comprend 4 étapes. Les rebelles de l’ASL rejettent la proposition russe.
La mise en place de l'initiative russe visant à placer sous contrôle international les armes chimiques syriennes nécessiterait l'engagement de quelque 75.000 soldats pour confisquer et escorter ces arsenaux, écrit le New York Times se référant au Pentagone.
Bien que cette évaluation soit approximative, elle donne une idée de l'"envergure de la tâche à accomplir", a annoncé au journal une source au sein de l'administration de la présidence américaine, ajoutant qu'il ne s'agissait que d'un "premier cauchemar" dans la mise en place de ce projet.
Toutefois, cette évaluation semble douteuse, aucune donnée exacte sur la quantité d'entrepôts d'armes chimiques syriens n'étant disponible: les renseignements US parlent de 42 sites, alors que seule l'existence de 19 sites de stockage est confirmée pour l'instant.
Les experts en armes chimiques considèrent qu'une opération similaire demande beaucoup de temps et des financements importants, ajoutant qu'elle est potentiellement liée à un risque militaire. Notamment, le nombre d'inspecteurs doit être supérieur à 100 personnes, nombre de spécialistes dont disposent les Nations unies. En outre, il n'est pas exclu que les experts se fassent attaquer, des combats secouant en permanence les alentours de la ville d'Al-Safira qui abriterait une usine de production d'armes non-conventionnelles, souligne la source.
Le plan russe comprend 4 étapes
Pour sa part, le quotidien russe Kommersant a rapporté ce jeudi que le plan de contrôle des armes chimiques en Syrie, remis par la Russie aux Etats-Unis, comprend quatre étapes, dont la première est l'adhésion de Damas à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.
Selon le journal, ce plan détaillé a été remis aux Américains mardi. Moscou a annoncé mercredi l'avoir transmis à Washington.
La première étape du plan prévoit l'adhésion de Damas à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, a précisé une source diplomatique à Kommersant.
La Syrie devra ensuite révéler la localisation de son arsenal d'armes chimiques et le lieu de leur fabrication.
La troisième étape consiste à autoriser les inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques à pénétrer en Syrie pour les examiner.
Enfin, la dernière étape consistera à décider, en coopération avec les inspecteurs, la manière dont il faudra détruire ces armes.
Kommersant précise qu'il n'a pas encore été décidé qui se chargerait de la destruction des armes. Mais le quotidien rapporte qu'il n'est pas exclu que les Etats-Unis et la Russie puissent le faire conjointement.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry vont se rencontrer à Genève jeudi dans l'après-midi pour évoquer ce plan.
Selon Kommersant, ce sont les Etats-Unis qui ont réclamé des pourparlers avec la Russie après avoir reçu une copie contenant les détails du plan russe.
L'ASL rejette la proposition russe
Et puis comme prévu, la soi-disant Armée syrienne libre (ASL) a rejeté avec force jeudi la proposition russe.
"L’Armée syrienne libre annonce son rejet catégorique de l'initiative russe prévoyant de placer les armes chimiques sous contrôle international", a proclamé le chef militaire des rebelles, le général Sélim Idriss, dans la déclaration filmée et diffusée sur YouTube.
Cependant, Idriss a demandé à la communauté internationale de "ne pas se contenter de retirer (à la Syrie) l'arme chimique, l'outil du crime, mais de juger devant la Cour pénale internationale l'auteur du crime qui a reconnu clairement posséder cet outil et accepté de s'en défaire".
Il a par ailleurs appelé les pays soutenant la rébellion à "augmenter les quantités d'armes" fournies aux rebelles pour leur permettre de "continuer à libérer le pays", selon lui.
Il a exhorté les milices à "intensifier les opérations militaires dans toutes les régions du pays".
Dans le même contexte, la Coalition nationale syrienne (opposition) a réaffirmé, dans un communiqué, que l'initiative russe était une "manoeuvre politique destinée à faire gagner du temps" au président Bachar al-Assad.
La coalition a souligné que la proposition russe ne serait acceptable que si elle prévoit de "demander des comptes à ceux qui ont commis des crimes contre le peuple syrien" et que si elle est promulguée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations unies, prévoyant le recours à la force.
Elle a prétendu que si "la réponse de la communauté internationale à la Syrie n'est pas efficace et effective, l'Iran, la Corée du nord et le Hezbollah vont la considérer comme un feu vert pour fabriquer et utiliser les armes chimiques".