Les deux journalistes dévoilent le vrai visage des rebelles en Syrie. Mais personne ne les écoute. Massacres anti alaouite et anti turcoman. Des dizaines de miliciens étrangers tués (Photos).
Il a fallu pour le journaliste italien Domenico Quirico, libéré dimanche de vivre cinq mois de captivité entre les mains des rebelles en Syrie pour découvrir que "la révolution syrienne a perdu son honneur", comme il l’écrit dans les colonnes de son quotidien, La Stampa.
"Pour laver ce déshonneur, elle doit conduire une enquête, arrêter les responsables de notre enlèvement et les punir de manière exemplaire pour les délits qu'ils ont commis contre nous et contre la révolution", a-t-il demandé.
"Si elle ne le fait pas, cela voudrait dire que ses leaders qui participent aux conférences à Rome ou Bruxelles, qui ont une ambassade à Paris, ne sont que des bavards, sans pouvoir sur les groupes armés qui opèrent dans leur pays, des parasites qui se font payer par nous leurs séjours dans des hôtels de luxe", estime-t-il.
Domenico Quirico, 62 ans, est entré en Syrie avec le Belge Pierre Piccinin le 6 avril avec l'accord de la milice de l'Armée syrienne libre (ASL). Les deux hommes ont été enlevés aux abords de Qoussair, une ville proche de la frontière libanaise.
"Aujourd'hui est venu le temps des jihadistes qui se préparent, après avoir éliminé Assad, à partir à la conquête des pays voisins, puis du Maghreb", pense M. Quirico.
Ils sont soutenus par "leurs alliés, pour le moment des bandits, des chacals, des hyènes, des groupes comme celui d'Al Farouq qui nous a détenus et qui, derrière un voile d'islamisme et d'idéaux révolutionnaires, cachent des trafics, des avidités, séquestrent, prennent les maisons, les choses, les vies", poursuit le journaliste.
Le journaliste italien a raconté avoir subi des mauvais traitements lors de sa détention, notamment deux simulacres d'exécution. Il soupçonne l'Armée syrienne libre (ASL, rébellion), avec laquelle il était entré dans le pays, de l'avoir trahi et d’avoir permis son enlèvement.
Le témoignage Piccinin ignoré
Son collègue belge, Piccinin, a quant à lui assuré que l’attaque chimique du mois d’aout dernier contre la Ghouta et qui a failli provoquer une guerre mondiale contre la Syrie avait été perpétrée par les rebelles eux-mêmes, et non par les forces gouvernementales.
Quoique relayé par les agences internationales, son témoignage a été complètement ignoré par les dirigeants occidentaux qui exploitaient à fond l’attaque pour forcer la pression contre le pouvoir en Syrie, dont les avancées militaires devenaient de plus en plus menaçantes pour les rebelles
Massacres contre les Alaouites et des Turcomans sunnites
Entre temps, les massacres se poursuivent, surtout contre les minorités ethniques et religieuses.
Deux nouveaux massacres à caractère communautaire a été commis ces deux derniers jours.
Plus de 26 Alaouites, dont des femmes, des enfants et des vieux ont été eliminés dans une attaque perpétrée par des centaines de miliciens d’Al-Qaida du Front al-Nosra contre les deux villages Makssar al-Hissan, et Massoudiyyé, dans l’Est d’Homs.
Sur le site syrien Syria Truth qui a révélé les identités des 26 victimes, figurent des personnes du troisième âge, de 85, 75 et de 65 ans. L’un des tués est un retardé mental âgé de 80 ans.
Plusieurs sites syriens ont assuré que les miliciens qui s’étaient retranchés dans les maisons des victimes n’ont pas tardé à être délogés ce vendredi. Il y est question de plusieurs dizaines de tués dans leurs rangs.
L’instance de l’opposition armée syrienne, l’Observatoire syrien des Droits de l’homme (OSDH) a rapporté depuis son siège à Londres cette tuerie, en disant qu’il n’y a eu que 12 tués, arguant que les raisons du massacre sont inconnues.
L’OSDH a toutefois signalé une autre tuerie à caractère communautaire. Mercredi, les miliciens ont « tué une famille de 4 personnes, le père, la mère et leurs deux enfants, dans le village AlMetrass, habité par des Turcomans sunnites, dans le gouvernorat de Tartous », indique-t-il. Cette information n’a pas été signalée par une autre source, pour vérifier surtout le nombre exacts des victimes.
Les miliciens étrangers et de l'EIIL : tués par dizaines
Dans la province de Lattaquié ce sont les miliciens étrangers qui en pâtissent. 17 d’entre eux au moins ont été tués, depuis lundi dernier, dans plusieurs attaques contre des attroupements repérés à proximité de Salmah, près de Haffé. Selon la chaine de télévision iranienne arabophone AlAlam, deux Jordaniens, un marocain, deux Égyptiens, deux Afghans, un Tchétchène, trois Saoudiens, trois Tunisiens, et trois Turcs figurent parmi les tués.
16 autres miliciens, apparemment syriens ont également été abattus également dans la province de Lattaquié, dans des attaques contre des véhicules transportant des hommes et des armes.
A Hasské, l’OSDH a rendu compte de la mort de pas moins de 35 miliciens de la milice de l’Etat Islamique de l’Irak et du Levant (EIIL) et du front al-Nosra dans des combats dans plusieurs villages avec des combattants kurdes des unites de protection du peuple kurde. et qui ont perdu 13 des leurs.
Malloula : les miliciens pourchassés
S'agissant de Maaloula, la ville chrétienne historique qui a fait la semaine passée l’objet de plusieurs assauts perpétrés par des milliers de miliciens retrouve peu à peu son calme. 90% de son territoire a été sécurisée.
Ce jeudi, l'armée syrienne pourchassait jeudi de petits groupes de rebelles encore retranchés dans des poches, et d’autres embusqués, selon un responsable des services de sécurité.
Ce responsable a relevé la difficulté d'y mener des opérations militaires en raison d'un terrain difficile, formé de montagnes rocheuses.
Selon l’agence syrienne Sana, 8 miliciens ont été abattus et 20 autres blessés au nord de la localite.
La télévision d'Etat a diffusé des images montrant des véhicules militaires et des soldats à l'intérieur de la ville quasi-déserte.
La majorité des habitants de Maaloula, du nombre de 5.000, où des combats ont débuté il y a huit jours, ont fui vers le village sunnite voisin d'Aïn al-Tiné et Damas.
Une trentaine d’entre eux ont été tués, alors que ceux qui avaient été enlevés ont été libérés.
Autre élément significatif de la situation sur le terrain, dans la Ghouta orientale qui était au coeur d'un tiraillement régional et international sur fond d'une présumée attaque chimique, les combats se poursuivent de plus bel. il est question d’une trentaine de tués dans les rangs des miliciens dans la localité de Douma.