Abu Dhabi s’intéresse avant tout au programme d’investissements dans l’infrastructure du pays.
Le président russe Vladimir Poutine a accueilli Jeudi à sa résidence de Novo-Ogarevo une délégation d'Abu Dhabi, qui a conclu la veille avec le Fonds russe d'investissements directs (RFPI) un contrat record de 5 milliards de dollars d'investissements dans l'infrastructure du pays. Cette implication des EAU et d'autres pays du Golfe via le RFPI est certainement appelée à stabiliser la position extérieure de la Russie sur les principales questions régionales au Moyen-Orient, notamment le dossier syrien, écrit vendredi le quotidien Kommersant.
La délégation des Emirats arabes unis (EAU) était présidée par Mohamed Ben Zad al-Nahayan – prince héritier d'Abu Dhabi et adjoint du commandant des forces armées des Emirats. Par ailleurs, pendant la phase ouverte de l'entretien qui s'est tenu à moins d'une journée des pourparlers à Genève entre les ministres des Affaires étrangères russe et américain Sergueï Lavrov et John Kerry, les parties ont évoqué des sujets qui n'avaient rien à voir avec les questions de défense. Poutine a ainsi salué la signature, la veille, d'un mémorandum de coopération financière entre le RFPI et le département des Finances d'Abu Dhabi.
Et ce n’est pas qu’une déclaration d'intentions : l'accord sur les investissements d'Abu Dhabi dans l'infrastructure russe sera préparé d'ici trois semaines. Le document reposera sur l'accord signé en juin 2013 entre le RFPI et le fonds souverain des EAU Mudabala pour la création d'un fonds d'investissement commun de 2 milliards de dollars. Au total, le département des Finances d'Abu Dhabi a l'intention d'investir jusqu'à 5 milliards de dollars dans les 5 à 7 prochaines années via le RFPI.
Abu Dhabi s'intéresse avant tout au programme d’investissements dans l'infrastructure du pays. En particulier le périphérique central, le projet de reconstruction de l'autoroute fédérale M11 et des projets dans le domaine des télécommunications et de l'infrastructure énergétique.
Pour les EAU, où le boom des investissements dans l'infrastructure n'est pas terminé, ces placements via le RFPI permettent de diversifier avec peu de risques leur portefeuille d'investissements dans la construction - bien que ces risques, en Russie et dans les pays du Golfe, soient dus dans une certaine mesure aux prix des hydrocarbures sur le marché mondial qui déterminent le niveau de leur budget.
La transaction entre le RFPI et Abu Dhabi a également un aspect purement politique.
Le portefeuille d’investissements conjoints potentiels du RFPI et des pays arabes s'élève déjà à plusieurs milliards de dollars. Compte-tenu de la position particulière des pays du Golfe dans les principaux contrats au Moyen-Orient, il est évident que les investisseurs du Koweït, des EAU et de l'Arabie saoudite misent également sur la stabilisation de la politique étrangère russe dans la région. C'est d’ailleurs ce modèle qui a permis aux EAU et à l'Arabie saoudite de s'intégrer au système financier mondial dans les années 1970-1980 – contrairement à la Chine qui s’est intégrée principalement grâce à l'afflux d'investissements étrangers directs et au financement de l'infrastructure, en majeure partie avec l'argent du budget.