24-11-2024 08:40 PM Jerusalem Timing

Egypte: les Frères musulmans dénoncent une décision "politique"

Egypte: les Frères musulmans dénoncent une décision

Think tanker:cette décision judiciaire est l’illustration d’une "approche brutale qui ne prévoit aucun espace pour la confrérie dans la vie politique et sociale"

  

La justice égyptienne a interdit lundi les activités des Frères musulmans et confisqué leurs biens, nouveau signe de la volonté des autorités d'éradiquer l'influente confrérie de la scène politique après l'éviction par l'armée du président issu de ses rangs.
  
Le mouvement islamiste a dénoncé un jugement "politique" et promis que son organisation ne serait "pas affectée" par cette décision, dernier épisode de la série de mesures prises à son encontre par les autorités mises en place par l'armée après la destitution le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi.
  
Il y a une semaine, un tribunal gelait les avoirs des principaux dirigeants de l'organisation, dont la plupart sont derrière les barreaux et actuellement jugés pour "incitation au meurtre" ou "meurtre" de manifestants anti-Morsi.

  
Pour Michael Hanna, spécialiste de l'Egypte au sein du think tank Century (bien CENTURY), cette décision judiciaire est l'illustration d'une "approche brutale qui ne prévoit aucun espace pour la confrérie dans la vie politique et sociale" alors même qu'à l'étranger, les plaidoyers pour une réconciliation nationale se multiplient.
  
L'interdiction des "activités" prononcée lundi s'applique à la confrérie --qui n'a aucune existence juridique-- ainsi qu'à l'Association des Frères musulmans, une ONG créée sous la présidence Morsi et accusée de servir de façade aux Frères. Elle concerne aussi aussi "toute organisation qui en émane ou est financée par eux".
  
Parmi ces organisations satellites figure notamment le parti de la Liberté et de la Justice, bras politique des Frères musulmans, qui pourrait être interdit après avoir confortablement remporté les premières législatives libres fin 2011, quelques mois après la chute de Hosni Moubarak, emporté par une révolte populaire dans le tumulte du Printemps arabe.
  
La confrérie a estimé sur son compte Twitter officiel que ce jugement était "politiquement motivé", tout en promettant de "rester toujours présente sur le terrain" car "les Frères musulmans sont une partie de la société égyptienne (et) les décisions judiciaires entachées de corruption et politiques ne peuvent rien y changer".
  
Alors que les nouvelles autorités répètent à l'envi mener une "bataille contre le terrorisme", le texte du jugement, diffusé par l'agence officielle Mena, accuse la confrérie de "s'être drapée dans l'islam pur pour ses activités qui contredisent le véritable islam et violent la loi".
  
Ce jugement peut faire l'objet d'un appel et une source judiciaire a affirmé qu'il prévoyait la mise en place d'un comité gouvernemental
pour gérer la saisie des avoirs de la confrérie, notamment ses biens immobiliers, dont ses nombreux sièges à travers le pays.
  
Des dirigeants des Frères musulmans, qui peuvent toujours se prévaloir d'une importante base populaire, ont affirmé  être prêts à renoncer au retour de M. Morsi à son poste, à condition d'obtenir la garantie que leurs membres emprisonnés seraient libérés et leurs dirigeants autorisés à poursuivre leurs activités.
  
Mais les experts estiment que le gouvernement intérimaire semble peu enclin à inclure la confrérie dans la transition qui doit doter l'Egypte d'une nouvelle Constitution et prévoit des élections générales en 2014.
  
Fin juin, des manifestations sans précédent avaient réclamé le départ de M. Morsi, accusé d'avoir "islamisé" la Constitution, accaparé tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et achevé de ruiner une économie déjà exsangue.

L'armée s'était appuyée sur ces manifestations pour déposer M. Morsi, toujours détenu au secret par l'institution militaire.