L’opposition bahreïnie accuse le régime de soutirer sous la torture de faux aveux aux opposants pour les emprisonner.
Un tribunal de Bahreïn a condamné mardi à 10 ans de prison un Américain d'origine arabe, accusé de tentative de meurtre de policiers lors de manifestations contre le régime, a indiqué à l'AFP un avocat de la défense.
Taqi al-Maydan, 25 ans, a été reconnu coupable d'implication dans une tentative de meurtre sur des policiers, d'incendie délibéré d'un véhicule de la police et d'attroupement sur la voie publique, a ajouté Me Mohamed al-Jichy, joint par téléphone.
Deux de ses co-accusés, jugés dans la même affaire, ont également écopé de 10 ans de prison chacun, a indiqué l'avocat.
Il a indiqué que son client, arrêté en octobre 2012 lors d'une manifestation dans un village près de Manama, avait plaidé non coupable, précisant qu'il allait faire appel du jugement, "inattendu en raison des preuves trop faibles" sur la culpabilité du prévenu.
Taqi al-Maydan, né en 1988 aux Etats-Unis d'un père Saoudien et d'une mère bahreïnie, vit à Bahreïn après avoir effectué des études universitaires aux Etats-Unis.
Selon le site du quotidien bahreïni de l’opposition, Miraat- al Bahreïn ( Le miroir du Bahreïn), citant un article publié par Bryant Harris dans le site américain Policymic, Taqi a été arrêté le mois d’aout dernier et torturé durant de longues heures pour l'obliger à dire qu’il a jeté des pierres sur une voiture de police en feu . Ce à quoi il n’a cessé de répondre qu’il ne se trouvait même pas sur les lieux ce jour-là.
L’expert américain a fustigé l’indifférence de l’administration américaine face à l’injustice infligée à ce jeune Américain. Le secrétariat d’Etat pour les AE a indiqué que son ambassade au Bahreïn ne peut que fournir des services consulaires à ses citoyens, qui de leur côté devraient respecter les lois en vigueur dans les pays où ils vivent.
« Il est clair que Taqi al-Maydane est un prisonnier politique par un régime despotique et le soutien des Etats-Unis ne devraient pas se contenter de l’aide consulaire... les responsables américains devraient exercer des pressions politique sur le Bahreïn pour obtenir sa libération », a prescrit Harris.
Une autre affaire préoccupe les militants des droits de l’homme au Bahreïn, rapporte Miraa-al-Bahreïn. Celle du jeune Ali-Hatem Ali Salmane. Âgé de 14 ans, il est séquestré dans les prisons du régime bahreïni. Il a été arrêté alors qu’il se trouvait ainsi que ses amis dans un café. Lui aussi et subi tortures et électrocutions pour avouer avoir fait part aux manifestations.
Selon l’AFP, les autorités ont durci cet été les sanctions contre les auteurs "d'actes terroristes" et ceux qui y incitent, et alourdi les peines de prison pour les personnes prenant part à des manifestations non autorisées.
Alors que pour l’opposition bahreïnie, le régime a dernièrement adopté des mesures plus coercitives pour réprimer ce mouvement de contestation qui se poursuit depuis deus années. Elle l’accuse entre autre de soutirer sous la torture de faux aveux aux opposants pour justifier leur arrestation et leur emprisonnement.
L'opposition a appelé à une manifestation vendredi prochain, à la suite de l'arrestation d'un dirigeant de la formation chiite Al-Wefaq, Khalil Marzouk, sous l'accusation d'"incitation au terrorisme".
Petit royaume du Golfe dirigé par la monarchie des Al-Khalifa depuis plus de deux siècles, le Bahreïn qui exerce une discrimination agressive contre la majorité chiite et s’emploie à changer sa composition démographique est secoué depuis février 2011, par un mouvement de contestation pacifique. Depuis, les autorités ont tué 89 bahreïnis, selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).