28-04-2024 05:15 PM Jerusalem Timing

L’attaque contre West Gate dévoile les relations israélo-kenyanes

L’attaque contre West Gate dévoile les relations israélo-kenyanes

"ces dernières années, Nairobi est une base israélienne à partir de laquelle l’establishment sécuritaire et d’intelligence israélien collecte des informations et des renseignements sur l’Afrique"

Quatre jours après l'attaque du centre commercial Westgate à Nairobi, perpétrée par un commando d'assaillants extrémistes islamistes, le président kényan Uhuru Kenyatta a annoncé que le siège du bâtiment était terminé.

 «Nous avons humilié et vaincu nos assaillants», a-t-il déclaré. Les insurgés islamistes somaliens shebabs, qui ont revendiqué l'attaque, avaient dit agir en représailles à l'intervention militaire kényane en Somalie lancée fin 2011.

Or , cette attaque a dévoilé de nouveau la profondeur des relations israélo-kényanes en particulier sur le plan sécuritaire.

Ainsi, les agences de presse se sont précipitées  pour parler d’une coopération sécuritaire avec les Israéliens  dans l’opération  de libération des otages du centre commercial en révélant  l'arrivée de forces spéciales israéliennes à Nairobi.

Faute d’une confirmation officielle de l'arrivée de ces forces spéciales israéliennes à Nairobi, nombreux sont les signes qui confirment la thèse de la présence d’une équipe de consultants sécuritaires israéliens offrant ses conseils aux forces kenyanes dans les négociations avec les ravisseurs  et peut-être dans le processus de libération des otages eux-mêmes.

Parmi ces signes, il faut noter que non seulement le centre commercial West Gate  appartient  partiellement à l’entité sioniste, mais la relation qui existe entre le Kenya et "Israël" est considérée  parmi les liens les plus stables dont  jouit  l’entité sioniste  dans le continent africain.

Ainsi, la coopération économique,  agricole et sécuritaire du Kenya avec l’entité sioniste  date  depuis de nombreuses décennies et elle est profonde au point que le Kenya a arrêté  des membres d’un groupe palestinien et les a remis  à Israël, qui  les ont jugés et condamnés pour des actes commis au Kenya.

 

La  relation israélo-kenyane date d’avant même la création de l’entité sioniste.

Durant la seconde guerre mondiale, nombreux sont les juifs qui ont fui l’Europe pour se réfugier au Kenya, où la première synagogue avait été construite en 1912..

Malgré l’interruption officielle des relations du Kenya avec " Israël", suite à une décision de l'Organisation de l'Unité Africaine en 1973,  les relations sécuritaires et économiques ont été maintenues.

 La coopération en matière de sécurité avec le Kenya représente le point fort dans les relations israélo-kényanes, surtout après  le  succès des forces israéliennes dans la libération des otages à l’aéroport d'Entebbe en Ouganda en 1976. Le Kenya avait permis à l'aviation israélienne d’utiliser l'aéroport de Nairobi et y  faire le plein voire  même fournir des soins médicaux aux blessés après l’opération de libération des otages.

Il est à noter que la prise d'otages dans le complexe commercial de Nairobi n’est pas la première opération militaire visant les intérêts israéliens à Nairobi. En Novembre 2002, tout le monde a  entendu parler de l'arrestation d'un groupe d'islamistes qui avaient tenté de pirater un avion israélien censé  décoller de l'aéroport de Nairobi après avoir fait exploser une station balnéaire israélienne située dans la ville de Mombasa.

Selon un document diplomatique américain datant du 15 Mars 2007, publié par le site WikiLeaks  , une rencontre a eu lieu entre un diplomate américain et le directeur général du ministère kenyan des Affaires étrangères, Tom Amolo concernant  la coopération entre le Kenya et Israel sur le plan sécuritaire.

Amolo a expliqué que « le Kenya développe une coopération sécuritaire et de renseignement avec Israël, à tous les niveaux et dans tous les domaines depuis de nombreuses années".

 Il a ajouté qu’ « Israël représente un partenaire stratégique pour nous. Il joue le rôle de  contrepoids face à d'autres pays de la région qui ne partage nos mêmes valeurs comme le Soudan ».

Le  correspondant politique au  journal Haaretz  Barack Rapid, confirme  que «ces dernières années, Nairobi est une base israélienne  à partir de laquelle l'establishment sécuritaire et d'intelligence israélien collecte des informations et des renseignements sur ce qui se passe en Afrique et aussi  pour contrer les risques croissants d’actes de terrorisme exécutés contre des cibles israéliennes dans le continent noir » .

Il ajoute que « les opérations d'al-Qaida contre l'ambassade américaine à Nairobi en 1997, ont sonné l’alarme  au sein des services de renseignement israélien au sujet de la menace du terrorisme en Afrique. Mais c’est surtout  les attaques d'Al-Qaïda contre des touristes israéliens à l'Hôtel Paradise à Mombasa et la tentative d’abattre un avion Arkih par un missile  tiré à partir de  l'épaule en Novembre 2002 , qui ont mis en état d’alerte les Israéliens ».

Le correspondant israélien  écrit que « durant l'année 2012 les autorités kenyanes ont arrêté  deux membres de la  Force Qods,  une filiale des Gardiens de la Révolution iranienne avec en leur  en possession des explosifs . Les deux hommes ont été reconnus coupables et condamnés  il y a quelques mois à la prison à vie sur la base d’accusations de planification pour assassiner des diplomates israéliens, en réponse à l'assassinat d'un certain nombre de scientifiques nucléaires iraniens par le Mossad. Les deux accusés ont déclaré au tribunal que des enquêteurs israéliens les avaient interrogé dans  la prison kenyanne.

En plus de cette coopération sécuritaire, le Kenya est un client privilégié des industries militaires israéliennes.

Selon Haaretz, le Kenya achète des armes israéliennes en grand nombre sans compter l'expertise militaire et sécuritaire israélienne. Des centaines de soldats  Kenyans sont formés en Israël de même que les haut-gradés militaires kenyans.

Par conséquent, les rapports concernant une participation israélienne  dans l’opération de libération de la prise d’otages au  centre commercial à Nairobi  ne sont  pas que des rumeurs, mais plutôt une conséquence naturelle du niveau des relations et de la coopération sécuritaire  entre les deux pays.

Au niveau officiel, «  Israël  a exprimé immédiatement après la prise d’otages de Nairobi sa volonté de fournir une assistance médicale aux kenyans et aussi il a proposé ses conseils militaires » .

Cependant le ministère israélien des Affaires étrangères n’a pas certifié  les nouvelles sur l'arrivée de forces spéciales israéliennes dans la capitale kenyane. Le communiqué officiel israélien a déclaré qu' « Israël ne divulgue pas ce genre d’informations au moment où  l’opération de sécurité conjointe risque d’avoir lieu » .

Traduit par notre site à partir du journal libanais As-Safir