Les milices reprochent à celle qui est qualifié "la commandante de la révolution syrienne" son homosexualité, et sa collaboration avec les Américains.Et ses partisans dénoncent une campagne de diffamation.
Presque tous les activistes syriens hostiles au pouvoir syrien la connaissent très bien.
Avocate de profession née en 1977, Razane Zeytouneh était entrée en contact avec l’ambassade des Etats-Unis à Damas, à partir de 2003 (date qui coïncide avec l’invasion de l’Irak).
Depuis, c’est à travers cette femme que des centaines, voire des milliers de jeunes ont suivi des programmes américains d’entrainement et de formation logistique (aux moyens de communication, aux ordinateurs et aux programmes de recensements et de documentation). Selon des observateurs de la crise syrienne, ont aussi été données des formations d'initiation aux différentes méthodes de la propagande médiatique, comprenant entre autre les manipulations des informations, des images et des chiffres, le discours des interventions télévisées, etc...
Supervisés par des services de renseignements occidentaux, ces programmes étaient animés en Syrie via des ONG occidentales à travers des bourses d’entrainement et des work shop qui étaient parfois autorisés par les autorités syriennes, assure Asia News. Parfois, ces entrainements étaient organisés en dehors de la Syrie.
Et c’est Razane Zeytouneh qui organisait les voyages au Liban, en Turquie, en Allemagne, et au Caire.
Depuis le lancement de l’insurrection en Syrie, grâce aux moyens financiers importants qui étaient mis à sa disposition, c’est aussi elle qui a fondé et supervisé les comités de coordination chargés de relayer les informations de la révolte. Elle est assistée dans cette mission par l’opposant Yassine al-Hajj Saleh, désormais le numéro deux de ces comités, directement après elle.
Son influence est telle qu'elle est qualifiée par certains "la Commandante de la révolution syrienne".
Or, depuis dimanche dernier, la vie de cette femme qui a été particulièrement choyée par les cercles occidentaux, (en lui décernant deux prix dont celui d’Anna Politkovskaïa, une journaliste connue pour son animosité à Poutine et pour avoir défendu la cause séparatiste tchétchène) ne tient qu’à un fil.
Elle a été mise à mort par les milices islamistes extrémistes et plus précisément par la brigade Liwa al-Islam, proche des Frères Musulmans et dirigée par Zahrane Allouche.
On lui reproche surtout ses penchants homosexuels tout en fustigeant ses liens d’intelligence avec la CIA en particulier.
Selon l’agence de presse Asia News , une fatwa de condamnation à mort a été décrétée à son encontre, en raison de ses tentatives de harcèlement sexuel avec des militantes appartenant à cette milice et qui collaboraient avec elle dans le cadre de son bureau de gestion des comités de coordination qu’elle s’est fondée dans la ville de Douma, après avoir quitté Damas.
Dans le texte de la « fatwa », cette avocate diplômée de l’Université de Damas est accusée d’être « une collaboratrice des Américains, d’être financée par les services de renseignements américains et d’afficher ouvertement ses tendances homosexuelles ». Selon l’accusation, « elle est également soupçonnée de collaborer avec le régime syrien qui lui a permis de résider dans le quartier Baramekeh , voire dans le même bâtiment où vit le ministre de l’information, et l’a aussi autorisé à se rendre librement à Douma.
Habitant dans la Ghouta orientale, occupée par les insurgés, des miliciens encagoulés ont ouvert le feu à proximité de son domicile, et lui ont laissé un message dans lequel ils l’ont sommée de quitter le quartier dans un délai de trois jours, faute de quoi elle serait tuée.
Sans tarder, un parterre de personnalités et d’organisations syriennes de la Ghouta orientale lui ont organisé une campagne de soutien, estimant qu’elle fait l’objet d’une campagne de diffamation, et condamnant l’agression et les menaces dont elle fait l’objet.
En appelant à punir ses auteurs, elles ont également critiqué « les groupuscules armés qui ont recours à la violence pour taire les activistes qui les critiquent ».