Si vous voulez le pétrole, nous passerons des contrats avec vos compagnies, ce n’est pas la peine de mener une guerre.
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a répété qu'il ne renoncerait pas au pouvoir et appelé la France et les Etats-Unis à négocier avec lui une sortie de la crise en Libye, dans une allocution
retransmise par la télévision d'Etat dans la nuit de vendredi à samedi.
L'Otan "doit abandonner tout espoir d'un départ de Mouammar Kadhafi. Je n'ai pas de fonction officielle pour y renoncer. Je ne quitterai pas mon pays et je m'y battrai jusqu'à la mort", a déclaré Kadhafi dans son allocution, lors d'une cérémonie marquant le centenaire d'une bataille contre les forces d'occupation italiennes en Libye.
Répétant que les Libyens l'"aiment", il a affirmé qu'il était pour eux "plus sacré que l'empereur du Japon ne l'était pour son peuple". "Je suis sacré pour le peuple libyen, je suis un symbole et un père pour eux", a-t-il martelé.
"Nous sommes prêts à négocier avec la France et les Etats-Unis mais sans condition", a encore dit le dirigeant libyen.
"Nous ne nous rendrons pas mais je vous appelle à négocier. Si vous voulez le pétrole, nous passerons des contrats avec vos compagnies, ce n'est pas la peine de mener une guerre", a-t-il poursuivi.
"Nous pouvons régler nos problèmes entre Libyens sans nous battre, retirez vos flottes et vos avions", a lancé le leader libyen à l'adresse de l'Otan.
Il a en outre déclaré que les rebelles qui luttent contre ses forces "sont des terroristes qui ne sont pas de Libye, mais venus d'Algérie, d'Egypte, de Tunisie et d'Afghanistan". "Nous les confronterons, enfants, femmes et vieillards, mais sans armes", a-t-il dit.
Le régime libyen offre une amnistie aux rebelles de Misrata
Sur le terrain, à Misrata, de violents combats ont eu lieu vendredi autour de l'aéroport, situé à deux kilomètres au sud-ouest de la troisième ville de Libye (200 km à l'est de la capitale), selon des journalistes de l'AFP. Les combats avaient fait 18 morts et 83 blessés à 19H00 GMT, selon des sources médicales.
Par ailleurs, un porte-parole du gouvernement a fait savoir vendredi que le ministère de la Justice appelait "tous les groupes armés à Misrata à déposer les armes en échange d'une amnistie", précisant que l'offre tient jusqu'au 3 mai.
Il a également confirmé la menace de frapper les navires entrant dans le port, comme l'avait annoncé un peu plus tôt la télévision libyenne.
Tout bateau "tentant d'entrer au port (...) sera frappé avec force", a indiqué la télévision, affirmant que l'armée avait "mis hors service" le port, et que l'acheminement des aides devrait désormais
se faire "par les voies terrestres" sous la supervision de l'armée.
Des navires de l'Otan ont en outre neutralisé des mines marines posées par les forces loyalistes dans le port de Misrata, selon le général britannique Rob Weighill.
Dans un communiqué, l'Otan "a prévenu les autorités portuaires de Misrata, qui ont temporairement fermé l'installation portuaire", entraînant l'annulation des déplacements de deux bateaux d'aide humanitaire.
"Les forces de l'Otan sont maintenant activement lancées dans la neutralisation de la menace que représentent les mines, afin d'assurer que la circulation de l'aide continue", a déclaré l'amiral italien Rinaldo Veri, cité dans le communiqué.
"L'Otan exhorte les compagnies maritimes civiles à continuer à coordonner" leurs mouvements avec l'Alliance atlantique afin de permettre "le transit sûr
des bateaux dans la région".
Selon le Croissant-Rouge, les violences à Misrata ont fait environ 1.500 morts, habitants et rebelles, en deux mois. Selon le procureur local, les pro-Kadhafi ont aussi enlevé plus de 500 habitants.
Plus à l'ouest, les insurgés tenaient toujours vendredi le poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, reconquis la veille.