27-11-2024 11:43 AM Jerusalem Timing

L’opposition syrienne plus affaiblie que jamais

L’opposition syrienne plus affaiblie que jamais

Pour de nombreux opposants, la Coalition est déconnectée des souffrances de la population et ne soutient pas suffisamment les rebelles.

   L'opposition syrienne a perdu sa marge de manoeuvre
dans la perspective de négociations de paix avec le pouvoir à Genève, après le
désaveu de principaux groupes rebelles et une résolution de l'ONU en-deçà de
ses attentes.

   Le patron de
l'ONU Ban Ki-moon a annoncé vendredi que la conférence de paix dite de
"Genève 2" devrait se tenir à la mi-novembre pour tenter d'amorcer
une transition politique en Syrie dévastée par 30 mois de conflit, mais l'opposition,
en exil, se sent abandonnée par ses alliés occidentaux.

   Si le chef de la
Coalition nationale syrienne (opposition), Ahmad Jarba, a officiellement salué
la résolution de l'ONU avec quelques réserves, plusieurs de ses membres sont
résolument amers.

   "La résolution
du Conseil de sécurité est très décevante", a déclaré samedi Samir Nachar,
opposant historique aux autorités syriennes dirigées par le Président Bachar
al-Assad. "Elle sert les intérêts de la plupart des puissances régionales
et internationales, y compris le régime syrien. Mais elle ne sert en aucune
façon le peuple ou la révolution". 

   Après d'âpres
négociations russo-américaines, le Conseil de sécurité a voté vendredi la
résolution 2118 qui contraint le régime à détruire son arsenal chimique, sans
cependant stipuler des sanctions automatiques en cas de non respect du texte.

   L'opposition
réclamait une résolution assortie de menaces de sanctions directes, mais
surtout elle voulait que les Etats-Unis mettent à exécution leurs menaces de
frappes contre le régime suspendues après l'accord russo-américain du 14
septembre sur le démantèlement des armes chimiques.

   Pour Agnès
Levallois, experte du Moyen-Orient basée à Paris, "la résolution de l'ONU
est venue au détriment de l'opposition, qui est la grande perdante.

Avec cette histoire d'armes chimiques, Bachar al-Assad
est à nouveau l'interlocuteur syrien pour la communauté internationale donc il
y a eu un renversement de la situation".

  

   La Coalition "ne nous représente pas"

   Pour Peter
Harling, un expert de la Syrie basé à Bruxelles, l'opposition "sera encore
affaiblie par le processus de Genève, s'il est façonné par les Etats-Unis et la
Russie pour enrober politiquement leur accord sur les armes chimiques, dont le
seul but est d'éviter une guerre dont personne ne veut".

   De surcroît,
l'opposition, qui n'a pas pu obtenir des Occidentaux plus de soutien matériel
et financier pour les rebelles sur le terrain, a été désavouée par 13
importants groupes rebelles, dont des radicaux, qui ont annoncé cette semaine
qu'elle ne "les représentait pas".

   Pour de nombreux
opposants, la Coalition est déconnectée des souffrances de la population et ne
soutient pas suffisamment les rebelles.

   "La
Coalition s'est éloignée du peuple syrien, de sa réalité et de ses ambitions",
a déclaré à l'AFP via Skype Islam Allush, le porte-parole du groupe rebelle  Liwa al-Islam.

   Dans une vidéo
tournée lors d'une réunion de l'opposition en Jordanie, et postée sur internet,
un commandant rebelle, furieux, accuse les dissidents installés à l'étranger
d'abandonner les Syriens.

   "Qui, parmi
vous, est venu nous aider? Qui parmi vous, les opposants de l'étranger, nous a
déjà contactés et demandé ce dont nous avions besoin ? Personne!
Personne!" a crié Yasser Abboud, basé à Deraa (sud syrien).

 Pour Agnès
Levallois, "il y a un divorce de plus en plus grand entre les Syriens de
l'intérieur et ceux de  l'extérieur. Du
coup, cela enlève toute marge de manoeuvre à l'opposition" pour de futures
négociations de paix.

   Et en cas de
négociations, les décisions de l'opposition "ne seront pas acceptées et
reconnues par l'opposition de l'intérieur, cela n'aura aucune réalité sur le
terrain. C'est dramatique pour l'opposition", ajoute-t-elle.

   Le coordinateur
politique de l'Armée syrienne libre (ASL), Louaï Moqdad, a déclaré à l'AFP
comprendre le ressentiment des rebelles.

   "Depuis le
début, nous avons prévenu qu'abandonner le peuple, qui souffre entre les mains
d'Assad pendant que la communauté internationale regarde ailleurs, mènerait ce
peuple au désespoir", a-t-il dit. "Si la communauté internationale
avait rempli ses devoirs, nous n'en serions pas là".