24-11-2024 06:56 PM Jerusalem Timing

Erdogan autorise les fonctionnaires à se voiler, élargit les droits des Kurdes

Erdogan autorise les fonctionnaires à se voiler, élargit les droits des Kurdes

Erdogan a annoncé la levée de "l’interdiction dans les institutions publiques" des "mesures discriminatoires pour les femmes et les hommes", en l’occurrence du foulard pour les femmes et de la barbe pour les hommes.

   
 
Le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a dévoilé lundi une série de réformes qui, trois mois après la fronde antigouvernementale ayant secoué la Turquie, autorisent les fonctionnaires à porter le foulard islamique et accroissent les droits des minorités, notamment des Kurdes.
  
Dans un discours d'une heure, M. Erdogan a annoncé la levée de "l'interdiction dans les institutions publiques" des "mesures discriminatoires pour les femmes et les hommes", en l'occurrence du foulard pour les femmes et de la barbe pour les hommes.
  
"Nous allons abroger ces violations qui se dressaient devant la liberté de croyance", a-t-il expliqué.
  
Symbole de la Turquie musulmane mais laïque voulue par le fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, ces interdictions resteront toutefois en vigueur pour les policiers, les militaires, les procureurs et les magistrats, a précisé le chef du gouvernement.
  
Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan défend le port du voile dans tous les domaines, y compris la sphère publique. Il a déjà levé cette interdiction sur les campus universitaires.
  
La mesure annoncée lundi doit permettre aux députées d'arborer le foulard au Parlement, un autre sujet qui a fait des remous.
  
En 1999, Merve Kavakçi, députée turco-américaine élue sous les couleurs d'un parti islamiste, s'était présentée devant ses pairs coiffée du voile pour prêter serment. Cela avait suscité un tollé et elle avait dû quitter la salle sous les huées, avant d'être déchue de sa nationalité turque.
  
Cette annonce de M. Erdogan intervient à moins de six mois des élections municipales, mais surtout quatre mois après le coup d'envoi de la vague de contestation sans précédent qui l'a visé au mois de juin.
  
Parti de la mobilisation d'un groupe d'écologistes contre la destruction annoncée d'un parc d'Istanbul, ce mouvement a vu défiler pendant près d'un mois des dizaines de milliers de manifestants dans les grandes villes, surtout à Istanbul, Ankara et Izmir (ouest), pour reprocher au gouvernement sa dérive "islamiste", en particulier au travers d'une récente loi restreignant la vente d'alcool.
  
Minorités
 

Fort du soutien dont il jouit dans la population, -l'AKP a obtenu la moitié des suffrages aux législatives de 2011-, M. Erdogan a nié toute dérive autoritaire mais sévèrement réprimé les contestataires, s'attirant de multiples critiques, y compris à l'étranger.
  
Outre cette décision emblématique, M. Erdogan a présenté lundi une série de mesures destinées à renforcer les droits des minorités, à commencer par les Kurdes, à l'heure où Ankara a engagé des pourparlers de paix pour mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
  
Egalement destiné à toutes les autres minorités de Turquie (Alévis, Roms, Syriaques), le "paquet démocratique" du gouvernement autorise l'enseignement en langue kurde dans les écoles privées ou l'utilisation de la langue kurde pour
la propagande électorale.
  
Certaines localités du sud-est anatolien, qui abrite une large partie des 15 millions de Kurdes de ce pays, débaptisées après un coup d'Etat militaire en 1980, pourront également reprendre leur nom d'origine.
  
Sur le plan politique, M. Erdogan a promis une discussion sur l'abaissement du seuil de 10% des suffrages nécessaire pour entrer au Parlement. Et en matière pénale, il a annoncé un renforcement des sanctions contre les "discours de haine", et contre "ceux qui s'opposent aux pratiques religieuses".
  
Devant tous ses ministres, M. Erdogan a qualifié son plan d'"historique".

Mais il  reste très en-deçà des revendications des Kurdes, qui réclament l'enseignement de leur langue dans les établissements