Le général Jaafari déplore une politique américaine qui manque d’indépendance, trop soumise au sionisme mondial, et qui doit prendre son autorisation pour chaque décision.
Le chef des Gardiens de la révolution a rendu hommage aux positions qui ont été prises par le président iranien cheikh Hassan Rohani aux Nations Unies critiquant toutefois le timing du contact téléphonique qui a eu lieu avec le président américain Barack Obama.
"Le président a eu une position ferme et appropriée lors de son séjour mais tout comme il a refusé de rencontrer (Barack) Obama, il aurait dû aussi refuser de lui parler au téléphone et attendre des actes concrets du gouvernement américain", a déclaré le général Mohammad Ali Jaafari au site d'information Tasnimnews.com.
Ce contact, établi vendredi à New York entre les présidents iranien et américain, est le premier du genre entre les deux pays qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.
Outre cet entretien téléphonique, les chefs de diplomatie du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) ont eu une rencontre sans précédent avec leur homologue iranien qui ont annoncé la reprise des négociations les 15 et 16 octobre à Genève.
A la tribune de l'ONU, M. Rohani a refusé de céder sur les "droits" de l'Iran, à savoir l'enrichissement d'uranium sur son sol et assuré que son pays n'était "pas une menace", réaffirmant que la république islamique entendait utiliser l'énergie nucléaire "à des fins exclusivement pacifiques".
Pour répondre à la "bonne volonté" affichée par l'Iran, les Etats-Unis doivent "lever toutes les sanctions contre la nation iranienne, débloquer les avoirs iraniens bloqués aux Etats-Unis, cesser leur hostilité à l'égard de l'Iran et accepter le programme nucléaire iranien", a énoncé le général Jaafari.
Selon le responsable iranien, les Américains sont dans une posture faible, et manquent aussi d'indépendance.
" les hommes politiques américains manquent hélas d'indépendance dans leurs prises de position et sont sous l'influence du sionisme mondial, et doivent prendre sa permission avant de prendre des décisions", a-t-il déploré.
"Dans son action, le gouvernement peut faire des erreurs tactiques, comme l'entretien téléphonique, mais cela peut être réparé", a dit le général Jaafari.
"Si des erreurs sont constatées chez les responsables, notre leader sage, les gens intelligents et les révolutionnaires qui serveillent attentivement ne manqueront de le faire remarquer", a-t-il précisé.
Hadjizadeh: plutôt sceptique
Le commandant de la Force aérospatiale des Gardiens, le général Amir-Ali Hadjizadeh, a jugé de son côté sur le site internet des Gardiens, sepahnews.com, qu'"avec un contact et un sourire (de M. Obama), on ne peut pas oublier l'hostilité des Etats-Unis".
Cette hostilité "continue depuis un demi-siècle, et même s'ils ont la volonté de changer, je ne pense pas que cela se produira rapidement", a-t-il ajouté.
Le ministre de la Défense, Hossein Dehghan, a toutefois soutenu la décision son président, estimant que l'entretien souhaité par M. Obama était le signe de "la puissance et la grandeur" de l'Iran.
Avant et pendant son séjour à New York, M. Rohani avait souligné avoir "la pleine autorité" sur les négociations nucléaires avec les Occidentaux, et le soutien du guide suprême, qui a le dernier mot sur les dossiers stratégiques.
Le guide suprême ne s'est pas encore exprimé sur l'entretien entre les deux présidents.
Le voyage de M. Rohani à New York a été largement salué en Iran et à l'étranger, même si une soixantaine de jeunes islamistes l'ont conspué à son retour à Téhéran samedi en criant "mort à l'Amérique" et "mort à Israël".