Les réformes turques concernant les Kurdes ne sont pas à la hauteur.
Les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont accusé mardi le gouvernement turc de n'avoir aucune volonté de résoudre la question kurde, au lendemain de l'annonce de réformes pour renforcer les droits des minorités en Turquie.
"Le paquet de réformes qui a été annoncé démontre que l'AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir) a adopté une politique de non résolution" de la question kurde, a affirmé la direction du PKK dans un communiqué cité par l'agence de presse kurde Firat, porte-voix de la rébellion.
"On comprend avec ces annonces (...) que rien d'autre n'a été pris en considération que la recherche d'un nouveau succès électoral", a-t-elle poursuivi, accusant le gouvernement de n'avoir "ni la mentalité, ni la capacité" de mettre fin au conflit kurde.
Le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi une série de réformes visant à accroître la démocratie en Turquie, très attendues alors que les autorités turques négocient depuis la fin 2012 avec le chef emprisonné des rebelles, Abdullah Ogalan, la sortie d'un conflit qui a fait près de 45.000 morts en 29 ans.
Le PKK a entamé au printemps un retrait de ses combattants vers le nord de l'Irak, mais a interrompu ce mouvement début septembre en réclamant des mesures concrètes du gouvernement pour la minorité kurde.
Les rebelles revendiquent le droit à un enseignement public dans des langues maternelles autres que le turc, une forme d'autonomie pour les régions kurdes de l'est et du sud-est de la Turquie, une révision de la loi antiterroriste pour permettre la libération de milliers de militants kurdes et l'inscription d'une référence explicite à l'identité kurde dans la Constitution.
M. Erdogan n'a que partiellement répondu à ces attentes lundi en annonçant un enseignement en langues maternelles dans les seuls établissements privés et des mesures d'ordre symbolique comme la possibilité pour des localités kurdes débaptisées après le coup d'Etat de 1980 de reprendre leur nom kurde.
"Une fois encore, on cherche à recouvrir d'une couche de maquillage des politiques qui n'empêchent pas la colonisation et le génocide culturel", a commenté la direction du PKK.
Des élections municipales sont prévues en mars en Turquie.