Elle explique officiellement pourquoi elle combat l’ASL, et prépare la confiscation juridique de Deir Ezzor. Alors qu’à Damas, la nouvelle milice Armée de l’Islam tente de l’éviter.

Dans une tentative de redorer son image, la milice d’Al-Qaïda l'Etat islamique en Irak et au Levant a décidé de s’expliquer sur de nombreuses questions, dont les raisons pour lesquelles elle a décidé de combattre les brigades de la milice de l’Armée syrienne libre, après avoir mené ensemble la plupart des combats contre les forces gouvernementales.

C’est l’un de ses responsables qui s’en est chargé : Abou Mohammad al-Adnani ash-Shami qui s’est exprimé dans un enregistrement sonore posté sur la Toile, et publié par  la fondation al-Fourkane.

Sur les raisons de cette décision, on sait déjà qu’il s’agissait d’une frappe préventive, avant que l’ASL ne se mette à les éliminer, à la demande des occidentaux qui refusent d’armer l’ASL de crainte que « les armes ne tombent entre les mains des extrémistes ».

Les exploits confisqués

D’autres raisons sont invoquées. Celles surtout des confiscations par l’ASL des exploits militaires réalisés par la milice extrémiste qui ait offusqué cette dernière.

« L’EIIL est vraiment opprimé. La preuve est que l’aéroport de Mennegh avait été libéré par ses éléments. C’est elle qui a planifié et mis à exécution sa libération alors que c’est l’état-major laïc retranché dans les hôtels qui l’a revendiqué en toute insolence. Et si un correspondant commet l’erreur de le révéler, il ne le fait qu’en passant, comme s’il a honte de le dire », a déploré Al-Adnani .

Celui-ci reproche aux medias de l’ASL de ne pas avoir non plus révélé que c’est l’EIIL qui a selon lui éliminé plusieurs barrages de l’armée gouvernementale et « libéré » plusieurs villages, dans le gouvernorat de Hama.
Selon lui, tout ce qui peut porter grief à sa milice est dramatisé et exagéré, alors les pires infractions commises par les autres milices sont occultées.

Le poignard dans le dos

Une autre raison est signalée : Abou Mohammad a accusé l’ASL, et en particulier la brigade des petits-fils du prophète, de poignarder l’EIIL dans le dos en ouvrant un front de bataille contre elle dans les gouvernorats de Raqqa et de Deir Ezzor. 

«  Je vous jure nous n’avons jamais agressé aucun d’eux. Nous n’avons jamais ouvert une bataille contre eux, malgré toutes les provocations contre les moudjahidines et en dépit qu’ils ont conclu un accord avec les Croisades pour nous combattre», a-t-il prétendu, accusant la milice des petits-fils du prophète de forcer les gens à boire de l’alcool et à insulter Dieu.

Campagne de déformation 

Selon lui, sa milice fait l’objet d’une campagne de déformation, en l’accusant à tort de tuer les Musulmans, de les apostasier et de leur couper la tête.

Dans son intervention Adnani s'explique en disant que ces chatiments ne sont ingligés qu'après verdict du tribunal, en allusion aux instance juridiques religieuses mises en place arbitrairement dans les régions qu'ils contrôlent.

Cette désinformation servirait d'après lui à « préparer la campagne des Croisades contre ses combattants ».

Adnani a mis  en garde l’ASL de tomber dans le piège des rumeurs selon lesquelles l’EIIL est venu pour les combattre.
«  Les Etats-Unis et leur alliés se sont rendus compte après les leçons dures qu’ils ont subis en Irak et en Afghanistan qu’ils sont incapables de combattre de face les moudjahidines et Obama a réclamé dernièrement la formation des factions pour faire face à ceux qu’il a nommés les extrémistes », a-t-il aussi révélé.

Al-Nosra les traitres

Al-Adnani s’est également exprimé dans son enregistrement sur les liens entre l’EIIL et sa jumelle en Syrie, le Front al-Nosra, dont les relations se sont empoisonnées depuis que le dirigeant de cette dernière, Joulani a refusé de rejoindre l’EIIL sous le commandement de Baghdadi.

Adnani a d’abord qualifié le front de faction dissidente de l’EIIL. «  Ce sont des dissidents dans le plein sens du terme qui implique la trahison »,  a-t-il expliqué.
Avant de souligner que toutes les raisons des frictions sont disponibles, mais sans pour autant atteindre ce stade.
Selon l’agence Asia News, ce différend s’est bel et bien répercuté sur le terrain, sur la prise des sièges et des dépôts d’armes et que parfois une grande zizanie a eu lieu.

Affinités avec l’Armée de l’Islam ??

Force est de constater qu'à Damas, où une nouvelle milice a vu le jour lundi,  Jaïch el-Islam (Armée de l’Islam) dans la Ghouta orientale, celle-ci semble vouloir éviter les différends avec l'EIIL.

Rassemblant une cinquantaine de milices , sous le commandement de la milice pro saoudienne Liwa el-Islam, l’un de ses dirigeants fait d’ores et déjà l’objet de «poursuites judiciaires » au motif qu'il sèmer les divisions entre les Musulmans.

Saïd Joumaa, commandant de la brigade Soyouf al-Haq (Sabres de la Veritee) a dans un entretien télévisé qualifié l’EIIL « de  groupuscule takfiri inadmissible dans la société syrienne ».

Des observateurs cités par Asia News se sont dits étonnés par cette position à l’encontre de l’EIIL, sachant que les dirigeants du Liwa, dont Zahrane Allouche en personne avait à plusieurs reprises fustigé le front al-Nosra.

Selon Asia News, les partisans médiatiques de l’EIIL se sont mis à taxer l’EIIL « les Sahwas de la Syrie », en allusion aux «  sahwas irakiennes », les forces formées pour combattre Al-Qaïda en Irak.        

Le tour de Deir Ezzor

Sur le terrain, la milice de l’EIIL a décidé d’annexer juridiquement le gouvernorat de Deir Ezzor et de lui imposer un tribunal de sa confection, « pour régler les différends religieux et sociaux et ceux entre l’ensemble des Musulmans et les éléments de  l’EIIL », selon le texte du nouveau communiqué publié ce lundi. Selon lequel, les contrat de mariage et de divorce seront egalement --  par le tribunal.
Cette initiative intervient alors qu’il est question d’un plan mis au point par l’EIIL pour s’emparer de ce gouvernorat, a l’instar de ce qui s’est passe à Raqqa.

Des tués par centaines

Sur le terrain, il est question de miliciens tués en grands nombre aussi bien à proximité de Maaloula, la localité chrétienne qui a fait l’objet d’un assaut de la part de miliciens extrémistes en particulier.
Des dizaines de cadavres d’éléments du front al-Nosra et de la brigade al-Farouk ont été filmés dans une vidéo postée sur la Toile.

Alors que dans la région de Lattaquié, une seule bataille, celle de Baroudé a couté la vie à 400 miliciens, alors que 1200 d’entre eux ont été blessés, dont plus de 700 sont totalement invalides, selon ce qu’en dit le jihadiste égyptien qui combattait dans les rangs des miliciens, Hazem al-Masri pour l’agence Asia News.

 

Le Fiasco de l'ASL à Jisr esh-Shoghour

 

Ce mardi, selon Asia News, les milices de la Coalition de l'opposition ont essuyé un échec de taille dans la région de Jisr esh-Shoghour à Idleb, alors qu'elles tentaient de s'en emparer.
Pourtant dans la journée, la bataille battait son plein entre l’armée régulière et les milices de l’ASL, dont entre autre les brigades du Conseil militaire révolutionnaire.

Selon Asia News, le nombre des tués dans les rangs des miliciens est considérable  dont le commandant de terrain du bouclier du Conseil militaire révolutionnaire, Maher Hijazi, ainsi que le membre des comités de coordination Mohammad Bachar Seyjri.
 «  Les appels au secours se sont élevés et surtout les demandes de sang à l’hôpital de Drekouche », décrit l’agence selon laquelle l’armée régulière a bombardé les positions des miliciens à l’artillerie et via des raids aériens.
« Les contacts entre les différentes brigades ont été coupés et la panique s’est répandu dans les rangs des miliciens,..., avant qu’ils n’opèrent un retrait tactique et retournent à leurs positions initiales, sans avoir réalisé leurs objectifs », conclut Asia news.