Téhéran a qualifié son discours de "provocateur et belliqueux".
Le New York Times a accusé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de vouloir torpiller les efforts diplomatiques américains avec l’Iran et critiqué avec virulence son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies dans lequel il a menacé de mener une guerre contre l’Iran.
« Netanyahu n’a aucune raison pour douter des efforts iraniens, mais ceci va surement être destructeur si lui et ses supporters au Congrès resteront comme les aveugles en ne voulant pas faire confiance à l’Iran, en exagérant l’ampleur de la menace iranienne et en empêchant le président Barack Obama de profiter de cette occasion diplomatique et en détruisant toutes les bonnes éventualités pour tisser de bons liens avec l’Iran depuis la révolution en 1979 », est-il écrit dans le journal.
Contraste entre Netanyahu et Rohani
Le journal a observé un contraste de ton frappant entre Netanyahu et Rohani était frappant. « Contrairement à l'Iranien, qui sourit lors de son discours à la tribune et a cherché à apparaître conciliant, le Premier ministre israélien a été radin en sourires, et plutôt prolifique en sarcasme », écrit le journal, remarquant que Rohani n'a jamais mentionné Israël par son nom, ni son Premier ministre, alors que Netanyahu a répété le nom du président iranien 25 fois !
Il se nuit à lui-même
Gary G. Sick, un ancien membre du personnel Conseil de sécurité nationale qui se spécialise en Iran et qui est maintenant un chercheur à l'Université de Columbia, a dit avoir vu dans le discours de M. Netanyahu une tentative quelque peu inefficace pour arrêter l'élan que M. Rohani à chercher à bâtir.
Selon lui, Netanyahu lui a paru « soucieux d’avoir le regard le plus négatif possible jusqu’aux limites de la crédibilité". Notant qu’"il est vraiment choquant de voir l'élément extrême à quel point il est en mesure de pousser les choses jusqu’au bout ». Et Sick de conclure : « il se nuit lui-même par ses exagérations».
Comme s'il s'adressait à un public israélien
Le porte-parole de la maison Blanche Robert Gibs a lui aussi estimé que le Premier ministre israélien n’aide pas Israël à travers son discours et qu’il lui semble plutôt comme s’il s’adressait à un public israélien.
Quant au secrétariat d’Etat des Affaires étrangères, il a indiqué que la politique américaine n’avait pas changé et que le président Obama a dit qu’il voulait entamer le champ diplomatique et qu’il s’attendait à ce que les déclarations des responsables iraniens soient assorties d’actes.
Prêt à agir seul
Mardi, devant l’Assemblée des Nations Unies, le Premier ministre israélien n’a eu de mots que pour l’Iran et son président.
Il s’est mis à reprendre la traditionnelle rhétorique sur la disposition d’Israël à bombarder l’Iran seul, pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire.
"Israël ne laissera pas l'Iran obtenir des armes nucléaires. Si Israël est obligé d'agir seul, il agira seul", a-t-il martelé, dans son discours dénoncé par l'Iran comme « provocateur et belliqueux ».
L'Iran n'a pas encore franchi la ligne rouge, a-t-il expliqué, mais il "veut être en position de pouvoir accélérer et construire des bombes atomiques" quand il le voudra "avant que la communauté internationale ne puisse le détecter et l'empêcher".
Selon l’AFP, l'an dernier à la même tribune, M. Netanyahu avait tracé une ligne rouge sur un croquis de bombe atomique iranienne pour montrer la nécessité d'agir vite avant que l'Iran ne devienne une puissance nucléaire.
Iran nucléaire= 50 Corées du Nord
Cette fois-ci, il a apporté avec lui une nouvelle « équation mathématique ». Il a estimé qu'un Iran nucléaire serait aussi dangereux que "cinquante Corées du Nord". "Face à une telle menace, Israël n'aura d'autre choix que de se défendre", a-t-il souligné. "Je n'accepterai jamais qu'un régime qui a juré à plusieurs reprises de nous rayer de la carte aie des armes nucléaires (..) Je ne ferai jamais de compromis sur la sécurité de mon peuple et de mon pays".
Pour le Premier ministre israélien, Rohani est "un loyal serviteur du régime", pas plus fiable que son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, qui se livrait à de violentes diatribes anti-israéliennes à la tribune de l'ONU. Il faut "se concentrer sur les actions de l'Iran", a-t-il estimé, et en attendant il faut "maintenir la pression" et les sanctions contre Téhéran, de façon à s'assurer que le programme nucléaire iranien soit "démantelé complètement et de façon vérifiable".
On ne doit "lever les sanctions que quand l'Iran aura totalement démantelé son programme de fabrication d'armes nucléaires", a prétendu M. Netanyahu, qui a rejeté l'idée d'un "accord partiel" relâchant l'étau en échange de "concessions superficielles" de la part de Téhéran. Il a énuméré une série de mesures que les Iraniens devraient prendre, à commencer par "cesser tout enrichissement de leur uranium" et transférer en dehors d'Iran les stocks d'uranium enrichi.
Un diplomate iranien a immédiatement réagi en séance au discours de M. Netanyahu en le qualifiant d'"extrêmement provocateur" et de "belliqueux". Selon Khodadad Seifi, conseiller à la mission iranienne auprès de l'ONU, "toutes les activités nucléaires iraniennes ont, et ont toujours eu, un objectif exclusivement pacifique".