Le Trésor a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme.
Le président Barack Obama a annulé sa tournée en Asie la semaine prochaine en raison de la crise budgétaire aux Etats-Unis, qui va entrer vendredi dans son quatrième jour sans perspective de solution rapide.
"Etant donné la paralysie de l'Etat fédéral, le voyage du président Obama en Indonésie et au Brunei a été annulé. Le président a pris cette décision vu la difficulté d'organiser un déplacement" en une telle période, a précisé l'exécutif américain.
De même source, le secrétaire d'Etat John Kerry dirigera les délégations américaines en Indonésie et au Brunei, où vont se dérouler respectivement le sommet du "forum de Coopération de l'Asie-Pacifique" à partir de lundi, puis le sommet de l'Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est) et de l'Asie de l'Est à partir de mercredi.
M. Obama avait déjà dû écourter la tournée qu'il prévoyait dans la région, en renonçant à des étapes initialement prévues en Malaisie et aux Philippines, là encore en raison de la crise budgétaire.
Après cette nouvelle annulation, M. Obama a l'intention de "continuer à exhorter les républicains à autoriser un vote (au Congrès) pour obtenir la fin de la paralysie de l'Etat", a indiqué le porte-parole du président américain, Jay Carney.
"Cette paralysie, qui était parfaitement évitable, constitue un revers pour notre capacité à créer des emplois à travers la promotion des exportations et des intérêts américains dans la région (de pays) émergents la plus importante du monde", a-t-il accusé, alors que M. Obama a fait du renforcement de la présence économique, diplomatique et militaire américaines en Asie l'une de ses priorités depuis 2009.
M. Carney a assuré que M. Obama avait l'intention de "continuer à travailler avec nos alliés et partenaires dans la région Asie-Pacifique et de revenir dans la région à une date ultérieure", qu'il n'a pas précisée.
Le Sénat siègera ce week-end
Faute d'un accord sur le budget au Congrès, les administrations centrales des Etats-Unis sont partiellement fermées depuis mardi matin 04H00 GMT, et quelque 900.000 fonctionnaires fédéraux, soit 43% des effectifs, ont été mis d'office en congés sans solde selon le site GovExec.
Jeudi, au troisième jour de cette paralysie sans précédent depuis 1996, aucune avancée n'a été obtenue.
La Chambre des représentants, dominée par les adversaires républicains de M. Obama, a voté des mesures partielles et temporaires assurées d'être rejetées par le Sénat à majorité démocrate et la Maison Blanche.
De son côté, le président démocrate a haussé le ton contre les conservateurs, accusant nommément le président de la Chambre, John Boehner, son principal interlocuteur, de ne pas vouloir "s'aliéner les extrémistes dans son parti".
"Votez (un budget), arrêtez cette comédie et mettez fin à cette paralysie!", a lancé le président américain lors d'une intervention au ton musclé dans une PME de Rockville (Maryland, est) près de Washington.
Les troupes de M. Boehner, opposées à la réforme de l'assurance-maladie promulguée par M. Obama en 2010 et dont un volet crucial est entré en vigueur mardi, refusent de voter un budget qui n'en supprimerait pas le financement.
Ces élus ont aussi menacé de lier cette question à celle du relèvement du plafond légal de la dette, nécessaire d'ici au 17 octobre.
Si le Congrès n'y donne pas son feu vert, les Etats-Unis risqueront de se retrouver en défaut de paiement à partir de cette date, une situation sans précédent sur laquelle le Trésor a une nouvelle fois tiré la sonnette d'alarme jeudi.
"Le marché du crédit pourrait se geler, la valeur du dollar plonger et les taux d'intérêt américains monter en flèche, conduisant à une crise financière et à une récession qui rappelleraient les événements de 2008, voire pire", a averti cette administration dans un rapport évoquant un défaut de paiement "potentiellement catastrophique".
Le secrétaire au Trésor Jacob Lew a enfoncé le clou jeudi soir en assurant dans un entretien télévisé qu'il serait "dangereux" de croire qu'il restait "des fonds de tiroir" pour assurer le fonctionnement de l'Etat sans augmenter la capacité d'emprunt de son pays.
De son côté, le ministre japonais des Finances, Taro Aso, s'est montré inquiet vendredi du possible impact de cette impasse sur l'économie mondiale et sur le marché des changes. "Si ce n'est pas résolu vite, il y aura diverses conséquences" sur la conjoncture économique internationale, a-t-il dit.
Le Sénat américain devrait rester en séance tout le week-end, selon le chef de la majorité démocrate Harry Reid.