27-11-2024 09:50 AM Jerusalem Timing

Les pays du Golfe doutent de Genève-2 (experts)

Les pays du Golfe doutent de Genève-2 (experts)

"à l’issue de la conférence les positions des pays du Golfe pourraient se diviser, de même que celles de l’opposition syrienne(..) l’Arabie saoudite continuera à armer l’opposition après Genève-2"..

Les Etats arabes du Golfe, qui soutiennent activement l'opposition syrienne, doutent des perspectives de la conférence Genève-2 car elle ne conduira pas à la démission de Bachar al-Assad, estiment les experts .

L'Onu compte organiser en novembre la conférence internationale Genève-2, appelée à mettre fin au conflit sanglant en Syrie. Le gouvernement syrien et l’opposition devraient envoyer leur délégation, tout comme les plus grandes puissances mondiales, les pays arabes et l'Iran. Les autorités syriennes ont déjà donné leur accord pour participer à la conférence mais ont refusé d'évoquer la principale exigence des forces d'opposition : la démission du président Assad. L'opposition n'a pas encore formulé sa position finale concernant Genève-2, attendant des garanties des pays occidentaux et des monarchies du Golfe.

"Les monarchies arabes ont beaucoup d'influence sur l'opposition syrienne - avant tout l'Armée syrienne libre (ASL), les islamistes modérés et les groupes laïques", relève Mustafa Alani, expert au Centre de recherche du Golfe. Selon lui, il est probable que ces groupes d’opposition participent au processus de paix mais ils pourraient ne pas reconnaître les résultats de la conférence de Genève si elle n'était pas suivie de la démission d'Assad. "Le président Assad est un point fondamental : il est accusé de crimes contre l'humanité, précise-t-il. Les pays du Golfe pourront difficilement accepter cet homme parmi leurs voisins après la mort de 200 000 personnes dans son pays", a déclaré l'expert. L’expert pense également que les monarchies arabes pourraient accepter qu'une partie du gouvernement syrien participe à l'avenir politique du pays.

Theodore Karasik, directeur de recherche à l'Institut d'analyse militaire du Proche-Orient et du Golfe, pense qu'il sera très difficile pour les pays du Golfe d'accepter la participation d'Assad à Genève-2 car plusieurs pays, notamment l'Arabie saoudite, souhaitent sa démission dès le départ. Il suppose également qu'à l'issue de la conférence les positions des pays du Golfe pourraient se diviser, de même que celles de l'opposition syrienne. Il n'exclut pas que l'Arabie saoudite continue à armer l'opposition après Genève-2, y compris les organisations considérées comme extrémistes en Occident. "L'Arabie saoudite et l'Occident perçoivent différemment l'opposition syrienne : ceux que l'Europe considère comme extrémistes ne le sont pas forcément aux yeux des Saoudiens", analyse Karasik.

Mustafa Alani est au contraire persuadé que les pays du Golfe ne soutiendront pas les rebelles liés à Al-Qaïda. "Les Etats du Golfe n'ont aucune influence sur les groupes extrémistes liés à Al-Qaïda. Il suffit de souligner que 11 000 membres d'Al-Qaïda sont détenus dans les prisons saoudiennes", a déclaré l'expert. Les mouvements liés à Al-Qaïda se renforcent justement en Syrie ces derniers temps, entrant ouvertement en confrontation avec l'armée gouvernementale mais aussi les unités de l'ASL et les Unités de protection du peuple kurde. L'influence croissante des extrémistes au sein de l'opposition syrienne préoccupe déjà l'Occident mais aussi les pays voisins de la Syrie.

Plusieurs pays du Golfe ont soutenu l'opposition syrienne dès le début du conflit en 2011, y compris les unités armées qui combattent l'armée gouvernementale. Il est à noter que ces Etats n'ont pas non plus changé leur position après la conclusion d'un accord pour placer les armes chimiques syriennes sous le contrôle international. Dans un communiqué spécial ils ont fait remarquer que cette initiative ne stopperait pas l'effusion de sang en Syrie. Les pays Golfe critiquent tout aussi activement l'Iran et le Hezbollah chiite libanais pour leur participation au conflit syrien du côté des forces gouvernementales.