26-11-2024 02:27 AM Jerusalem Timing

Dix-huit migrants de retour au Liban après avoir survécu à un naufrage

Dix-huit migrants de retour au Liban après avoir survécu
à un naufrage

Au total, 68 Libanais, la majorité originaires de régions très pauvres du nord du pays comme le Akkar, étaient à bord de l’embarcation de fortune qui se dirigeait illégalement vers l’Australie.

Les 18 survivants libanais du naufrage d'une embarcation
illégale survenu la semaine dernière au large de l'Indonésie sont rentrés
dimanche à Beyrouth, exprimant leur colère contre l'Etat qu'ils accusent
d'indifférence face à l'insécurité et au chômage.

 

A leur arrivée à l'aéroport, les survivants, l'air
visiblement fatigués, certains hébétés, se sont jetés dans les bras de leurs
familles.

 

Au total, 68 Libanais, la majorité originaires de régions
très pauvres du nord du pays comme le Akkar, étaient à bord de l'embarcation de
fortune qui se dirigeait illégalement vers l'Australie: 18 ont survécu, 28
corps ont été repêchés -dont femmes et enfants- et 22 sont toujours portés
disparus. Le bateau transportait entre 80 et 120 personnes, dont d'autres
ressortissants arabes.

 

Au milieu des familles en larmes, un des survivants s'est
évanoui avant d'être aidé par ses proches, tandis qu'une mère dont le fils a
survécu a crié à plusieurs reprises "Que Dieu soit loué" avant
d'éclater en sanglots.

   "Tout ce
dont je me rappelle, c'est d'avoir vu le ciel, puis je me suis retrouvé sous
l'eau", raconte Louaï Baghdadi, 25 ans, qui dit avoir nagé pendant une
demi-heure jusqu'à atteindre une île.

 

"Ce qui me brise le coeur surtout, c'est que j'ai vu
des enfants flottant dans l'eau, sans que je puisse les aider. Ces enfants sont
morts alors qu'ils étaient affamés car il n'y avait plus à manger sur le
bateau", dit-il, les yeux rougis, serrant sa mère dans ses bras.

 

Le député du Nord Hadi Hbeich, présent à l'aéroport, a
affirmé que le naufrage était une sonnette d'alarme pour les autorités
libanaises, mais aussi pour la communauté internationale.

   "Le chômage
dans la région du Akkar est effrayant. La société est au bord de l'explosion.
Ces gens sont allés au bout du monde pour nourrir leurs enfants car ils ont
perdu tout espoir dans leur pays et dans l'Etat", a-t-il affirmé à

l'AFP.

 

Selon lui, "les dernières statistiques sur le Akkar
montrent que pour 6 Libanais, il y a 4 Syriens. Ce sont des données
catastrophiques (...)".

 

Le Liban est sans gouvernement depuis six mois. Ce pays
de 4 millions d'habitants accueille en outre quelque 770.000 réfugiés de la
Syrie voisine.

 

"C'est l'insécurité surtout qui m'a poussé à tenter
ma chance. Au Liban, il n'y a rien à faire pour nous", ajoute Louaï
Baghdadi, qui rêvait de commencer une vie nouvelle en Australie. Il s'insurge
contre le chômage et le fardeau que représente l'afflux des réfugiés syriens
fuyant la guerre dans leur pays.

"Les Syriens sont devenus plus que les Libanais chez
nous", dans le Nord, dit-il.

   Il crie toute sa
colère contre son pays, miné depuis des années par des dissensions
politico-confessionnelles exacerbées par le conflit en Syrie.

   "J'ai vu la
mort dans la mer, mais je la voyais déjà à Tripoli", commente-t-il, en
référence aux combats ponctuels dans cette ville entre partisans et adversaires
du régime syrien. "Vous marchez dans la rue, et votre copain se fait tuer
par balles".

Il affirme, comme les autres, avoir payé 10.000 dollars
pour ce voyage de la mort organisé par un certain Abou Saleh, un Irakien que
tous accusent de gérer un réseau d'immigration illégale à partir de sa prison
en Indonésie, des informations non confirmées officiellement.