23-11-2024 06:25 PM Jerusalem Timing

Le monde aspire à la classe moyenne

Le monde aspire à la classe moyenne

"Le fait que plus d’un milliard d’individus vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2013 entache notre conscience morale".

Pour Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale (BM), tout le monde  aspire aujourd’hui à rejoindre la classe moyenne. Dans un article pour le quotidien Kommersant il développe les moyens qui devraient permettre à son organisation d'aider les pays démunis à y parvenir.

Ses propositions ? Impliquer le secteur privé dans les programmes du Groupe BM, allouer des fonds au profit des Etats instables et investir dans les projets mondiaux tels que l'égalité hommes-femmes et la lutte contre les conséquences du changement climatique.

"Le fait que plus d’un milliard d’individus vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2013 entache notre conscience morale. Nous devons aider ces personnes à sortir de la pauvreté sans retard et sans préjugé, quelle que soit la situation, quel que soit le lieu", affirme Jim Yong Kim. Il y a six mois, le conseil du Groupe de la Banque mondiale a annoncé deux objectifs : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 ; et stimuler une prospérité partagée, en promouvant la croissance du revenu réel des 40 % de citoyens les plus pauvres.

"Atteindre notre premier objectif - mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 - ne sera pas qu’un haut fait historique. Ce sera aussi extraordinairement difficile. La croissance économique pourrait ralentir, les investisseurs pourraient devenir encore plus prudents et le financement à long terme de l'infrastructure - déjà modeste -  qui manque cruellement pourrait se réduire davantage", constate-t-il.

La mise en œuvre du second objectif concerne tous les pays du monde : du Moyen-Orient à l'Asie en passant par l'Afrique et l'Amérique latine. Les manifestations du Printemps arabe et celles qui se sont déroulées plus récemment en Turquie, au Brésil et en Afrique du Sud trouvent leur cause profonde dans l’aspiration universelle à participer à l’émergence d’une classe moyenne mondiale, selon Jim Yong Kim. "Les réseaux sociaux ont créé ce que Thomas Friedman appelle une vaste "classe moyenne virtuelle" qui continuera de frapper à la porte des opportunités et finira par la fracasser. La leçon à retenir, c’est que nous devons veiller davantage à ce que l’ensemble de la population bénéficie de la croissance, pas seulement l’élite".

Selon lui une stratégie doit donc être élaborée pour remplir ces objectifs. La BM deviendrait une "banque de solutions" dont le succès serait mesuré avant tout par le résultat de ses actions pour les plus démunis. "La BM compte coopérer avec des partenaires car elle n'arrivera pas à remplir ces tâches seule. Nous prendrons des risques, des risques intelligents. Autrement dit nous investirons dans des projets susceptibles d’aider à transformer le développement d’un pays ou d’une région - même si cela signifie que nous pourrions échouer. Nous nous emploierons à créer des instruments financiers novateurs susceptibles d’offrir de nouvelles possibilités pour le financement à long terme".

Jim Yong Kim identifie trois composantes de cette stratégie : "Tout d’abord, nous nous associerons au secteur privé pour mettre à profit son savoir-faire et ses ressources financières dans la lutte contre la pauvreté — une démarche particulièrement importante du point de vue de la création d’emplois de qualité pour les plus défavorisés. Une société cliente d’IFC, Ecom, permet ainsi aux producteurs de cacao, de café et de coton d’une trentaine de pays d'accéder aux marchés mondiaux. L’année dernière, Ecom a aidé plus de 134 000 agriculteurs et des milliers d’autres exploitants par le biais d’organisations agricoles".

Deuxième axe stratégique : "Renforcer notre engagement en faveur des États fragiles et touchés par un conflit".

Enfin, "nous nous montrerons aussi ambitieux que possible sur les questions de portée mondiale, telles que l’égalité hommes-femmes et la lutte contre le changement climatique", conclut-il.