La modernisation de la base aérienne Temp, qui n’a pas été exploitée depuis plus de 20 ans, est aujourd’hui l’une des priorités de la Russie en Arctique, notamment car la Route maritime du nord passe à proximité de la base.
La Russie continue d’aménager activement son infrastructure militaire en Arctique, écrit le jeudi 17 octobre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Selon le ministère russe de la Défense, des hélicoptères Mi-8 et Mi-26 transportent actuellement des spécialistes, de la nourriture, du matériel technique et spécialisé à l'aérodrome Temp (île Kotelny), en reconstruction, situé dans les îles de Nouvelle-Sibérie.
La rénovation de la piste d'atterrissage de l'aérodrome de Rogatchevo (Amderma-2), en Nouvelle-Zemble, est terminée. Il se pourrait que dans les années à venir le ministère de la Défense réhabilite également l'aérodrome de l'île Graham-Bell, sur l'archipel François-Joseph.
La modernisation de la base aérienne Temp, qui n'a pas été exploitée depuis plus de 20 ans, est aujourd’hui l’une des priorités de la Russie en Arctique, notamment car la Route maritime du nord passe à proximité de la base. La reconstruction intégrale de cet aérodrome situé au cœur de l’Arctique, qui pourra dans quelques années accueillir pratiquement tous les types d'avions militaires, montre que la Russie a l'intention de renforcer significativement ses positions dans la région.
Mais tout n’est pas facile. Lors de la réunion de septembre du ministère de la Défense il était prévu d'aménager l'aérodrome militaire Temp avant le 1er octobre 2013. A cet effet, un groupe naval de la flotte du Nord placé sous le commandement du croiseur nucléaire Pierre le Grand, s'était rendu en septembre dans les îles de Nouvelle-Sibérie.
Ces navires avaient débarqué sur l'île Kotelny plus de 40 unités de matériel, des modules de vie de grande taille et plus de 1 000 tonnes de biens et de carburant. C’était pourtant insuffisant.
Après le départ des navires, le groupe d'aviation basé à l'aérodrome de Tiksi (Iakoutie) a poursuivi la projection de matériel vers l'aérodrome Temp. En dépit des difficultés, les missions d’acheminement de personnel et de fret sur le site militaire devraient être accomplies, et la base aérienne sera bien mise en service. Car cette tâche ne concerne pas seulement le ministère de la Défense mais aussi d'autres institutions - et la Russie en général.
Lors du forum international "Arctique, territoire de dialogue" à Salekhard, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a déclaré que l'aérodrome était un "pilier pour le développement de l'infrastructure de transports en Arctique. Il sera également utile pour la science comme base pour les expéditions arctiques et les recherches scientifiques". Le ministre est également président de la Société géographique de Russie, d’où ce discours apaisant basé sur l’argument scientifique.
Mais il est évident que l'aérodrome ne servira pas qu’à mener des recherches. Le président russe Vladimir Poutine a déclaré pendant le même forum que la Russie avait l'intention d'augmenter considérablement la superficie des territoires naturels protégés en Arctique. Non seulement des territoires mais aussi des richesses de la région. Il compte aussi en assurer la sécurité.
Aujourd’hui, plus de 80% du gaz russe est déjà produit dans le nord, mais aussi plus de 90% du nickel et du cobalt. Ce territoire assure 12 à 15% du PIB et près d'un quart des exportations russes. C'est pourquoi le vice-ministre de la Défense Arkadi Bakhine a récemment déclaré qu'après la reconstruction des sites militaires, les communications aériennes seraient régulières, quels que soient les conditions météorologiques ou la saison : "Nous devons rétablir intégralement l'aviation polaire et son infrastructure. Et nous le ferons".