Pour Fayad, l’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes est une erreur stratégique de l’Europe.
La France a-t-elle regretté d’avoir pris des positions intransigeantes à l’encontre du Hezbollah et essaie-t-elle d’expier ses péchés? Voici quelques jours, le membre du Bloc de la Fidélité à la Résistance, le député Ali Fayyad, a répondu à une double invitation qui lui a été adressée par le ministère français des Affaires étrangères.
La première pour participer au colloque sur l’abolition de la peine de mort, qui a eu lieu au Sénat la semaine dernière, en présence du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de la présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Elizabeth Guigou, du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone et des présidents des différentes commissions. La deuxième invitation était uniquement réservée à Fayad et non pas à ses deux collègues qui l'ont accompagné au Sénat, Ghassam Moukhaiber et Samir Jisr.
Il s’agissait d’une invitation à participer à une séance de dialogue au Quai d’Orsay avec des responsables du centre d’analyse et de prospective, en tête desquels figurait l’ancien diplomate au Liban, Alexis Le Cour Grandmaison, qui a quitté voici trois ans Beyrouth, où ils s’étaient rencontrés plusieurs fois.
Mais à l’époque, la situation n’était pas aussi compliquée qu'aujourd'hui. Le Printemps arabe, la crise syrienne, l’intervention du Hezbollah dans les combats aux côtés du régime, ses répercussions sur la scène libanaise, ainsi que les tensions sécuritaires au Liban, ont conduit les Français à convier Fayad dans le souci de recueillir le point de vue du Hezbollah sur ces questions.
Ali Fayad a affirmé à Al-Akhbar avoir fait part de la lecture critique de la position du Hezbollah vis-à-vis du Printemps arabe, soulignant que la crise syrienne n’est pas liée à la réforme démocratique mais qu’il s’agit d’un conflit international. Expliquant les motifs de la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, il a affirmé qu’elle vise «à protéger le Liban contre le danger des takfiristes, à les empêcher de venir au Liban et à garantir sa stabilité».
Selon Fayad, les participants à la séance de dialogue sont convenus de protéger la stabilité du Liban, de prendre des mesures pour empêcher le glissement du Liban vers des troubles sécuritaires. Ils se sont également mis d’accord sur le fait que la solution de la crise syrienne ne passera que par le dialogue politique.
Fayad a répondu à des dizaines de demandes d’explications, lesquelles ont reflété les craintes et la préoccupation des Français, mais aussi l’intérêt qu’ils accordent au Moyen-Orient. Fayad a évoqué l’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes la question. Il a exprimé son étonnement à l’égard de la tentative d’isoler le Hezbollah, «qui combat pourtant les takfiristes. Cette position a donné l’impression d’être un encouragement aux groupes extrémistes et takfiristes». Selon lui, il s'agit d'une erreur stratégique de l'Europe.
Al Akhbar + Mediarama