24-04-2025 12:43 PM Jerusalem Timing

La NSA a récolté des millions de données en France

La NSA a récolté des millions de données en France

Fabius annonce la convocation "immédiate" de l’ambassadeur américain à Paris.

La NSA a récolté des millions de données en FranceL'Agence nationale de sécurité (NSA) a intercepté de façon massive les communications téléphoniques des citoyens français, révèle lundi le quotidien Le Monde, citant des documents de l'ancien consultant de la NSA, Edward Snowden.

Sur une période de trente jours, entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013, 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA, précise le site Lemonde.fr.

Ces pièces, dévoilées en juin par l'ex-consultat de l'agence, Edward Snowden, décrivent les techniques utilisées pour capter illégalement les secrets ou la simple vie privée des Français, ajoute le quotidien.

La NSA dispose de plusieurs modes de collecte, indique Le Monde. Quand certains numéros de téléphone sont utilisés en France, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l'enregistrement de certaines conversations. Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés.

Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible, précise le journal.

Cet espionnage apparaît au titre du programme "US-985D". D'après Le Monde, l'explicitation exacte de ce sigle n'a pas été fournie, à ce jour, par les documents Snowden ni par d'anciens membres de la NSA. A titre de comparaison, les sigles utilisés par la NSA pour le même type d'interception visant l'Allemagne sont "US-987LA" et "US-987LB", constate le quotidien.

Cette série de numéros correspondrait au cercle qualifié par les Etats-Unis de "troisième partie" auquel appartiennent la France, l'Allemagne mais aussi l'Autriche, la Pologne ou encore la Belgique.

"La deuxième partie" concerne les pays anglo-saxons historiquement proches de Washington, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, connus sous le nom des "Five Eyes". "La première partie" est constituée des seize services secrets américains.

Les documents donnent suffisamment d'explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités "terroristes" que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l'administration française. Le graphique de la NSA montre une moyenne d'interceptions de 3 millions de données par jour avec des pointes à presque 7 millions les 24 décembre 2012 et 7 janvier 2013, précise le quotidien.

Par ailleurs, selon les documents de la NSA, obtenus par Le Monde, l'agence américaine s'est intéressée de près, entre le 1er et le 31 janvier 2013, aux adresses de messagerie wanadoo.fr, ancienne filiale d'Orange qui compte encore 4,5 millions d'utilisateurs, et alcatel.lucent.com, l'entreprise franco-américaine de télécommunications.

Fabius annonce la convocation "immédiate" de l'ambassadeur américain à Paris

Laurent FabiusEn réaction, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé lundi avoir "convoqué immédiatement" l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris.

"J'ai convoqué immédiatement l'ambassadeur des Etats-Unis qui sera reçu ce matin même au Quai d'Orsay", a déclaré M. Fabius à son arrivée à une réunion européenne à Luxembourg.

"Ce type de pratiques entre partenaires qui portent atteinte à la vie privée est totalement inacceptable. Il faut s'assurer, très rapidement, qu'en tout cas, elles ne sont plus pratiquées", a ajouté M. Fabius devant la presse.

La France exige des "explications" des Etats-Unis

Pour sa part, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a déclaré que son pays appelle les Etats-Unis à donner des "explications" sur ces révélations "choquantes".

Ces révélations sont "choquantes et vont appeler des explications précises des autorités américaines dans les heures qui viennent", a affirmé M. Valls à la radio privée Europe 1.

"Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut évidemment des règles, cela concerne tous les pays", a souligné le ministre français. "Si un pays ami, un pays allié, espionne la France ou espionne d'autres pays européens, c'est tout à fait inacceptable", a-t-il poursuivi.