La mort d’Oussama Ben Laden lors d’une opération à laquelle Barack Obama a personnellement donné son feu vert devrait offrir des bénéfices politiques immédiats au président américain, qui vient de se lancer en campagne pour une
La mort d'Oussama Ben Laden lors d'une opération à laquelle Barack Obama a personnellement donné son feu vert devrait offrir des bénéfices politiques immédiats au président américain, qui vient de se lancer en campagne pour une réélection en 2012.Au moment même où M. Obama confirmait en direct face aux caméras dimanche soir la mort du chef d'Al-Qaïda, des milliers de personnes, alertées par des informations ayant filtré quelques minutes auparavant, scandaient "USA, USA!" à 200 mètres de lui, devant les grilles de la Maison Blanche.
M. Obama a annoncé avoir donné lui-même l'ordre de lancer l'assaut contre une villa d'Abbottabad au Pakistan dans laquelle Ben Laden se cachait, une opération à très haut risque qui, si elle avait échoué ou s'était traduite par des morts côté américain, aurait pu se révéler coûteuse en terme d'image et d'autorité pour le président.
Jimmy Carter, le dernier démocrate en date à n'avoir pas réussi à se faire réélire président, en 1980, avait en particulier pâti de l'échec d'une opération destinée à libérer des otages américains en Iran à la fin de son mandat.
Au contraire, l'élimination de l'ennemi numéro un des Etats-Unis, près de 10 ans après le 11-Septembre, devrait renforcer la stature de M. Obama, même si elle ne lui garantit pas à elle seule un second mandat de quatre ans.
Lundi, alliés et adversaires de M. Obama ne ménageaient pas leurs louanges envers le président. Gary Ackerman, élu démocrate à la Chambre des représentants, a affirmé sur CNN que cette opération était l'instant "+mission accomplie+ dont le président (républicain George W.) Bush n'avait pu que rêver".
"Je pense que cela met le président (Obama) dans une position politique qui fait de lui le commandant en chef d'une mission monumentale, quasiment sans accroc, et aux conséquences colossales", a-t-il ajouté.
Le représentant républicain Peter King, un spécialiste des affaires de sécurité nationale qui ménage rarement M. Obama, lui a accordé un satisfecit sans réserves.
"Beaucoup de choses auraient pu mal tourner, et pourtant, le président a eu les tripes de lancer" l'opération, a-t-il affirmé, également sur CNN. "Il s'agit d'une opération brillamment menée. Je salue le président des Etats-Unis pour avoir obtenu ce succès, l'un des plus importants de l'histoire américaine", a-t-il ajouté.
Même l'ancien vice-président républicain Dick Cheney, qui avait accusé M. Obama d'"indécision" en Afghanistan fin 2009, a dit lundi "féliciter le président Obama et les membres de son équipe de sécurité nationale".
L'opération de dimanche devrait retirer aux républicains l'un de leurs arguments les plus dangereux pour M. Obama en vue de 2012, l'idée qu'il serait faible sur la scène internationale; le futur adversaire républicain de M. Obama, qui qu'il soit, aura du mal à l'accuser de mollesse dans le dossier de la lutte contre le terrorisme.
"Il est évident qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour la campagne électorale de Barack Obama. Je ne peux pas imaginer une meilleure nouvelle pour le président", notait lundi le spécialiste des sondages Nate Silver dans son blog "Fivethirtyeight" sur le site du New York Times.
Toutefois, "l'élection de 2012 n'allait sans doute pas être dominée par les questions de sécurité nationale", mais "l'avenir de l'état-providence face à une dette de plus en plus lourde", selon M. Silver.
Et alors que 57% des Américains interrogés disaient récemment désapprouver la façon dont le président gère l'économie, l'équipe de campagne de M. Obama doit certainement méditer l'exemple de George Bush père, aisément battu par Bill Clinton en 1992 sur l'économie malgré la victoire de la guerre du Golfe l'année précédente.