22-11-2024 03:56 PM Jerusalem Timing

Libye: 2 ans après Kadhafi, l’insécurité menace la transition vers la démocratie

Libye: 2 ans après Kadhafi, l’insécurité menace la transition vers la démocratie

Et le CGN pourrait prolonger son mandat

La transition de la Libye vers la démocratie est menacée par les tensions politiques et l'insécurité, deux ans après la chute du régime de Kadhafi
  
Le processus électoral se prépare dans un contexte difficile, d'autant qu'anarchie et insécurité perdurent.
  
Dernier exemple en date: le bref enlèvement du Premier ministre par une brigade dépendant officieusement du ministère de l'Intérieur, contraint de s'appuyer sur de telles milices à défaut d'armée professionnelle.
  
La Commission électorale a annoncé récemment le début de la préparation de son deuxième scrutin pour élire une Commission  constitutionnelle, sans qu'aucune date ne soit toutefois fixée pour ces élections.
  
Après plus de 40 ans sous Mouammar Kadhafi, les premières élections libres ont été organisées le 7 juillet 2012 pour choisir les 200 membres du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique du pays.
 

Ce Congrès avait pour mission initiale de conduire le pays, en 18 mois, à des élections générales après la rédaction d'une Constitution établissant la nature du régime politique.
  
Selon ce calendrier fixé par une "déclaration constitutionnelle", sorte de Constitution provisoire rédigée par la rébellion, le mandat du CGN doit s'achever en février prochain.
  
Mais le porte-parole du CGN a laissé entendre récemment que le Congrès pourrait prolonger son mandat.
"La durée du mandat du CGN est déterminée en fonction de sa mission et n'est pas limitée dans le temps", a-t-il précisé citant les conclusions d'une commission parlementaire.
 
Or "si le CGN prolonge son mandat, il perdra une grande partie de sa légitimité", souligne la juriste Azza Maghour.
  Pour elle, une telle prolongation pourrait faire "entrer le pays dans un tunnel très sombre", dans la mesure où des forces politiques appuyées par des milices pourraient tenter de prendre le pouvoir par la force.
 
Ainsi, l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale), la principale formation politique du Congrès, a "rejeté la prolongation du mandat du CGN", exigeant "une feuille de route claire mettant fin à la période de transition".
 Les libéraux et les islamistes, deuxième force politique dans le CGN, s'accusent mutuellement d'entraver le processus démocratique et de vouloir accaparer le pouvoir.
  
  

Insécurité et minorités
  
La commission constitutionnelle qui devrait être élue sera composée de 60 membres, sur le modèle du Comité des soixante qui avait rédigé la première Constitution du pays en 1951. Comme à l'époque, elle sera formée par 20 membres de chacune des trois régions: la Tripolitaine (ouest), la Cyrénaïque (est) et le Fezzan (sud).
  
L'insécurité persistante et les revendications de certaines minorités pourraient perturber le processus électoral.

Les minorités Toubou, Amazigh et Touaregs ont annoncé qu'elles boycotteraient l'élection de la Constituante, faute de pouvoir y faire valoir leurs spécificités culturelles.
   "Nous maintenons toujours nos demandes auprès du CGN afin d'adopter des mécanismes permettant aux minorités de faire entendre leur voix au sein de la Commission constitutionnelle", a indiqué à l'AFP le président du Conseil des Amazigh libyens, Nouri Charoui.
  
Dans la région orientale du pays, les partisans du fédéralisme ont réclamé en août pour la troisième fois une plus grande autonomie de la Cyrénaïque. Les tribus du Fezzan (sud) ont les mêmes revendications d'autonomie.
  
Le président de la commission électorale libyenne Nouri al-Abbar a annoncé que le gouvernement avait formé une commission chargée d'assurer la sécurité du scrutin.
   "Malgré d'énormes défis, la Libye continue à faire des progrès sur sa propre feuille de route de transition" a néanmoins estimé le Chef de la mission des Nations unies en Libye (Unsmil), Tarek Metri.
   "Le processus de rédaction de la Constitution représente une opportunité pour le peuple libyen de forger un nouveau contrat social qui régira la nouvelle Libye", a-t-il souligné dans un communiqué.