Les miliciens toutes tendances confondues essuient plusieurs revers dans plusieurs régions syriennes.
Chaque fois que miliciens et rebelles se trouvent en mauvaise posture, ils ont recours aux voitures piégées contre des civils.
Vendredi, 40 fidèles qui venaient de sortir d'une mosquée dans la région de Damas ont péri dans l’explosion d’un véhicule piégée.
Ceci a eu lieu à Souq Wadi Barada, une localité rebelle à 40 km au nord-ouest de Damas, au moment de la grande prière du vendredi. Il y a des dizaines de blessés, dont beaucoup sont dans un état grave.
L'agence Sana a signalé que la voiture avait explosé alors que "les terroristes" étaient en train de la piéger, en faisant état de plusieurs morts, des "terroristes" et des civils, parmi lesquels un enfant de 7 ans.
Revers en série
Sur le terrain, les miliciens ont subi plusieurs revers sur plusieurs fronts.
Dans la région de Damas, 40 miliciens selon Sana, dont des étrangers, -- 24 selon l'agence l’OSDH -- ont été tués dans une embuscade des forces gouvernementales près d'Otaibé, à 30 km à l'est de la capitale.
Selon le quotidien libanais alAkhbar, ils appartiennent au front al-Nosra et au Bataillon de l'islam.
La télévision iranienne arabophone Alalam a fait état de la confiscation de grandes quantités d’armements sur lesquels étaient estampées Bataillon de l’Islam (de Zahrane Allouche) . L’arsenal comprenait entre autre des lances missiles israéliens de type MD. C’est la 8ème embuscade dressée par les forces gouvernementales pour reprendre cette région stratégique qui sert de point de passage des miliciens.
Plus au sud, au moins 23 rebelles ont été tués dans des combats dans la province de Deraa, selon l'ONG.
Ce samedi, pas moins de 36 miliciens, dont 2 Saoudiens ont péri dans le village al-Kantara, dans le gouvernorat de Lattaquié, et 6 véhicules équipés de dochkas ont été détruits. Selon Alalam, des dizaines de miliciens ont aussi été tués et blessés dans deux autres villages de ce gouvernorat:AlKandassiyeh et Assoukariyyeh et trois dépôts d'armements y ont été détruits. Alors que 28 miliciens ont été abattus dans la province de Lattaquié.
Un poste-frontière avec l'Irak conquis par les kurdes
A l’Est de la Syrie, un poste-frontière avec l'Irak a été conquis ce samedi par des combattants kurdes, après des combats avec des miliciens jihadistes qui le contrôlaient.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les groupes armés kurdes "ont pris le contrôle à l'aube du poste frontière d'Alyaaroubié avec l'Irak (...) après des accrochages avec l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), le Front al-Nosra et des combattants rebelles".
Les combats ont fait plusieurs morts des deux côtés, a ajouté, sans pouvoir faire de bilan précis, l’OSDH.
Les combattants kurdes étaient entrés dès vendredi matin dans la ville d'Alyaaroubié, que se disputaient combattants kurdes et jihadistes depuis plusieurs jours.
Selon l’AFP, l'OSDH avait estimé jeudi qu'il serait difficile pour les Kurdes de s'emparer de cette localité contrôlée par l'EIIL et d'autres formations jihadistes car l'EIIL y a regroupé de nombreux combattants.
Pour les Kurdes comme pour les jihadistes, il est essentiel de contrôler les localités proches de la frontière avec l'Irak, car ce sont des points de passage pour les hommes et les munitions. Les Kurdes syriens sont en contact avec la région autonome du Kurdistan irakien et les jihadistes avec leurs frères d'armes puissants dans ce pays.
Depuis plusieurs mois des combats opposent les jihadistes et les Kurdes pour le contrôle du nord-est de la Syrie, riche en pétrole et grenier à blé du pays.
Joulani toujours vivant
Le chef du front al-Nosra, Abou Mohammed al-Joulani, un jihadiste qui avait fait allégeance à Al-Qaïda en avril, annoncé comme mort par la télévision publique syrienne, est en bonne santé, a déclaré samedi le front dans un communiqué.
"Ce qui a été annoncé par une chaîne de télévision seulement, l'assassinat de l'émir du Front al-Nosra, était un mensonge", a déclaré l'organisation.
La télévision publique syrienne avait annoncé vendredi soir la mort du chef du front al-Nosra, mais l'agence officielle Sana a rapidement retiré son alerte sur cette information.
En revanche, du côté de Hassaké, à l’Est de la Syrie, c’est un autre dirigeant du front qui semble avoir péri ainsi que ses hommes dans l’explosion d’un dépôt d’engins explosifs dans la localité de Safya . Il s’agit de Rakan Ruchdie Zawba qui serait selon Asia News le chef de l’instance juridique fondée par alNosra dans ce gouvernorat.
Sadad : 1500 otages
Dans le gouvernorat de Homs, et depuis le lundi dernier, une partie de la ville chrétienne Sadad, est toujours assiégée par les miliciens.
Quelques 1500 de ses habitants, des Syriaques orthodoxes y sont toujours bloqués et toutes les tentatives de les laisser partir se sont vouées a l’échec.
Selon Alalam, 2000 miliciens avaient attaqué cette localité située dans les séries des montagnes de Kalamoune à partir de trois axes, utilisant 30 véhicules équipés de mitrailleuses. Ils ont été contraints à se rétracter par les militaires réguliers, mais occupent toujours ses régions ouest et une partie de ses régions est.
Citant des sources militaires, le site de la chaine assure que le but de l’occupation de cette localité de 15 mille habitants était d’en faire une base dans la bataille de Kalamoune qui se prépare entre les forces régulières.
"Mettre fin au bain de sang"
POur sa part, l’AFP a rendu compte de cri d'alarme lancé pour les habitants de quartiers rebelles du centre de Homs, assiégés depuis plus de 500 jours.
"Environ 3.000 civils, dont 500 sont âgés de plus de 70 ans, ne se nourrissent que des faibles stocks qui restent dans les quartiers assiégés de Homs", les derniers tunnels d'approvisionnement ayant été détruits il y a plusieurs semaines, a expliqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"Il ne reste à manger que du bourgol. On mange la même chose tous les jours. Les gens sont faibles", a déclaré Yazan, un militant sur place interrogé par l'AFP via internet.
Plus au nord, Médecins sans frontières a évoqué un "exode massif" d'environ 130.000 personnes de la ville de Sfira, dans la province d'Alep, après plus de deux semaines de combats et de bombardements ayant fait, selon l'ONG, 76 morts et 450 blessés en cinq jours.
La patronne des opérations humanitaires de l'ONU, Valérie Amos, a demandé vendredi au Conseil de sécurité de faire pression sur toutes les parties pour que l'aide humanitaire puisse atteindre les personnes dans le besoin, soulignant que depuis plus d'un an, l'ONU n'avait pas pu accéder à 2,5 millions de civils prisonniers dans les zones de combats.