07-11-2024 05:30 PM Jerusalem Timing

L’armée américaine abandonne un à un ses projets de dirigeable

L’armée américaine abandonne un à un ses projets de dirigeable

Entre 2007 et 2012, le Pentagone a investi 7 milliards de dollars sur 15 différents projets de dirigeables, selon le GAO.

L'armée américaine abandonne un à un ses projets de dirigeable Malgré des milliards de dollars d'investissements, l'armée américaine annule un à un les programmes destinés à développer des dirigeables capables de surveiller le sol pendant de longues périodes, en raison des difficultés techniques et de changements de priorités.

Le renouveau de l'intérêt pour ces gros ballons date du milieu des années
2000, quand l'armée américaine a eu besoin d'une surveillance quasi-permanente de larges zones où les rebelles irakiens et afghans se déplaçaient et étaient susceptibles de poser des bombes artisanales.

A la différence des aérostats reliés au sol par un filin et qui sont devenus communs dans le paysage afghan au dessus des bases américaines, ces ballons plus légers que l'air devaient être propulsés par des moteurs et être
équipés de puissantes caméras et de radars de détection.

Entre 2007 et 2012, le Pentagone a investi 7 milliards de dollars sur 15
différents projets de dirigeables, selon le GAO, la Cour des comptes
américaine. Mais depuis, les financements se sont asséchés et les programmes
ont été annulés ou revus à la baisse.

Le plus ambitieux d'entre était le programme de l'armée de Terre baptisé
LEMV (Long Endurance Multi-Intelligence Vehicle), lancé en 2010. L'ambition
était de déployer 18 mois plus tard en Afghanistan cet énorme dirigeable de 90
m de long, piloté à distance, équipé de multiples capteurs et capable de
résister aux tirs d'armes légères et de transporter 20 tonnes de matériel.

Mais les retards se sont multipliés et son premier vol en août 2012 a
montré que le ballon accusait un surpoids rédhibitoire de plus de 5 tonnes:
l'appareil, qui devait pouvoir rester en l'air à 6.000 mètres d'altitude
pendant trois semaines, n'avait en fait qu'une autonomie de quatre ou cinq
jours, note le GAO.

Après le premier vol d'essai, les ingénieurs sont revenus "avec une longue
liste de problèmes à résoudre", explique John Cummings, un porte-parole de l'US
Army.

Un dirigeable qui ne pouvait pas voler
  
L'ampleur des difficultés techniques conjuguée à la fin de la présence
américaine en Irak et au retrait programmé d'Afghanistan, ainsi qu'à la baisse
du budget du Pentagone, a causé la perte du programme dans lequel l'armée de
Terre avait déjà dépensé 294 millions de dollars. L'appareil a été vendu à une
société britannique pour 301.000 dollars.

Pour ses détracteurs, ce projet mort-né symbolisait tout ce qui ne va pas
dans la bureaucratie boursouflée du Pentagone, mais ses responsables continuent de soutenir que le concept était prometteur. "C'était un programme très
intéressant. Nous sommes tous très déçus que cela ne se soit pas passé comme
nous l'aurions souhaité", juge John Cummings.

L'Air Force s'est elle aussi lancée dans l'aventure avec le Blue Devil 2,
un ballon qui a connu des problèmes techniques similaires et des retards de
développement. Comme le LEMV, les stabilisateurs du Blue Devil étaient bien
trop lourds, au point que le dirigeable ne pouvait voler, selon le GAO. A cela
s'ajoutait des problèmes du logiciel gérant les commandes de vol.

Après 115 millions dépensés, l'Air Force a arrêté et tué le programme Blue
Devil en juin 2012.

D'autres programmes ont également connu des ratés. En juillet 2011, le
HALE-D, un démonstrateur à haute altitude s'est écrasé pour son premier vol.
L'année précédente, le HiSentinel, propulsé par l'énergie solaire, connaissait
un problème de propulsion au bout de huit heures sur les 24 que devait durer le
vol.

Un projet plus modeste de la Marine américaine, le MZ-3A, a survécu. Piloté
par deux hommes, il est utilisé pour tester des capteurs pour l'armée et
d'autres agences gouvernementales. L'appareil a effectué une mission de
cartographie le mois dernier au-dessus de Washington. Sa présence avait suscité
la curiosité et les sarcasmes de certains sur les dernières techniques
d'espionnage de la NSA.