Les espoirs de Marine Le Pen ne semblent pas si irréels que l’establishment politique au pouvoir en Europe aimerait le croire.
La leader du Front national français Marine Le Pen a l’intention de réunir tous les partis politiques d’extrême-droite européens pour les élections au Parlement européen du printemps prochain.
Les espoirs de Marine Le Pen ne semblent pas si irréels que l’establishment politique au pouvoir en Europe aimerait le croire. Les partis d’extrême-droite gagnent de plus en plus en popularité, se transformant en forces électorales importantes sur l’arène politique. Ces partis sont désormais tout à fait capables de transformer le paysage politique du Vieux Continent.
« Le soutien des partis de la droite en Europe augmente simultanément au pessimisme envers l’Europe unie. Et le chômage croissant est l’une des raisons de cette hausse de popularité », explique Tatiana Zvereva, directrice du Centre des recherches euratlantiques et de la sécurité internationale à l’Institut des problèmes internationales contemporains de l’Académie diplomatique du ministère russe des Affaires étrangères. « L'Europe est en train de s'adapter à la mondialisation. C'est un processus douloureux et difficile. Et les institutions européennes ne se sont pas avérées entièrement prêtes à affronter les nouveaux défis qui se dressent devant eux en raison de cette mondialisation. »
L'idée de l’Europe unie et indivisible, sans frontières, n’a pas fait ses preuves. Mais la globalisation n’est pas la seule à blâmer, ses dérivés, l’immigration clandestine et le chômage en sont également responsables. Un grand nombre d’experts soutiennent la même opinion : l’erreur des pères fondateurs de l’Union européenne résident dans leur tentative d’unir dans un même ensemble des civilisations et des économies qui se trouvent à des stades de développement différents, et qui se développement dans des directions différentes.
Pour résoudre ces problèmes de manière radicale, les partis d’extrême-droite proposent de restaurer les frontières et de revenir aux Etats-nations. Marine Le Pen, présidente du Front national français est persuadé que l’Union européenne mène les pays membres à la catastrophe. Et lors des élections au parlement européen au printemps de l’année prochaine, elle a l’intention de montrer à Bruxelles que sa vision est partagée par au moins 25 % de la population de l’union.
« Le résultat de ces élections dépendra d’une série de facteurs : de la crise dans certains pays, de la situation avec la migration illégale, ou encore de la tolérance des populations », poursuit Tatiana Zvereva. « Tout cela impacte le taux de popularité des idées d'extrême-droite. Nous avons observé l’émergence rapide du parti grec d’extrême-droite Aube dorée. La principale raison de sa popularité – ce sont les conditions économiques et sociales difficiles créées par la crise de la dette. L’extrême-droite a remporté une victoire en Hongrie également. En revanche, en ce qui concerne l’Allemagne, on y voit une réduction de l’électorat d’extrême-droite, mais les experts notent une radicalisation des idées de ces partis. »
Les pays du Sud, tout comme du Nord du continent sont unanimes : l’UE est malade, et cette maladie est incurable. Dans un sens, un traitement efficace des problèmes qui se sont accumulés influencera l’opinion publique. Mais cela ne signifie pas que l'Europe glisse vers le fascisme.
« Le vote pour l'extrême droite – ce n’est pas nécessairement un vote pour les fascistes », analyse Iouri Roubinski, directeur du Centre d’études françaises à l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences de Russie. « Les électeurs donnent leurs voix à ces partis en signe de protestation, pour exprimer leur mécontentement, ou parce qu’ils ne voient pas d’autre alternative. Cependant, je doute que les partis d’extrême-droite puissent remplacer les partis de droite. Ce fut déjà le cas dans les années 1930 en Allemagne. C’est impossible dans l’Europe actuelle. »
En même temps une tendance au refus des idées de la « triade néolibérale » est clairement observée (le « politiquement correct », la tolérance, le multiculturalisme) par rapport à l'identité et la souveraineté nationale. Ce mouvement qui commence à peine à prendre de l'ampleur doit notamment surmonter l’inertie importante des décennies précédentes. Toutefois de nombreux experts estiment que l'Europe va quitter définitivement ta trajectoire empruntée depuis les années 1960.
Ce virage vers « l’extrême-droite » de l’Europe semble inévitable à ce stade de l'histoire. C'est une sorte de mécanisme de protection, qui s’est mis en place lorsque la politique imprévoyante de Bruxelles a conduit l'Europe dans un état ressemblant à celui de l'Empire romain à l’époque de son déclin et de sa désagrégation.