«Il y a une grande décision d’éviter la guerre civile au Liban», rassure cependant Berry.
Aucun souverainiste et indépendantiste libanais ne s’est révolté après les propos du prince saoudien Turki al-Fayçal, qui a menacé le Liban d’une guerre civile et des pires gémonies. Comme il le fait avec toutes les ingérences étrangères, qu’elles viennent d’un pays frère, ami ou même d’un ennemi, le Liban officiel a adopté la politique de la distanciation. Le 14-Mars, soucieux de la souveraineté libanaise -seulement quand il s’agit de la Syrie-, s’est muré dans le silence. Ce silence n’est pas étonnant, car à ses yeux, le danger qui guette le Liban ne vient pas de ceux qui le menacent d’une guerre civile mais «de l’expansionnisme perse, syrien et hezbollahi».
Dans l’autre bord, celui du 8-Mars, le ministre (du Hezbollah) Mohammad Fneich est pratiquement le seul à avoir mis en garde contre les «fanfaronnades» hollywoodienne d’al-Fayçal. Les alliés de Fneich se sont murés dans le silence et les dirigeants du Hezbollah se sont contentés de faire allusion à «un Etat arabe influent».
Celui qui suit les déclarations saoudiennes sait que ce n’est pas la première fois que des propos aussi sévères sont prononcés contre le Hezbollah et le Liban. Les menaces de tous genres ont été traduites en actes, comme les sanctions qui ont ciblé dans les pays du Golfe les Libanais toutes communautés confondues, notamment les musulmans chiites, pour la seule raison qu’ils sont suspectés d’être des partisans du Hezbollah ou de ses alliés.
La liste de ces menaces ne s’est pas arrêtée à la bataille de Qoussair et aux campagnes mondiales lancées contre le Hezbollah et le régime syrien. Elles ont même évoqué le Stalingrad du Moyen-Orient, avant d’en arriver aux incidents de Saïda et, actuellement, aux informations qui filtrent sur «la punition bandariste» (en allusion au chef des SR saoudiens, le prince Bandar Ben Sultan, ndlr) si les terroristes de Qalamoun et de la chaine de l’Anti-Liban sont pris pour cible.
En établissant un lien entre les menaces indirectes saoudiennes à travers les fuites médiatiques et les sources diplomatiques et les propos du prince Turki al-Fayçal, il semble que le 17ème round des combats à Tripoli est la traduction des menaces saoudiennes de guerre civile au Liban.
«Il y a une grande décision d’éviter la guerre civile au Liban», rassure Berry
Cependant, le président du Parlement, Nabih Berry, a exprimé son fort mécontentement à l’égard des derniers événements de Tripoli et «des rounds d’affrontement absurdes dans les quartiers de la ville».
Il a déclaré que le plus important est que «les Libanais de différents bords sont convaincus de ne pas replonger dans la guerre civile et de ne pas reproduire les expériences noires, meurtrières pour tout le monde».
«En dépit des escarmouches et des incidents itinérants, il existe une grande décision de ne pas revenir au cauchemar de la guerre civile et ce qui se passe dans le chef-lieu du Liban-Nord doit cesser le plus rapidement possible, car cela n’est dans l’intérêt de personne», a-t-il ajouté.
M. Berry a d’autre part insisté que «le Parlement est la mère de toutes les institutions et sa principale tâche est de continuer à légiférer même si le gouvernement démissionne», soulignant dans ce contexte que la Chambre regroupe les différentes tendances politiques du pays.
Et M. Berry de conclure: «Je suis soucieux de ne pas porter atteinte à l’esprit du pacte national alors que les autres ne l’ont pas fait lorsque les ministres d’une communauté bien déterminée ont démissionné. Ils ont continué à violer le pacte».
An Nahar + Mediarama