les Palestiniens condamnent
L'Autorité palestinienne a condamné mercredi la décision d'Israël d'accélérer la colonisation en contrepartie de libération d'un nouveau contingent de 26 détenus palestiniens dans le cadre des négociations de paix en cours sous l'égide des Etats-Unis.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de l'Intérieur Gidéon Saar ont donné leur aval à quatre plans de construction à Jérusalem-Est occupée, a affirmé mercredi matin à l'AFP un haut responsable gouvernemental israélien.
Ces quatre plans concernent le quartier de colonisation de Ramat Shlomo, où seront construits 1.500 nouveaux logements et accordé des permis d'agrandissement à des habitations existantes dans cette même implantation, ainsi que deux projets de développement à Jérusalem-Est: un centre touristique et archéologique juste à l'extérieur des remparts de la Vieille ville et un parc national sur les pentes du mont Scopus.
Dans un communiqué, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné cette décision, estimant qu'elle "détruit le processus de paix et est un message à la communauté internationale qu'Israël est un pays qui ne respecte pas le droit international".
M. Abbas a réaffirmé dans un communiqué publié par l'agence officielle palestinienne WAFA que "toutes les activités de colonisation sont illégales".
La décision du gouvernement israélien a été annoncée juste après la libération par Israël de 26 détenus palestiniens de longue date, 21 originaires de Cisjordanie et 5 de la bande de Gaza, dans la nuit de mardi à mercredi.
Elle était attendue, les médias israéliens ayant déjà révélé que M. Netanyahu accompagnerait la libération des prisonniers d'une autorisation de construction de centaines de logements dans les colonies pour amadouer les durs de sa majorité.
Dès la semaine dernière, un haut responsable gouvernemental israélien avait en effet affirmé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat qu'Israël allait "continuer dans les prochains mois à annoncer des constructions dans les blocs de colonies et à Jérusalem", assurant que "les Américains et les Palestiniens étaient au courant à l'avance de cet arrangement".
"La colonisation détruit le processus de paix"
Les dirigeants palestiniens ont depuis véhémentement nié avoir accepté la construction de nouveaux logements dans les colonies juives en échange de la libération des prisonniers.
"Créer un lien entre la libération d'un nouveau groupe de prisonniers et l'annonce de milliers de logements dans les colonies va à l'encontre de tous les engagements pris avant les négociations", a déclaré à l'AFP le négociateur Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
Les Palestiniens affirment que la poursuite de la colonisation, condamnée par la communauté internationale et qui a déjà causé l'interruption des précédents pourparlers en septembre 2010, "détruit le processus de paix".
Un groupe de 21 détenus relâchés en Cisjordanie a quitté la prison israélienne d'Ofer, près de Jérusalem occupée, à bord de deux minibus aux vitres teintées mercredi peu après 01H00 locale (23H00 GMT), selon un correspondant de l'AFP.
Les prisonniers ont ensuite été accueillis par le président Mahmoud Abbas et leurs familles à la Mouqata'a, le siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah (Cisjordanie).
M. Abbas a assuré qu'il n'y aurait pas d'accord de paix tant qu'un seul Palestinien serait encore emprisonné dans les geôles d'Israël.
Au même moment, cinq autres prisonniers ont été remis en liberté dans la bande de Gaza au milieu de scènes d'allégresse, a constaté l'AFP.
Les 26 Palestiniens, placés en détention avant les accords d'Oslo en 1993, avaient été condamnés dans leur presque totalité à des peines de prison à vie pour le meurtre d'Israéliens.
Deux jours avant la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens le 30 juillet, M. Netanyahu avait accepté la libération de 104 prisonniers palestiniens, en plusieurs fois, en fonction des progrès des négociations.
M. Netanyahu a expliqué qu'il fallait "tenir compte du poids de la réalité", en faisant allusion à la promesse faite à Washington de relâcher des prisonniers afin de permettre la reprise du dialogue avec les Palestiniens.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a imposé un black-out médiatique sur les pourparlers de paix auxquels il a ramené les deux parties fin juillet, a affirmé le 21 octobre à Paris que les négociations s'intensifiaient, faisant état de 13 rencontres.
Mais le négociateur Yasser Abed Rabbo a déclaré mardi que les pourparlers n'avaient "pas fait de progrès tangible", en déplorant que "l'actuelle position de négociation israélienne soit la pire depuis plus de 20 ans".