En un an, le déficit budgétaire de la première puissance économique mondiale a ainsi fondu de 37,5% pour s’établir à 680,3 milliards de dollars.
Le déficit public des Etats-Unis a connu une baisse spectaculaire en 2013 et atteint son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008, en dépit d'un climat de guérilla politique sur le budget.
Le trou des finances de l'Etat fédéral ne représente plus que 4,1% du produit intérieur brut (PIB) sur l'exercice achevé fin septembre alors qu'il s'élevait à 7,0% en 2012, selon les chiffres publiés mercredi par le Trésor américain et le Bureau du budget de la Maison Blanche (OMB).
En un an, le déficit budgétaire de la première puissance économique mondiale a ainsi fondu de 37,5% pour s'établir à 680,3 milliards de dollars, passant pour la première fois depuis cinq ans sous la barre symbolique des 1.000 milliards.
Consenti sur fond d'impasse politique et de cure d'austérité forcée, l'effort budgétaire est sans précédent depuis quarante-cinq ans et dépasse les prévisions de la Maison Blanche, qui tablait sur un déficit à 6,0%.
"Sous le mandat du président (Barack) Obama, le déficit de la nation a reculé au cours des quatre années passées au rythme le plus rapide depuis la Deuxième Guerre mondiale", se sont félicités dans un communiqué commun le secrétaire au Trésor Jacob Lew et la directrice de l'OMB Sylvia Burwell.
"Coupes automatiques"
Le rééquilibrage spectaculaire des comptes publics américains tient en très grande partie au bond de 13,2% des recettes de l'Etat qui ont atteint le niveau record de 2.773 milliards de dollars pendant l'exercice 2013.
Dans son communiqué, le Trésor relève notamment la hausse plus "forte qu'attendu" des recettes fiscales collectées auprès des ménages, liée notamment à la hausse des impôts décidée in extremis en janvier après la bataille du "mur budgétaire" entre démocrates et républicains.
Restreintes par les coupes budgétaires automatiques en vigueur depuis mars, les dépenses publiques ont, dans le même temps, fléchi de 2,0% sur un an pour s'élever à 3.454 milliards de dollars.
Cette réduction s'explique par la baisse des dépenses militaires liées au désengagement en Afghanistan, à un recul des dépenses liées à l'indemnisation du chômage et aux coupes budgétaires automatiques qui frappent "plusieurs administrations", a détaillé le Trésor.
Les intérêts nets payés par le Trésor sur la dette américaine, qui dépasse actuellement les 16.700 milliards de dollars, ont toutefois légèrement augmenté de 0,4% sur un an, à 221 milliards.
Obtenue à coups de blocages politiques et des compromis de dernière minute, cette embellie comptable ne satisfait toutefois pas tout le monde. A plusieurs reprises, le Fonds monétaire international a critiqué la cure de rigueur aux Etats-Unis et appelé le pays à "remettre de l'ordre" dans ses finances publiques.
Dans ses dernières prévisions d'octobre, le FMI table d'ailleurs sur une aggravation de la dette publique américaine, qui devrait augmenter en 2014 pour atteindre 107,3% du PIB.
L'administration Obama elle-même n'est pas entièrement comblée et a de nouveau appelé mercredi à remplacer les coupes automatiques (le "sequester") par un plan de "réformes structurelles" qui permettrait, selon elle, de générer des économies sans freiner la croissance.
La tâche ne s'annonce pas aisée. Les Etats-Unis sortent tout juste d'une profonde crise politico-budgétaire qui a paralysé le gouvernement pendant les quinze premiers jours d'octobre et menacé de provoquer un défaut de paiement du pays.
Un accord entre démocrates et républicains a été trouvé in extremis mais il n'est que provisoire: le plafond de la dette n'est suspendu que jusqu'au 7 février tandis que l'Etat n'est financé que jusqu'à la mi-janvier.
"L'administration reste déterminée à travailler avec le Congrès pour parvenir à des propositions permettant (...) de renforcer l'économie", indiquent M. Lew et Mme Sylvia Burwell dans leur communiqué.
L'enjeu n'est pas mince: en l'absence d'accord, les dépenses publiques seront automatiquement sabrées de 109 milliards de dollars tout au long de l'année 2014, au risque d'affecter une croissance économique encore fragile.