Le président Assad reste sceptique et prudent envers cette volonté de réconciliation de Qatar .
Apparemment la politique étrangère qatarie connait un nouveau tournant dans son approche de la crise syrienne ces dernières semaines. En effet depuis la libération des neuf otages libanais, le Qatar ne cesse d’envoyer à Damas des messages de « bonne intention » dans l’espoir de restaurer les relations bilatérales. Alors que l’Etat syrien semble peu enthousiaste à réanimer l'ancienne relation avec Doha , "responsable du saignement du peuple syrien" selon ses termes.
Selon des informations citées par le quotidien alAkhbar , le Qatar a voulu tâter le pouls de Damas à travers le dossier des otages libanais d’Azaz en ce qui concerne le réchauffement des relations bilatérales.
Pour ce faire, le Qatar a essayé plusieurs canaux de contact pour offrir à chaque fois un panier d’ "offres"à la Syrie. Ces messages ont coïncidé avec ce qu'on pourrait appeler des « gestes de bonne intention de la part de l'une des parties" , notamment le retrait de Doha du jeu de pression pratiqué pendant des mois sur la livre syrienne avec d'autres pays du Golfe , et en complicité avec certaines parties libanaises .
Selon des sources du Golfe, ce panier d’offres que le prince Tamim ben Hammad alThani a proposé directement au président Bachar al –Assad se résume en deux points: d'abord, Doha promet de cesser sa campagne médiatique menée par Al- Jazeera contre l’Etat syrien, ensuite elle s’engage à financer le processus de reconstruction en Syrie et de ne point saboter la stabilité financière syrienne.
Les mêmes sources ont révélé que le président Assad reste sceptique et prudent envers cette volonté de réconciliation de Qatar . En effet, le président Assad a fait savoir à travers les porteurs de messages que les pratiques de Doha en Syrie durant ces deux dernières années "ont fait couler le sang syrien", par conséquent , le problème du Qatar n'est pas seulement avec l'Etat, mais surtout avec le peuple syrien .
Toujours selon ces sources , le slogan « Merci Qatar » utilisé pour décrire la relation de Doha avec le Hezbollah et la Syrie est quasi impossible aujourd’hui à re- commercialisé , et ce en dépit de la générosité du prince Tamim dans ses offres en échange d’un retour des relations bilatérales , meilleures qu'en l’an 2011.
Les Syriens insistent sur le fait que certaines choses doivent être prises en considération dans l’évaluation de la relation avec Doha , notamment que Damas ne peut pas estimé que tout ce qui s’est passé tout au long de la crise n’est qu’un nuage qui passait et qui peut être facilement oublié.
Les sources notent que le Qatar a creusé un abîme envers le peuple syrien et donc une décision politique ne suffit pas à rétablir la relation avec la Syrie. Ainsi, le Qatar a financé et armé des mouvements terroristes de manière calculée et il a lancé une campagne médiatique à travers Al- Jazeera ciblant la "personnalité national syrienne".
Toujours selon des sources bien informées sur les nouvelles tendances du Qatar, la visite actuelle du ministre des affaires étrangères Khaled ben Mohammad Al -Attiyah à l'Egypte s’inscrit dans le cadre de la volonté d’annoncer une nouvelle politique qatarie dans la région , connue dans le Golfe sous le nom «l’empreinte d’Al -Attiyah sur la politique étrangère = nouveau pays ».
Mais cette volonté rencontre plusieurs obstacles , notamment que le prince Tamim préfère échelonner les périodes de transformation de la politique qatarie afin de ne pas laisser croire qu’un coup d’Etat a eu lieu contre son père, et ensuite Al -Attiyah a besoin de temps et de déployer beaucoup d’ effort pour rivaliser avec le charisme de son prédécesseur.
Or, certains pensent que la libération des neuf otages libanais avait pour but d’une part d’offrir à Attya une réputation régionale et mondiale, et d’autre part, de montrer que le Qatar veut passer du rôle d’acteur au rôle de médiateur.
D’où la diversification des mesures politiques qataries : ainsi , Doha souhaite préserver le minimum d’entente avec l’ Arabie Saoudite en partageant avec cette dernière le sponsoring de la mise en accusation des responsables des armes chimiques en Syrie, affaire qui sera soumise à un vote de la Troisième Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les questions des droits de l'homme. D’autre part , le Qatar tend la main au gouvernement de transition en Egypte sans toutefois couper les liens avec les Frères musulmans surtout que le chef du bureau politique Khaled Mechaal de Hamas a fêté la fête d'al- Adha à Doha.
Des sources arabes rapportent que certains Etats du Golfe ont commencé à réévaluer leur position envers la Syrie. Les signes avant-coureurs de cette remise en question, ont émergé du Koweït ou l’émir cheikh Sabah Al -Ahmad Al- Jaber Al -Sabah a conseillé le président américain Barack Obama de « ne pas lancer d'attaque militaire contre la Syrie , parce que cela provoquerait plus de complications et entravera toute résolution de la crise syrienne ".
Traduit à partir du quotidien al-Akhbar