Les dernières avancées des Américains n’ont pas réussi à faire oublier aux Iraniens les crimes et les ingérences commis contre eux.
En Iran, la méfiance l’emporte toujours. Les avancées américaines depuis que le président Barak Obama est entré en contact avec son homologue iranien Hassan Rohani en marge de la session ordinaire des Nations Unies n’arrivent toujours pas à amadouer les Iraniens.
Lors de la célébration de la Journée de l’Arrogance ( istikbar), des centaines de milliers d’Iraniens étaient au rendez-vous des manifestations organisées dans plusieurs villes chaque année, à la même date le 4 novembre, pour commémorer la prise par les étudiants en 1980 de l’ambassade américaine à Téhéran, et les révélations sur les activités d’espionnage qu’elle exerçait sur toute la région.
Rien n'est oublié
Or cette année, la mobilisation était plus importante que les années précédentes à Téhéran. Le constat revient à un journaliste de l'AFP.
Pas seulement les conservateurs y étaient présents, dont entre autre le chef du Bassidj (l’armée de jeunes volontaires) Mohammad Reza Naghdi, mais aussi des réformateurs, dont l’un des vice-présidents et plusieurs ministres du gouvernement Rohani, selon les médias.Étaient massivement présents des professeurs et des étudiants universitaires, ainsi que des écoliers.
Comme à chaque année, dans la foule, les manifestants ont brûlé des drapeaux américains et israéliens. Comme à chaque année, les « Mort aux Etats-Unis » et « Mort à Israël » étaient imposants sur les pancartes brandies.
Les manifestants portaient également des maquettes grandeur nature de centrifugeuses servant à enrichir l'uranium, signe de la "résistance de la nation contre les sanctions", selon une pancarte.
Mais dans les slogans, le ton défiant est cette fois-ci bien plus marqué :
« L’Iranien se meurt mais ne concède pas », « les Iraniens n’oublieront jamais les crimes américains et leurs ingérences ».
Les scandales d'écoute: crise de confiance
Singularité de cette célébration : les scandales d’écoutes américains à travers le monde ont été mis en exergue par les responsables iraniens pour confirmer la crise de confiance avec les Américains. Comme l’a fait dimanche le numéro un en République islamique d’Iran l’Imam Ali Khamenei et puis de nombreux des responsables iraniens. Rappelant les révélations des étudiants iraniens qui avaient pris d’assaut l’ambassade en 1979 et découvert les appareils et les dispositifs qui permettaient aux Américains d’espionner la région.
"Nous avons dit au monde il y a 34 ans que l'ambassade américaine était un lieu d'espionnage et de complot (...) aujourd'hui, même les amis et les alliés des Etats-Unis sont arrivés à la même conclusion", a affirmé le représentant du guide de la révolution islamique au Conseil Suprême de la Sécurité Nationale (CSSN) et l'ancien négociateur nucléaire, Saïd Jalili.
Assurant que « les ennemis manquent de bon sens, raison pour laquelle on ne peut leur faire confiance », Jalili a tenu à signaler que "le slogan +mort à l'Amérique+ (scandé lors de la cérémonie) n'est pas adressé au peuple américain, mais au gouvernement américain qui opprime les autres peuples".
Et pour illustrer le scandale, une affiche intitulée "la trahison de Satan" montrait la chancelière allemande Angela Merkel avec à la main un téléphone portable, que l'Agence de sécurité américaine, la NSA, est accusée d'avoir espionné.
« Les peuples et les gouvernements n’ont pas confiance en les Etats-Unis pour tous les crimes et toutes les conspirations qu’ils ont commis contre eux. Même les pays amis et alliés des États-Unis n’ont plus confiance en eux après les révélations sur le scandale des écoutes téléphoniques de la part de l’administration américaine qui est l’exemple même des politiques autoritaires et arrogantes », est-il écrit dans le communiqué final des participants à cette cérémonie.
L'Iran, cimetières des ennemis
Le texte répond aussi aux menaces de l’option militaire contre l’Iran, les qualifiant « de déclarations contradictoires et illusoires », assurant que « le temps des menaces et de la terreur est révolu » et menaçant à son tour qu’au cas échéant « l’éveil des forces armées transformera l’Iran en le cimetière des agresseurs ! ».
Selon la télévision iranienne arabophone alAlam, une exposition a été organisée en marge de la cérémonie, pour rappeler les crimes américains commis contre l’Iran. Sont signalés entre autre le coup d’état militaire qui a renversé le gouvernement de Mohammad Mossadegh en 1953, le soutien américain à Saddam Hussein dans sa guerre de 8 ans contre l’Iran, le soutien aux groupuscules terroristes pour semer la terreur et tuer les responsables iraniens, l’avion civil abattu dans les années 80 au-dessus du golfe persique et qui a causé la mort de 290 civils...
Et pour clôturer cette ambiance de manque de confiance, sont intervenus les propos du président iranien cheikh Rohani, qui a dit qu’il n’est pas optimiste sur l’issue des négociations nucléaires avec les grandes puissances et qui devraient reprendre jeudi prochain.