En cas d’agression.
Suite aux révélations de la presse chinoise sur les nouvelles capacités de représailles nucléaires de la Chine face à la doctrine provocatrice Air-Sea Battle des Etats-Unis et de l’OTAN, la présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a dressé un tableau de la situation stratégique mondiale actuelle lors d’une conférence de l’Institut Schiller pour un Nouveau paradigme, le 2 novembre à Los Angeles.
Extraits :
Lorsque nous avons décidé d’organiser cette conférence à Los Angeles, l’objectif était de définir une manière de sortir le plus rapidement possible de la crise économique et stratégique mondiale, en nous concentrant sur une perspective d’avenir pour le Pacifique, étant donné que la région transatlantique se trouve actuellement au centre d’une crise terrible. Certains événements survenus la semaine dernière confirment effectivement, de manière dramatique, pourquoi il est urgent de changer le paradigme actuel.
Lundi dernier (le 28 octobre), quelque chose d’extraordinaire est arrivée : dans presque tous les médias chinois, une panoplie d’articles et de cartes ont été publiés détaillant les nouvelles capacités de la marine chinoise, en particulier sa force sous-marine, pour la conduite d’une attaque ciblant la côte ouest des Etats-Unis.
Le message transmis par ces articles et graphiques est très clair : la Chine est prête à répondre à toute attaque contre son territoire de la part des Etats-Unis et de l’OTAN. Si une telle attaque devait avoir lieu, les sous-marins de la force stratégique chinoise seraient alors en mesure, avec des missiles nucléaires, d’atteindre les grandes agglomérations de Los Angeles, San Francisco et Seattle. Les cartes accompagnant les articles montrent que les retombées radioactives détruiraient essentiellement toute la côte ouest américaine, jusqu’au mid-ouest et la région de Chicago.
Ces articles précisent que la Chine dispose d’une force de 7500 missiles intercontinentaux (ICBM), capable d’atteindre les grandes villes de la côte est des Etats-Unis en survolant l’Arctique.
Ces annonces ne sont pas une menace mais une réaction à ce qui est perçu par la Chine continentale comme un danger absolu, potentiellement immédiat, en provenance des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’OTAN, avec leur déploiement militaire global ciblant la Russie et la Chine.
Tout ceci a été amplement rapporté par la presse américaine, y compris avec une carte détaillée de la situation, où on distingue la zone de retombée des représailles potentielles chinoises sur la côte ouest des Etats-Unis.
(...) Ceci n’est pas réellement une surprise pour ceux qui ont suivi de près la situation. Plus tôt cette année, un article assez choquant avait été publié dans l’une des publications officielles des forces aériennes américaines, où on affirmait qu’en raison du développement de missiles nucléaires ainsi que des techniques de ciblage, une attaque contre les forces nucléaires ennemies (première frappe) pourrait être lancée sans provoquer de représailles (deuxième frappe). Ainsi, la vieille stratégie de destruction mutuelle assurée (doctrine MAD) de l’OTAN, une doctrine selon laquelle toute attaque nucléaire conduirait à l’annihilation totale de l’espèce humaine et que par conséquent tout recours à l’arme nucléaire serait impossible, se trouvait reléguée aux oubliettes grâce aux nouvelles avancées technologiques. C’est ce qu’affirmait cet article.
Quelques mois plus tard, le Prof. Amitai Etzioni publiait un autre article, dans une revue de l’Université de Yale, intitulé « Qui a autorisé des préparations de guerre contre la Chine ? », où il affirmait que l’armée américaine se trouvait actuellement en train de préparer une guerre contre la Chine. Les faits rapportés sont exacts, à part le blâme qu’il met sur les dirigeants du Pentagone. Il demande qu’une discussion urgente soit ouverte au Congrès et à la Maison Blanche et dans les autres cercles de réflexion sur les conséquences d’une telle politique.
Etant donné le fait que ce sont bien les dirigeants du Pentagone qui ont été à l’avant-garde des tentatives pour freiner toute escalade militaire [en particulier le général Martin Dempsey, le chef d’Etat-major des armées, ndlr], comme l’a montré l’exemple de la Syrie récemment, il est clair que ce n’est pas le Pentagone en tant que tel qui est responsable mais la politique actuelle des Etats-Unis.
Le chemin menant à la confrontation, incluant au recours à des armes nucléaires, a été emprunté depuis un certain temps déjà. Mon mari Lyndon LaRouche a fait remarquer que cette voie a été choisie depuis ou grâce à l’assassinat du président Kennedy, et elle n’a été que brièvement interrompue lorsque, au début des années 1980, il est devenu très clair que nous nous approchions dangereusement d’une troisième guerre mondiale.
Cela était dû au fait que les missiles de portée intermédiaire de l’OTAN et du Pacte de Varsovie se trouvaient à cette époque à une très proche distance les uns des autres : les missiles pershing-2 et les SS-20 se faisaient face en Europe centrale, et nous ne disposions que d’un court délai, de quelques minutes tout au plus, avant de déclencher le tir d’un missile. Dès que l’un des deux côtés lançait un missile ou avait la perception que l’adversaire avait procédé à un tir, tout l’arsenal devait être lancé en représailles avant de vérifier quoi que ce soit, car le délai d’avertissement était trop court.
C’est dans ce contexte que Lyndon LaRouche avait développé l’Initiative de défense stratégique (IDS), qui fut ensuite adoptée en mars 1983 par le président Reagan. Elle fut mise sur la table pendant quelques mois comme option permettant d’éviter la guerre. Elle fut toutefois rejetée, en premier lieu par le gouvernement soviétique, mais aussi par la faction Bush (père)-Kissinger au sein même de l’administration Reagan.
Lorsque l’Union soviétique s’effondra entre 1989 et 1991, une véritable opportunité d’établir la paix se présenta. Avec la défaite du communisme, l’ennemi avait disparu. L’oligarchie britannique décida alors, avec ses valets Margaret Thatcher, George H. Bush et les néo-conservateurs, d’utiliser la chute du bloc de l’est pour construire un empire global, s’appuyant sur la relation spéciale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. C’est à partir de ce moment que la marche vers l’actuel danger de guerre s’est accélérée.
Nous avons assisté en Europe à l’expansion de l’OTAN vers l’est, accompagnant l’expansion de l’UE, ce qui, du point de vue de la Russie, a été jugé à juste titre comme une stratégie d’encerclement. Ceci inclut, par exemple, le développement par les Etats-Unis d’un système de défense antimissiles en Pologne et en République Tchèque, provoquant des avertissements de la Russie. Cette dernière a fait savoir qu’elle n’allait pas tolérer la complétion de la dernière phase de ce bouclier, car il priverait la Russie de sa capacité de représailles en cas d’attaque occidentale, ce qu’elle ne peut accepter.
Vous avez vu ensuite les autres étapes de cette politique de confrontation globale, avec, par exemple, la doctrine Air-Sea-Battle, que le président Obama appelle sa politique de Pivot asiatique, qui est un encerclement de la Chine. Si de nombreux politiques en Australie ont reconnu assez ouvertement qu’une guerre contre la Chine devenait inévitable, et si plusieurs d’entre eux ont critiqué le fait que tout le continent australien se voyait transformé en une gigantesque base aérienne américaine dans le but de mener une telle guerre, on peut alors comprendre la réaction de la Chine face à tout ceci. Celle-ci, de même que la Russie, se sent encerclée, et ce à juste titre. Tout officier militaire honnête en Europe ou aux Etats-Unis reconnaît bien volontiers ceci.
Si vous gardez à l’esprit le fait que nous sommes assis sur une poudrière, en particulier en ce qui concerne l’état du système financier de la région transatlantique et les conséquences d’un effondrement du dollar pour le monde, vous saisissez l’étendue du problème.