Jabbeur Mejri, a publié des caricatures portant atteinte au prophète Mohammad (S) sur sa page Facebook.
Le président tunisien Moncef Marzouki s'est engagé mercredi sur France Info à "faire libérer" Jabbeur Mejri, condamné en mars 2012 à sept ans et demi de prison pour avoir publié des caricatures portant atteinte au prophète Mohammad (S) sur sa page Facebook.
"Je vais le faire libérer. J'attends simplement une accalmie politique", a déclaré M. Marzouki. "Actuellement il y a des tensions énormes, il y a ce combat contre le terrorisme, je ne veux pas que cette libération puisse soulever des débats. Mais je vais le libérer, je cherche simplement la bonne fenêtre de lancement à la fois pour sa sécurité et la sécurité du pays", a-t-il affirmé.
Ghazi Beji et Jabbeur Mejri, sont condamnés le 25 mars 2012 à sept ans et demi de prison ferme pour avoir publié sur leur page Facebook des caricatures du prophète Mohammad (S). M. Beji, qui a pu prendre la fuite, a obtenu en juin 2013 l'asile politique en France. Jabbeur Mejri purge sa peine de prison et a dit avoir déposé une demande de grâce présidentielle en avril 2013.
La Tunisie est actuellement plongée dans une profonde crise politique après l'échec lundi de pourparlers entre islamistes et opposants pour désigner un nouveau Premier ministre.
La suspension du "dialogue national" intervient alors que le pays est confronté à l'essor des violences "jihadistes" qui ont culminé en octobre avec la mort de neuf policiers et gendarmes et deux attentats ratés qui ont visé pour la première fois des sites touristiques.
Moncef Marzouki s'est néanmoins dit "optimiste". "Le dialogue national n'a jamais cessé. Il continue, aujourd'hui-même, il doit continuer, même derrière les portes", a-t-il dit. "Nous allons trouver une solution (...) Nous sommes un pays sage, il y a une classe politique sage et c'est cette sagesse et cette modération des Tunisiens qui me permettent d'être extrêmement optimiste", a-t-il dit.
Tout en disant comprendre "l'impatience" des Tunisiens, le président Marzouki a déclaré qu'il "ne pense pas que les Tunisiens descendront dans la rue".
Interrogé par ailleurs sur de récentes accusations de tortures à l'égard des forces de sécurité tunisiennes après la mort d'un détenu la semaine dernière dans un commissariat de Tunis, M. Marzouki s'est dit "absolument horrifié et scandalisé".
"Il y a une enquête qui ira aussi loin que possible", a-t-il assuré, promettant de tirer cette affaire au clair et châtier le coupable".
Le ministre des Droits de l'Homme, Samir Dilou, issu du parti islamiste Ennahda, avait reconnu début octobre "que la torture persiste encore en Tunisie dans les centres de détention", près de trois ans après la révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir.
Toutefois, selon Moncef Marzouki, "ce sont des dérapages individuels". Dans toutes les réunions que j'ai avec les militaires, les policiers, je leur dis Faites attention, personne ne sera protégé+ (...) J'ai interdit la torture et je vous garantis que ce ne sont des dérapages individuels, (...) ce n'est pas du tout une politique systématique", a-t-il affirmé.