Une cinquantaine de médecins et d’infirmières qui ont soigné des blessés lors des manifestations anti-gouvernementales à Bahreïn seront jugés en cour martiale.
Les autorités bahreïnies ont décidé de déférer devant un tribunal militaire 47 médecins et infirmières d'un hôpital de Manama, accusés d'avoir aidé le mouvement de contestation, selon un communiqué officiel.
Les 24 médecins et 23 infirmières de l'hôpital Salmaniya, sont notamment accusés "d'incitation au renversement par la force du régime", et d'avoir "refusé de porter assistance à des personnes en danger, détournement de fonds, agression ayant provoqué un décès, possession illégale d'armes et de munitions et refus d'exercer leurs fonctions", selon un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi par l'Autorité des affaires de l'information.
"Le complexe (l’hôpital Salmaniya : ndlr) a été utilisé pour les activités des saboteurs qui cherchaient à propager le chaos (...) et provoquer la sédition dans le royaume", a-t-il ajouté.
Lors d'une conférence de presse, le ministre, Khaled Ben Ali Al Khalifa, a affirmé que les accusations portées contre 23 médecins et 24 infirmières comprenaient notamment celle d'avoir participé à des tentatives de renversement de la monarchie au pouvoir et celle d'avoir participé à des rassemblements illégaux.
Des groupes internationaux de défense des droits de l’homme affirment que les autorités bahreïnies visent particulièrement les professionnels de la santé qui ont traité des manifestants blessés au centre médical Salmaniya, qui a par la suite été pris d'assaut par l'armée.
Durant le soulèvement, le personnel médical a plusieurs fois affirmé qu'il était de son devoir de soigner tous les blessés, et a rejeté les allégations des autorités selon lesquelles le fait de venir en aide aux manifestants équivalait à soutenir leur cause.
Deux anciens parlementaires membres du principal parti chiite de Bahreïn ont par ailleurs été arrêtés mardi, selon un haut dirigeant du parti Al-Wefaq, Abdul-Jalil Khalil.
Khalil a indiqué ne pas savoir pourquoi les deux anciens parlementaires ont été arrêtés.
Mardi aussi, quatre manifestants anti-gouvernementaux ont été reconnus coupables d'avoir tué deux policiers durant le soulèvement. Ils ont été condamnés à mort par un tribunal militaire. Trois autres manifestants ont été condamnés à la prison à vie.
L'UE s'inquiète de peines de morts pour des manifestants
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a exprimé mardi sa préoccupation au sujet de la condamnation à mort de civils bahreïnis par un tribunal militaire, estimant qu'ils avaient le droit de faire appel ou de demander que leur peine soit commuée.
Ashton s'est dite "profondément inquiète du risque imminent d'exécution de quatre ressortissants bahreïnis" accusés du meurtre présumé de deux officiers de police au cours des manifestations de mars.
"Ces condamnations à mort risquent d'exacerber les récentes tensions à Bahreïn et en tant que telles, représentent un obstacle à la réconciliation nationale", a-t-elle relevé.
"Le fait que ces civils aient été condamnés par un tribunal militaire à huis clos est une autre raison de s'inquiéter", a-t-elle ajouté en rappelant que l'UE était opposée à la peine de mort et que les conventions internationales signées par Bahreïn donnent "à tout individu le droit de faire appel".
Trois autres personnes avaient été condamnées à des peines de prison à vie dans cette affaire.
Human Rights Watch a appelé lundi les autorités bahreïnies à annuler les peines de mort et de prison à vie, tout comme Amnesty International qui a parlé de grandes inquiétudes quant à l'équité" du procès, écrit Malcolm Smart, son directeur pour le Moyen-Orient.
La police iranienne empêche une manifestation anti-saoudienne dans un stade
A Téhéran, la police a empêché mardi plusieurs centaines de personnes de manifester au stade Azadi de la capitale, où s'affrontaient des équipes de football iranienne et saoudienne, contre l'envoi de troupes saoudiennes à Bahreïn.
Le match se déroulait entre les formations iranienne Persepolis et saoudienne al-Ettihad, selon un journaliste de l'AFP. Persepolis l'a emporté 3 à 2.
Entre 300 et 400 jeunes vêtus de noir et portant des drapeaux bahreïnis étaient venus au stade pour manifester contre l'envoi de troupes saoudiennes à Bahreïn et la répression des manifestants.
Dans un premier temps, les manifestants ont été isolés dans une partie des gradins avant d'être expulsés peu après le début de la seconde mi-temps.
Ils ont toutefois eu le temps de crier "mort aux al-Saoud" et "mort aux al-Khalifa", les familles régnantes saoudienne et bahreïnie. Plusieurs d'entre eux ont été interpellés par la police.
L'Arabie saoudite avait demandé que le match, prévu dans le cadre du championnat d'Asie, soit joué dans un autre pays pour des raisons de sécurité, ce qui avait été critiqué par Téhéran.
Les autorités iraniennes ont condamné à plusieurs reprises l'envoi des troupes saoudiennes et émiraties à Bahreïn pour épauler les forces bahreïnies dans la répression des manifestations organisées par les chiites.