" Ils voulaient dès le début détruire la Syrie".
L’opposant syrien Haytham Mannaa a violemment critiqué « l’opposition syrienne de l’étranger » lui reprochant de s’être inféodé aux puissances régionales lesquelles se sont fixées comme de militariser le mouvement de contestation en Syrie, de sectariser le conflit, et de détruire ce pays
Dans un article publié dans le journal qatari ar-Raya (la bannière), cet opposant en exil depuis 35 ans a révélé que le front al-Nosra s’est fixé comme objectif d’éliminer les Chiites. Il a indiqué tenir cette information d’un enregistrement sonore du fondateur du front en personne, le surnommé Abou Omar le Quraychite le Baghdadi, lequel a désigné Abou Mohammad le Joulani à la tête de cette milice. Celui-ci a consacré l’un des 19 points de son allocution pour exhorter ses partisans à combattre les Chiites et à détruire leurs maisons, sous prétexte qu’ils sont des apostats et des polythéistes.
Dans son article, l’opposant syrien accuse les parties régionales, dont entre autre la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar d’avoir entrainé la révolution syrienne vers la militarisation et la guerre. « Ils ne voulaient rien d’autre que la guerre pourtant le mouvement pacifique aurait pu servir la Syrie et réaliser ce à quoi le peuple syrien aspirait », a-t-il écrit. Selon lui, la guerre planifiée par les gouvernements du Golfe et la Turquie visait à détruire la Syrie et à l’engouffrer dans le labyrinthe de la violence et de la destruction. Il évoque aussi les pressions et les menaces dont il a été lui-même victime de la part des monarchies du Golfe qui voulaient lui changer d’avis pour l’enrôler dans les rangs des milices armées.
Mannaa a aussi fustigé le rôle joué par les deux chaines de télévision satellitaire, qatarie et saoudienne, Al-Jazeera et al-Arabiyya pour attiser la violence dans son pays.
« L’ingérence étrangère dans la crise syrienne a atteint un tel niveau qu’ils s’immisçaient dans les appellations données aux rassemblements de chaque vendredi et aux slogans écrits sur les pancartes qui en appelaient à l’intervention des pays du golfe », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Dans certains cas, les personnalités religieuses que les deux chaines accueillaient sur leur plateau en appelaient les Syriens à réclamer l’aide de l’Otan et non celle des perses safavides et à lever la voix plus haute que celle de ceux qui étaient attachés au mouvement pacifique ».
L’opposant syrien poursuit que dès le mois de juin 2011, les assistances financières, politiques, et médiatiques étaient exclusivement accordées à l’opposition de l’extérieure pour être l’unique porte-parole du peuple et de la révolution. C'est aussi à partir de cette date que les accusations étaient proférées contre l’opposition pacifique et son image a été ternie.
En aout 2011, les sites des Frères Musulmans et des Salafistes ont publié un article qui en appelait « à prendre les armes sous la bannière du jihad contre le gouvernement du communautarisme, à mobiliser les Sunnites, et à exiger l’ingérence militaire », rapporte Mannaa.
Comme indices de cette tendance précoce, il rappelle que jamais l’opposition de l’étranger n’a dénoncé l’assassinat des militaires à Jisr el-Choghour, ( 120 militaires ont été tué en juin 2011 dans une embuscade) ni s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles la Turquie a édifié des camps pour les réfugiés dans la ville d’Iskenderun avant l’afflux des flots de réfugiés.
« Quelle est la position de cette opposition d’Istanbul lorsque les infrastructures syriennes son détruites, lorsqu’un avocat de Harasta est assassiné parce qu’il est chiite puis décapité. Pourquoi personne de la Coalition ne condamne ? Lorsque des civils et des militaires sont tués pour des raisons communautaires, est-ce que la coalition condamne ces crimes ? Son cheikh n’a-t-il pas dit que les kidnappings sont des moyens efficaces et légitimé l’assassinat d’un Russe ? Cette opposition n’a-t-elle pas réclamé l’intervention de l’Otan ? »
Mannaa a tenu à mettre en garde que tous ces crimes ne s’effaceront jamais de la mémoire du peuple syrien et que tous ceux qui ont collaboré avec les régimes étrangers despotiques et régionaux pour enterrer l’unité nationale et la dignité du peuple syrien seront tenus pour responsables et auront un jour à lui rendre des comptes.