Et Israël surveille de très près, propageant des rumeurs sur la proposition iranienne.
Les discussions internationales "extrêmement complexes" sur le programme nucléaire iranien controversé ont repris jeudi matin pour deux jours à Genève avec l'espoir de parvenir à un premier accord.
"Les discussions sont extrêmement complexes et entrent maintenant dans une phase sérieuse", a indiqué Michael Mann, le porte-parole de la diplomate en chef de l'Union Européenne, Catherine Ashton, qui préside les travaux.
"La première séance a été bonne", a-t-il dit en référence à une réunion plénière qui a duré 45 minutes. Les discussions comportent un volet politique et un volet technique, a rappelé M. Mann en indiquant qu'il y a toujours un accord entre tous les participants pour ne pas communiquer sur leur contenu pour le moment.
Les négociateurs de l'Iran et des 5+1, les membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) plus l'Allemagne se retrouvent pour essayer de sortir de près de dix ans de confrontation sur ce programme, soupçonné par les Occidentaux, de créer une capacité à produire l'arme nucléaire.
Une nouvelle rencontre bilatérale entre Mme Ashton et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif est programmée dans l'après-midi.
M. Zarif avait initialement prévu de se rendre en Italie après l'ouverture de la séance mais des informations non confirmées ont indiqué que son déplacement était annulé. M. Mann a refusé de le confirmer mais a relevé qu'il était "bon que les délégations soient au complet".
Un premier accord, considéré comme "un premier pas" du côté américain, pourrait concerner l'enrichissement d'uranium avec en contrepartie un allègement "limité, ciblé et réversible" de sanctions qui pèsent sur l'économie iranienne, avait indiqué mercredi un officiel américain.
"Après la séance inaugurale, mes collègues et les délégations des pays 5+1 vont commencer des négociations très difficiles car nous sommes entrés dans la phase des détails qui est toujours difficile et précise", a écrit M. Zarif dans un message publié sur sa page Facebook quelques heures avant le début des discussions.
Israël a levé un coin du voile sur le contenu des discussions en appelant mercredi les grandes puissances à rejeter une éventuelle proposition de l'Iran, qualifiée de "mauvaise".
"Au cours des dernières heures, Israël a appris qu'une proposition allait être faite aux 5+1 à Genève dans laquelle l'Iran cessera toutes ses activités d'enrichissement (d'uranium) à 20% et ralentira ses travaux sur le réacteur à eau lourde d'Arak, en échange d'un allègement des sanctions", a déclaré un responsable israélien à l'AFP.
"Israël pense que c'est un mauvais accord et va s'y opposer fermement", a ajouté ce responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat
"Changement clé"
Un haut responsable américain a noté un "changement clé" dans la position iranienne.
"Ce que nous attendons maintenant est une première phase, un premier pas, un accord initial qui arrête la progression du programme nucléaire iranien pour la première fois depuis des dizaines d'années et potentiellement le fait revenir en arrière", a affirmé ce responsable sous couvert d'anonymat. En échange Washington est prêt à "offrir un soulagement dans les sanctions, limité, ciblé et réversible sans toucher dans ce premier pas à l'architecture de ces sanctions".
Les négociateurs sont sous pression à Washington, avec un Congrès de plus en plus impatient de durcir les sanctions économiques contre l'Iran et à Téhéran, avec l'aile dure du régime, opposée à toute concession sur l'enrichissement d'uranium qu'elle considère comme un droit. Elle se déclare également très suspicieuse quant aux intentions américaines.
Les négociateurs iraniens avaient reçu dimanche le soutien de poids du Guide de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur ce dossier stratégique, et a appelé à ne pas les "affaiblir" dans "leur mission difficile".
Les représentants américains ont pour leur part plaidé pour que le Congrès accorde une "courte pause" à l'administration, avant un nouveau train de sanctions contre Téhéran, afin de laisser une chance à la diplomatie.
Les Occidentaux et Israël sont déterminés à stopper le programme iranien d'enrichissement d'uranium, soupçonné d'être destiné à fabriquer une arme atomique, ce que nie Téhéran qui revendique son droit au nucléaire civil.
"Les cinq membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale" disent: "l'Iran peut parfaitement avoir le droit d'utiliser le nucléaire civil mais la bombe atomique, non", a déclaré jeudi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.
"Nous essayons de mettre ça en musique. Il y a quelques questions assez techniques - est-ce qu'ils vont avoir le droit à enrichir (de l'uranium), à combien, 20%, 3,5%, qu'est-ce que deviennent les usines de Fordo, etc, nous discutons de cela", a ajouté le ministre français appelant Téhéran à "faire des concessions".