24-04-2025 12:43 PM Jerusalem Timing

France: le sommet de l’Etat sous le feu des critiques

France: le sommet de l’Etat sous le feu des critiques

François Hollande est confronté en France à une grogne sociale de plus en plus vive

Manifestation à Quimper le 2 novembre 2013 contre l'écotaxe et pour l'emploiHué lors des cérémonies du 11-Novembre, François Hollande est confronté en France à une grogne sociale de plus en plus vive avec des manifestations à répétition et deux-tiers des Français souhaitant un remaniement, tandis que son propre camp est  tiraillé entre diverses tendances.
  
Alors que de nouveaux défilés d'enseignants, artisans et commerçants auguraient d'une nouvelle semaine sociale délicate pour le gouvernement de gauche, déjà confronté dans l'ouest à la poursuite d'une fronde antifiscale, l'opposition et des membres de la majorité tiraient mardi la sonnette d'alarme pour un remaniement au plus vite.
  
"Le gouvernement semble à la fois être devenu sourd et ne plus être entendu (...). Il faut envoyer un signal d'urgence aux Français afin de rétablir le dialogue. Cette urgence doit se traduire par un remaniement gouvernemental. Oui, il faut remplacer le Premier ministre d'urgence", déclarait ainsi un député socialiste, Malek Boutih, réclamant que le chef de l'Etat s'entoure de "personnalités plus fortes avec qui partager le pouvoir".
  
Ce député, dont la position est partagée par la candidate socialiste à la mairie de Paris Anne Hidalgo, a suggéré de remplacer Jean-Marc Ayrault par, au choix, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, un cacique du parti et maire de Lille (nord) Martine Aubry, ou le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.
  
Ces commentaires ont fortement déplu dans les rangs du PS, la députée et ancienne garde des Sceaux assurant notamment de l'"unanimité du groupe socialiste derrière le Premier ministre et sur la politique menée par le président de la République".
  
Pays "au bord de la crise de nerfs"
  
Dans un climat social jugé délétère, marqué par des attaques contre des symboles de la République, l'exaspération tous azimuts des Français s'exprime contre la politique fiscale du gouvernement, la réforme des rythmes scolaires ou les restructurations d'entreprises. Elle fait les choux gras de l'opposition qui juge le pays "au bord de la crise de nerfs".
  
Selon Luc Chatel, le vice-président du principal parti d'opposition, l'UMP, François Hollande "qui avait promis un pays d'apaisement est en train de récolter la tempête".
  

"Nous n'avons jamais connu ce délitement dans la société française, cette fronde de toutes les sensibilités: ouvriers, agriculteurs, artisans, familles, petits patrons (...) le président doit l'entendre, il doit réagir", a poursuivi l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
 "François Hollande bousculé par l'exaspération sociale et politique", titrait mardi en une le quotidien Le Monde tandis que le Figaro, proche de l'opposition, jugeait que "La fronde contre le pouvoir se généralise".
  
Selon un sondage publié lundi, 67% des Français souhaitent que le chef de l'Etat nomme un nouveau Premier ministre.
Le style de François Hollande, cible favorite des critiques de l'opposition depuis son arrivée au pouvoir en mai 2012, continuait aussi de cristalliser les attaques, participant à la désacralisation de la fonction.
  
Un membre de l'opposition, le président du parti du Nouveau Centre, Hervé Morin, dénonçait mardi un chef de l'Etat pas légitime car "vécu comme incompétent". L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a jugé que sa façon d'exercer le pouvoir conduisait à un "affaiblissement terrible de l'autorité de l'Etat".
  
Le Premier ministre a accusé l'opposition de faire croire à une crise institutionnelle en France et de "remettre en cause la légitimité" de l'élection de François Hollande.
   Il a aussi réaffirmé s'atteler à son unique sujet de préoccupation: "le progrès, le redressement de la France, mais aussi les valeurs de la République".
  
La prise à partie du chef de l'Etat lundi lors des commémorations de l'Armistice, inédite, a choqué en France, même si les incidents sont demeurés limités. Jusqu'à présent, les célébrations à la mémoire des morts pour la France étaient entourées d'un consensus lié à l'unité nationale.
Le ministre de l'Intérieur a accusé les manifestants d'être liés à l'extrême droite.
  
Autre symbole de l'Etat, une cinquantaine de radars routiers automatiques ont été vandalisés dans l'ouest et le sud-est.