Le pape qualifie de "tragédie" la mort de quatre écoliers lundi. Et les miliciens de l’ASL se rasent la barbe, dans l’attente de la bataille décisive d’Alep.
Nouvelle avancé de l'armée syrienne dans les périphéries de Damas: les troupes gouvernementales se sont emparées ce lundi d'une localité au sud de Damas dans le cadre de son offensive visant à couper la capitale de sa banlieue, où la rébellion est très présente, a affirmé mercredi la télévision syrienne.
"L'armée syrienne a pris la localité de Hujeira", a indiqué la chaîne.
Celle-ci se trouve aux confins avec le quartier Sayed Zainab qui abrite le mausolée de la petite-fille du prophète Mohammad (s).
Selon le correspondant de la télévision AlManar, les forces gouvernementales contrôlent également la localité voisine de Hujira, Garbé. Les prochaines localités à conquérir devraient être selon lui al-Kadam et Hajar al-Asouad.
Dans un reportage pour notre chaine de télévision, le correspondant a signalé que les miliciens appartenaient dans leur grande partie aux milices du front al-Nosra d'al-Qaïda et Liwa al-Islam. Il ont abandonné leurs fui leurs armes et se sont abrités dans le camp palestinien de Yarmouk. Ont été découverts des tunnels reliant le quarteir à Sbina et Gharbé qui ont été nettoyés avant Hujira.
L'armée grignote depuis des mois les positions des miliciens afin de reprendre le contrôle des quartiers au sud de la capitale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), instance de l’opposition siégeant à Londres et diffusant les informations sur la crise syrienne aux agences et medias internationaux.
"La ville est sous contrôle total de l'armée après trois jours de combats. Cela resserre l'étau sur les groupes terroristes armés qui sont présents au sud de la capitale", a affirmé à l'AFP un haut responsable de la sécurité à Damas.
"Elle donne une nouvelle dimension à la sécurisation de l'entrée sud de Damas et coupe les lignes d'approvisionnement pour les groupes terroristes présents au sud de Damas", a-t-il ajouté.
Tirs d'obus: 2 tués
Dans la capitale, les tirs d’obus contre des quartiers résidentiels se poursuivent. Ce mercredi, deux personnes ont été tuées par la chute d'obus dans deux quartiers du centre de Damas, a annoncé l'agence officielle Sana.
En général, ce sont les quartiers chrétiens qui sont les plus visés.
"Deux personnes ont été tuées et sept autres ont été blessées par des obus tirés par des terroristes sur la place de Bab Touma", un quartier majoritairement chrétien dans le centre de la capitale, précise Sana, citant la police.
D'autres tirs d'obus ont touché le marché al-Hal dans le quartier de Zablatani, également dans le centre de la capitale, faisant 13 blessés, et causant des dégâts matériels dans des commerces, selon l'agence.
Quant à l’OSDH, elle fait état de trois morts et de 30 blessés dans la chute d'obus sur ces quartiers.
« Une tragédie » pour le pape
Ce mercredi encore, le pape a condamné la mort d'écoliers syriens, tous des chrétiens, tués par des tirs de mortiers en provenance des régions rebelles des périphéries de Damas, dénonçant "une tragédie qui ne doit plus se reproduire".
Parlant lors de l'audience générale devant 50.000 personnes sur une place Saint-Pierre bondée, le pape François a demandé à la foule de "prier intensément" pour eux.
"Il y a deux jours, j'ai appris avec grande douleur que quelques enfants qui revenaient de l'école ont été tués par un obus de mortier, ainsi que le chauffeur de l'autobus. S'il vous plait, qu'une telle tragédie ne se reproduise plus jamais!", a-t-il supplié.
Lundi, des obus s’étaient abattus sur deux écoles privées chrétiennes.
Le bilan des tués serait de l’ordre de 5 tués, dont 4 élèves et non de 9 personnes.
"Nous avons eu huit élèves blessés mais aucun tué" dans l'école, a affirmé mercredi à l'AFP le père Stefano de l'école Jean Damascène ( Youhanna al-Dimachki), rectifiant la première version de la télévision officielle qui avaient fait état de 4 élèves tués.
Les journaux gouvernementaux ont eux aussi parlé mercredi de "quatre élèves et d'un chauffeur morts" à Bab Charqi. Le bilan a été repris par l'OSDH, selon lequel l'obus était tombé près d'un bâtiment militaire. (Question de justifier l’attaque et de présenter les tués comme des victimes collatérales !)
Depuis plusieurs mois, Dam
Alep : des miliciens sans barbe
Du côté d’Alep, les miliciens de tous bords s’attendent à la bataille décisive, avec l’avancée de l’armée au sud de la ville, depuis la libération de Sfira, et de la base -80.
Selon le site Hadath News, les miliciens de l’Armée syrienne libre se sont tous rasés la barbe dans les quartiers qu’ils contrôlent encore à l’est et au sud de la ville, depuis que la milice de l’Etat Islamique en Irak et au Levant s’est emparé de quelques parties d’entre eux.
« Les jeunes miliciens du quartier qui avaient de longues barbes se sont empressés de les raser dès que des éléments de l’EIIL y ont fait leur apparition pour s’enquérir sur la situation et collecter des informations sur ses miliciens qui ont dans leur majeure partie caché leur armes, se déclarant neutre entre l’EIIL et les milices de l’ASL accusées d’exaction », a écrit le site, citant des habitant du quartier Mayçar.
Ces miliciens ont fait de même dans les régions reconquises par les forces gouvernementales pour sauver leur peau. D’autant plus que les informations font état que l’assaut sera lancé par l’armée régulière à partir de l’est d’Alep.
Et l’EIIL mobilise à son tour et reconnait ses pertes
A cet égard, un nouvel appel à la mobilisation a été lancé pour faire face à la bataille décisive qui se prépare. Selon l’OSDH, c’est l’EIIL affilié à Al-Qaïda, qui l’a diffusé mardi à Alep un communiqué appelant "toutes les brigades et les musulmans à la mobilisation générale pour faire face à l'ennemi qui est en train d'attaquer les terres de l'islam".
"Ceux qui ont de bonnes raisons pour ne pas combattre doivent donner des armes et de l'argent", ajoute cette organisation qui reconnait avoir subi "beaucoup de pertes dans les combats pour la Base-80, Khanasser et Sfira".
Le texte cite que "l'armée alaouite a pu reprendre la portion d'autoroute reliant Khanasser, Taal Aarane et Sfira en raison de la faiblesse des groupes rebelles, beaucoup d'unités rebelles s'étant retirées de la zone de combats".
Cet appel intervient au lendemain d’un appel similaire lancé par six milices islamistes, dont Ahrar esh-Cham, le Front al-Nosra ( d’Al-Qaïda) et Liwa al-Tawhid, ( des Frères Musulmans) .
Lundi, l'armée avait annoncé qu'elle contrôlait le sud-est de l'aéroport international d'Alep, après la reconquête de la Base-80, en charge de la sécurité de l'aéroport de la deuxième ville de Syrie et contrôlée par les rebelles depuis février.
La grande avancée de l'armée a été possible après la chute de Sfira, ville au sud-est d'Alep qui était aux mains des rebelles depuis un an.
"Après plusieurs jours de combats, l'armée contrôle désormais la portion de l'autoroute allant de Sfira à Alep", avait précisé une source militaire ayant auparavant annoncé que l'armée avait pris le contrôle de la localité de Tall Aarane.