A Jeddah, la police est intervenue dans la matinée pour disperser une foule d’immigrés illégaux, notamment des Ethiopiens, qui, rassemblés en grand nombre devant un centre de rétention..
La police saoudienne restait mobilisée jeudi dans le cadre de la campagne contre l'immigration clandestine, au lendemain de
nouveaux troubles ayant fait un mort dans un quartier populaire de Ryad.
A Jeddah, la capitale économique du royaume, la police est intervenue dans la matinée pour disperser une foule d'immigrés illégaux, notamment des Ethiopiens, qui, rassemblés en grand nombre devant un centre de rétention, ont bloqué la circulation sur un important axe routier de la ville.
Vingt Ethiopiens, accusés d'être des instigateurs de ce rassemblement, ont été arrêtés et seront poursuivis en justice, a déclaré le porte-parole de la police à Jeddah, Nawaf al-Bouq, rappelant, dans un communiqué, que les rassemblements de rue et les manifestations sont strictement interdits dans le royaume.
Ces incidents, qui n'ont pas fait de victime selon le porte-parole, sont survenus au lendemain de la mort d'un Soudanais dans des affrontements nocturnes entre Saoudiens et immigrés illégaux à Manfouha, un quartier pauvre du sud de Ryad où habitent de nombreux Africains.
Les troubles ont éclaté il y a près d'une semaine, après que les autorités ont commencé à expulser massivement des clandestins, à la suite de l'expiration d'un délai de sept mois qui leur avait été donné pour régulariser leur situation ou quitter le riche royaume pétrolier.
Ryad avait déjà annoncé la mort d'un Saoudien et de deux étrangers samedi lors de troubles à Manfouha, alors que l'Ethiopie déplorait la mort de trois de ses ressortissants.
Jeudi, la rue principale de Manfouha était bloquée par des voitures de police, selon un journaliste de l'AFP.
Pour la cinquième journée consécutive, des files d'immigrants illégaux, africains en majorité, s'allongeaient devant une trentaine de bus qui doivent les emmener jusqu'à des centres d'accueil d'où ils seront rapatriés.
Des hommes et des femmes étaient assis sur leurs valises ou leurs baluchons.
"Je vis en Arabie saoudite depuis huit ans", affirme un Ethiopien d'une trentaine d'années qui, refusant de donner son nom, dit être sans papiers. Il précise "être arrivé par bateau (illégalement) au Yémen", puis avoir "traversé la frontière" avec l'Arabie saoudite de façon clandestine.
Un autre jeune Ethiopien, Ahmad Moumen, dit être arrivé de la même manière dans le royaume il y a trois ans. "Je n'ai pas de papiers", dit-il, précisant qu'il travaillait au noir dans une boutique.
La plupart des femmes patientant pour prendre place dans les bus indiquent qu'elles travaillaient comme femmes de ménage.
L'activité était paralysée dans le quartier misérable où la police effectuait des patrouilles. Les magasins, destinés aux expatriés, étaient pour la plupart fermés, ainsi que les nombreux restaurants indiens, éthiopiens ou pakistanais.
Depuis le 4 novembre, la police pourchasse les étrangers n'ayant pas régularisé leur situation, et beaucoup d'entre eux se terrent pour échapper à la prison ou aux amendes, ce qui affecte plusieurs secteurs d'activité économique.
Dans le cadre de cette campagne contre l'immigration clandestine, plus de 900.000 étrangers en situation irrégulière ont quitté le royaume depuis le début 2013.
Le nombre d'immigrés est estimé à 9 millions de personnes sur quelque 27 millions d'habitants, et la nouvelle politique vise à favoriser l'emploi des Saoudiens dans le royaume, où le taux du chômage atteint 12,5%.