Le fonds serait "sous supervision et contrôle américains", mais géré par des dirigeants bancaires italiens.
Le groupe de contact pour la Libye devrait annoncer jeudi à Rome la mise en place d'un système pour aider financièrement la rébellion libyenne alors que sur le terrain la situation semble bloquée avec une aggravation de la crise humanitaire.
Organisatrice de la deuxième réunion du groupe mis en place à Londres en mars, l'Italie accueille 22 pays participants, 6 institutions internationales dont l'UE, l'Otan et l'Organisation de la conférence islamique ainsi que 6 observateurs, dont l'Union africaine et la Banque mondiale.
A l'ordre du jour des discussions sur ce conflit qui a fait plus de 10.000 morts selon les rebelles, les moyens pour parvenir "le plus vite possible à un cessez-le-feu" et l'instauration d'un mécanisme d'aide au Conseil national de transition (CNT), leur organe politique.
"L'idée est celle d'un trust fund international (..) garanti et transparent, sous contrôle international", a expliqué le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.
"Ce sera une percée importante, une réalisation majeure. Cela permettra de renforcer le soutien apporté au CNT en finançant l'administration ordinaire (du pays) et l'achat de biens humanitaires", a renchéri son porte-parole Maurizio Massari.
La réunion ne devrait en revanche pas aborder les questions militaires qui sont du ressort de l'Otan, selon M. Massari, au moment où la situation paraît bloquée avec le pilonnage de Misrata, la troisième ville du pays, par les forces de Kadhafi.
Selon le journal Sole 24 Ore, le fonds serait "sous supervision et contrôle américains", mais géré par des dirigeants bancaires italiens.
M. Frattini et son homologue américaine, Hillary Clinton, devaient s'exprimer avant l'ouverture de la réunion prévue à 08H30 GMT.
Le responsable de l'économie du CNT, Ali Tarhoni, a averti mardi que l'économie libyenne risquait l'effondrement et demandé "des lignes de crédit" de "deux à trois milliards d'euros" à la France, aux Etats-Unis et à l'Italie.
Le principe serait d'utiliser les avoirs du colonel Kadhafi et de sa famille gelés par l'ONU et l'Union européenne comme garantie pour ouvrir des lignes de crédit en faveur des rebelles.
Les insurgés entendent "fournir de l'aide médicale, des vivres, maintenir des fonctions minimales comme l'électricité, les hôpitaux", a expliqué à Rome le porte-parole du CNT Mahmoud Chamame, en évoquant un budget de 1,5 milliard de dollars.
Pour M. Chamame, ce mécanisme serait un nouveau jalon dans le soutien politique accordé aux rebelles par la communauté internationale.
Le Qatar, un des trois pays à avoir reconnu le CNT avec la France et l'Italie et coprésident de la rencontre de Rome, a aussi proposé d'aider les rebelles à exploiter les ressources pétrolières dans les zones qu'ils contrôlent.
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui participe à la réunion de Rome, a refusé de "parler d'enlisement". Il espère que le conflit "ne durera pas au-delà de quelques semaines, au plus de quelques mois".
Pour le porte-parole du CNT, "Kadhafi a beaucoup d'argent et de mercenaires mais il contrôle les mêmes zones qu'aux premières semaines du conflit. Ses jours sont comptés, c'est une question de semaines pas de mois".
Il rappelle que le CNT n'envisage pas de solution politique tant que Kadhafi restera en place. "Si nous pouvions le pousser à partir on pourrait élaborer une Constitution, un Etat qui respecte le processus démocratique".