Deux lectures contradictoires pour la visite de Sleiman à Riyad.
Le président Michel Sleiman affirme qu’il ne souhaitait pas se rendre en Arabie saoudite en cette période critique. Mais comment, cette période n’est-elle pas critique, alors que quelques jours à peine se sont écoulés depuis les déclarations incendiaires de John Kerry à partir du sol saoudien contre le Hezbollah?
Comment n’était-elle pas critique alors que deux des principaux protagonistes du conflit syrien, le président Bachar al-Assad et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ont lancé récemment des attaques successives contre l’Arabie saoudite, sa politique et ses ingérences? Comment n’est-elle pas critique alors que Damas perçoit l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, comme faisant partie de ceux qui sont responsables de l’effusion de sang en Syrie?
Toutefois, Sleiman s’est aventuré et s’est rendu en Arabie saoudite. Il n’a plus rien à perdre. Lui-même a déclaré son refus de la prorogation de son mandat. Il réalise l’impossibilité de la prorogation malgré le fait qu’il souhaite toujours que son mandat soit renouvelé. Mais il sait aussi et surtout que Damas et ses alliés lui attribuent grandement la responsabilité de l’absence de contrôle à la frontière avec la Syrie.
Concernant la rencontre qui a eu lieu entre le député Talal Arslane et Walid Joumblatt, qui était alors accompagné du général de l’armée syrienne, Faraj al-Mokt, un responsable syrien a affirmé: «Nous savons qu’al-Mokt n’a pas fait défection, mais qu’il a été enlevé. Nous savons les sommes d’argent qui ont été versées, lorsque Joumblatt contribuait à la bataille visant à faire tomber l’Etat syrien. Comment un homme qui a été enlevé pourrait-il être considéré comme ayant fait défection».
La Syrie et ses alliés pensent que Riyad se prépare à une escalade militaire en Syrie, même s’il pourrait se trouver dans l’obligation, en raison des pressions américaines et internationales, d’accepter la tenue de Genève 2.
Un responsable proche du commandement syrien se demande si «le président Sleiman est tombé dans le piège du front saoudien sans le savoir. Mais, il y a aussi possibilité qu’il soit conscient de ce qu’il fait et qu’il soit toujours soumis aux pressions internationales exercées sur le Liban».
An Nahar: Deux lectures contradictoires pour la visite de Sleiman à Riyad
Par ailleurs, les forces du 8 mars tentent de jeter la lumière sur ce qu’elles considèrent comme étant le côté négatif de la visite de Michel Sleiman en Arabie saoudite. Certains responsables de cette coalition ont considéré que la présence de Saad Hariri à la rencontre entre le roi saoudien et le président libanais est un manque de considération à l’égard du chef de l’Etat.
Pour leur part, des sources du 14-Mars ont estimé que le chef du Courant du futur a repris l’initiative, à la faveur du soutien saoudien apporté clairement à la ligne politique souverainiste adoptée par une partie non négligeable des Libanais.
La visite a appuyé le choix du chef de l’Etat et du Premier ministre désigné en faveur de la formation d’un gouvernement de fait accompli. Ces rumeurs ont donné lieu à une réponse de la part du chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, qui a affirmé que «le gouvernement ne sera pas formé sans la Résistance» et que s’il est formé, il ne pourra pas gouverner le pays qui restera bloqué.
Selon certaines informations il a été question, durant la visite, du dossier des réfugiés syriens. Dans ce cadre, l’Arabie saoudite aurait fait part de sa disposition à soutenir le Liban afin qu’il puisse porter ce fardeau. Concernant la question syrienne, la partie saoudienne a affirmé que l’implication du Hezbollah en Syrie est préjudiciable au Liban, prônant le respect de la politique de distanciation. La rencontre Hariri-Sleiman aurait, quant à elle, porté sur le dossier gouvernement. M. Sleiman a réitéré son attachement à la formation d’un gouvernement rassembleur. Hariri aurait répondu que son camp ne participera pas au futur cabinet avant le retrait du Hezbollah de Syrie. Ce que le Hezbollah a catégoriquement rejeté.
Al Akhbar+ An Nahar + Mediarama