24-11-2024 05:37 PM Jerusalem Timing

Quand Erdogan rencontre Barzani..

Quand Erdogan rencontre Barzani..

Accord en quatre points..

  
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président de la province du Kurdistan dans le nord de l'Irak, Massoud Barzani se sont entretenus au cours d’une réunion après la fin du festival Diyarbakir, hier, à l'hôtel où ils résident, en présence de représentants des deux parties, y compris le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.


Selon le journal turc Melliat,  les deux parties sont parvenues à un accord composé de quatre points à savoir:

Premièrement, le pompage de pétrole du nord de l'Irak par le biais d'un nouveau pipeline Kirkouk - Yomurtaliq exploitable dans un mois et demi. Un pipeline qui soulève l'objection de Bagdad.
Deuxièmement, les deux parties ont accepté d'ouvrir deux nouveaux passages frontaliers entre le nord de l'Irak et la Turquie, à ajouter au passage frontalier  d'Habur. Les deux parties ont convenu de la nécessité de construire deux nouvelles portes de passage durant  un mois.
Troisièmement, les parties ont convenu d'appuyer le processus de réglement de la question kurde en Turquie, Barzani a de son cote promis de le soutenir fortement.
Quatrièmement, il a été convenu de s’opposer à la déclaration d'auto-administration provisoire  annoncée par le Parti de l’Union démocratique kurde en Syrie mardi dernier. La forme de l'opposition Erdogan -Barzani n’a pas encore été définie à cette étape, surtout après le  conflit qui a éclaté entre Barzani et le leader actuel du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan qui soutient le parti de l’Union démocratique kurde  dans le nord de la Syrie.


Il faut dire qu’Erdogan  et Barzani ont réussi leur  rencontre publique ,  décrite comme «historique» et qui a été organisée dans la plus grande ville kurde de Diyarbakir en Turquie, en présence de milliers de citoyens. Les deux parties ont tenu à faire de ce  rendez-vous , une fête culturelle et artistique populaire en y faisant participer de célèbres chanteurs kurdes comme  Ibrahim Cisse et Tatli Shevan Parvar, qui ont chanté la chanson  « ne pleure pas ma mère » en  kurde. Même,   Erdogan lui-même a utilisé pour la première fois le terme «la province  du Kurdistan irakien alors qu’auparavant elle était désignée par la  province du nord de l'Irak sans le mot« Kurdistan ».

Pour sa part, Barzani a commencé son discours et l’a conclu par des mots en turc désignant les turcs par le terme de frères de la paix.


Erdogan a insisté à qualifier Barzani de «son frère  qui  a écrit l'histoire ». Mais, il a critiqué le parti de la paix et de la démocratie kurde de l’opposition turque, sans le nommer. M. Erdogan a déclaré que ce parti, qui dispose de 35 députés au sein du parlement a boycotté la cérémonie, et donc il n'apportera pas la paix dans la région tant qu'il n'accepte pas les autres.

Erdogan a fait allusion à la possibilité d'une amnistie générale pour les prisonniers kurdes en Turquie, soulignant que  «l'avenir sera différent, et nous allons voir comment les kurdes  descendront  de la montagne et seront évacués des prisons. Les 76 millions seront ensemble et nous allons voir comment la Turquie sera grande dans son unité ».

Et si Barzani a évité toute référence à la Syrie, Erdogan lui n'a pas hésité à vilipender  le «  régime syrien »  en affirmant que l’ «   oppresseur Assad a provoqué l’effusion de sang de notre frère. Nous ne serons jamais aux cotes des oppresseurs et nous n’assoirions pas sur la même table que celle des malfaiteurs. Nous serons les compagnons de tous oppresses et des trahis», une allusion  claire de la volonté turque de poursuivre une politique d’opposition  à toute solution en Syrie, y compris la survie du président Assad et le refus  de s'asseoir avec lui .


Barzani a appelé à renoncer à la violence pour résoudre les problèmes, estimant que « la guerre ne résout pas le problème ». Il a appelé à l’écriture   d'une nouvelle histoire «parce que le temps est propice ».

Il a appelé ses  « frères les Kurdes et Turcs  à soutenir le processus de paix. Je tiens à leur dire que nous appuyons le processus de paix, de toutes nos forces ».

Cela dit,  la visite turque de Barzani a été  critiqué par le  parti de la paix et de la démocratie, qui a boycotté la fête kurde, par la voix de son leader  Saladin Dimirattash, qui réside dans  la capitale allemande Berlin et qui a vilipendé Erdogan et ses politiques.

Et de poursuivre : «  celui qui  veut la paix avec les Kurdes , n’ arrête pas  Ocklan ni ne décrit pas le PKK comme une «organisation terroriste» ni ne construit un mur de séparation  entre les Kurdes à la frontière avec la Syrie ni ne soutient les gangs terroristes en Syrie pour attaquer les zones kurdes et le Parti de l'union démocratique ni ne détient les  Kurdes dans les prisons ni leur  impose de  fortes amendes ni accélère la construction de nouveaux postes de police partout dans le Kurdistan de la Turquie ».

Le journal kurde  «Ozgur Gondam» du PKK a lui aussi  dirigé  une  attaque cinglante contre Erdogan pour répondre à Barzani en intitulant  son éditorial d’hier «Les mots ne suffisent pas ».

Le journal a indiqué que « Diyarbakir ne pardonnera pas Barzani pour son opposition aux Kurdes en Syrie, surtout quand il a fermé ses portes en face d'eux. Le journal a estimé que Barzani a dû résoudre le problème kurde et non pas de céder à Erdogan pour gagner des votes électoraux. Des artistes kurdes ont aussi critique  le  chanteur Shevan qui a participé à la fête,  qualifiant d’honteux  de se réduire à un outil pour la politique du «Parti de la justice et du développement.

Pour sa part, le journal «Melliat» a estimé que  Barzani est incapable de contribuer au processus de résolution du problème kurde en Turquie, car il n’a aucune influence sur le terrain. Voire le journal a douté qu’ Erdogan puisse gagner plus de voix kurdes lors  des élections municipales de Mars prochain, car l'électeur kurde est fidele aux   partis d'opposition qui sont contre le «Parti de la Justice et du Développement.

Toujours selon Melliat , le  discours de M. Erdogan sur la  «fraternité islamique» n'aide pas à résoudre le problème ethnique, car  la solution au problème kurde en Turquie ne peut se limiter à reconnaissance  politique des Kurdes dans le nord de l'Irak alors que cette reconnaissance est rejetée  à l'intérieur turc.

Voire, un accord pétrolier avec les kurdes  est voué à l’échec  tant que le problème de la représentation démocratique en Turquie n’est pas réglée et aussi longtemps que le gouvernement ignore les revendications kurdes.