18-04-2024 10:56 PM Jerusalem Timing

Les patriarches d’Orient dans la tourmente réunis au Vatican

Les patriarches d’Orient dans la tourmente réunis au Vatican

Leur plus grance crainte: que l’Orient soit vidé des Chrétiens

Une dizaine de patriarches et archevêques orientaux vont rencontrer le pape François jeudi afin de réfléchir aux moyens de maintenir leurs fidèles, menacés par l'islamisme et les conflits, sur leurs terres d'origine.

Les foyers les plus chauds sont la Syrie, l'Irak, le Liban et l'Egypte.

Présentes avant l'islam, les communautés chrétiennes --catholiques de rite oriental rattachées à Rome et orthodoxes-- se trouvent dans des situations religieuses, sécuritaires, sociales, économiques, très difficiles. Beaucoup émigrent.
  
Les chrétiens d'Orient sont aujourd'hui estimés entre 10 et 13 millions.
Ils représentent 36% des Libanais, 10% des Egyptiens, 5,5% des Jordaniens, 5% des Syriens, 1 à 2% des Irakiens, 2% des Israéliens, 1,2% des Palestiniens, selon les statistiques de l'Œuvre d'Orient.
  
Après son élection, plusieurs patriarches ont souhaité que le pape François vienne dans la région et la journée de prière pour la paix en Syrie, début septembre a été très suivie par ces Eglises qui ne veulent aucune intervention étrangère. 
  
A la réunion annuelle du Conseil pontifical pour les Eglises orientales, qui a débuté dès ce mardi, et la rencontre jeudi avec le pape, toutes les grandes figures des Eglises catholiques orientales ont été invitées: du Libanais Béchara Boutros Raï, patriarche maronite, au Syrien Antoine Audo, évêque chaldéen d'Alep, du patriarche gréco-melchite syrien Grégoire III Laham au patriarche irakien des Chaldéens Louis-Raphaël I Sako. Sans compter le patriarche copte catholique Ibrahim Isaac Sidrak, le patriarche des Arméniens, l'Egyptien Nerses Bedros XIX Tarmouni, ou encore le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal.
  
Alors que les chancelleries occidentales répètent que les chrétiens garantissent la diversité culturelle de la région, leurs Eglises leur demandent de ne pas vendre leurs terres.
  
Mais certains chrétiens d'Orient ressentent une pression délibérée pour émigrer, sous l'influence des groupes islamistes désireux d'introduire la charia, et certains pays musulmans qui les soutiennent.
  
Le patriarche irakien Sako a ainsi dénoncé sur Radio Vatican la délivrance de visas aux chrétiens d'Irak.
 "Il y a toute une stratégie pour aider les chrétiens à quitter l'Irak", même dans les zones du nord où ils ne sont pas menacés, a fait valoir Mgr Sako qui entend aborder ce thème avec le pape.
 Selon lui, "le Moyen-Orient va se vider des chrétiens" alors que "leur présence, leur qualification, leur ouverture sont vitales".
  
Depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, de nombreux chrétiens irakiens ont fui, assimilés dans la propagande islamiste aux "croisés" américains venus en Irak.
 En Syrie, ils sont souvent mal considérés car s'accommodant du régime dictatorial de Bachar el-Assad, par crainte des groupes islamistes.
 
Les flux migratoires se font vers l'Europe, les Amériques, l'Australie, mais aussi à l'intérieur de la région. Ainsi des dizaines de milliers de chrétiens syriens ont émigré vers le Liban, la Jordanie, la Turquie et même le nord de l'Irak.
  
Le flux migratoire syrien tend à l'extrême la situation de l'emploi et l'équilibre entre communautés dans des pays fragiles comme le Liban et la Jordanie.
En Egypte, la petite communauté copte catholique est solidaire de la grande communauté copte orthodoxe, qui se sent menacée par les Frères musulmans et d'autres groupes musulmans radicaux.
  
Selon le directeur général de l'Œuvre d'Orient, Mgr Pascal Gollnisch, les patriarches apportent aussi à Rome leur "expérience de l'œcuménisme, car presque toutes les Eglises catholiques orientales ont des sœurs orthodoxes".
   "Le mode propre de gouvernance des Eglises Orientales  --mode synodal-- peut aussi enrichir la réflexion de l'Eglise latine sur sa propre gouvernance", a-t-il encore relevé.
 La rencontre, a-t-il dit à l'AFP, devrait "préparer une éventuelle visite du Saint Père en Terre sainte et faire le point sur les négociations diplomatiques avec le gouvernement israélien".
  
François a été invité par Israël et l'Autorité palestiniennes à se rendre en Terre Sainte l'an prochain.