Un tribunal militaire a condamné un nouveau manifestant bahreïni à sept ans de prison.
Un tribunal militaire a condamné jeudi un manifestant bahreïni à sept ans de prison sous prétexte d’avoir tenté « de tuer des policiers » lors des manifestations anti-gouvernementales, a annoncé l'agence officielle BNA.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a déploré dans un communiqué jeudi l'intensification de la répression.
"Il semble que la famille régnante de Bahreïn a l'intention de punir toute personne critiquant le gouvernement", a affirmé Joe Stork, directeur pour le Proche-Orient de l'organisation, rappelant la récente arrestation d'anciens députés et la traduction en justice de médecins et infirmières.
Selon HRW, deux autres médecins, Dr Ahmad Jamal, président de la Société médicale de Bahreïn, et Dr Nidal Khalifa, ont été arrêtés en début de semaine.
Dr Khalifa est l'épouse d'un médecin déjà arrêté le 14 avril, Dr Sadek Abdallah, et le couple a quatre enfants âgés de 8 à 15 ans.
En outre, HRW affirme qu'un opposant et défenseur des droits de l'Homme, Abdel Hadi al-Khawaja, arrêté le 9 avril, a été admis dans un hôpital militaire pendant six jours pour le traitement de blessures. Une personne qui l'a vu a affirmé qu'il était "méconnaissable" en raison de tortures subies pendant sa détention.
Amnesty International avait déjà appelé mercredi le gouvernement à mettre fin à sa campagne d'arrestations contre les opposants et critiqué l'annonce d'une reconduction de l'état d'urgence, en vigueur depuis la mi-mars.
"Les autorités bahreïnies doivent cesser d'arrêter quiconque s'oppose à elles et libérer les protestataires arrêtés pour avoir réclamé pacifiquement des réformes", a déclaré Philip Luther, directeur adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
"Depuis que les manifestations ont été violemment réprimée à la mi-mars, la persécution par le gouvernement des dissidents n'a pas faibli, et une reconduction de l'état d'urgence ne fera qu'exacerber la crise en matière des droits de l'Homme", a-t-il ajouté dans un communiqué.
La loi sur l'état d'urgence a servi à des arrestations sans mandat judiciaire, à la détention au secret de protestataires et de militants politiques, et au jugement de civils par des tribunaux militaires, déplore-t-il.
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé la répression contre les manifestants, et se sont élevées contre la récente condamnation à mort par la justice militaire de quatre manifestants accusés d'avoir tué deux policiers en les renversant par leurs voitures lors des manifestations antigouvernementales.
Les violences (mi-février/mi-mars) à Bahreïn ont fait, selon Manama, 24 morts, et 37 martyrs selon l'opposition. Quatre manifestants sont morts sous la torture depuis en détention.
Navi Pillay dénonce les condamnations à mort et les arrestations
La Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a dénoncé jeudi les condamnations à mort de quatre manifestants jugés à huis clos par des tribunaux militaires à Bahreïn et le maintien en détention de centaines d'activistes.
"Le procès de civils devant des cours militaires est toujours une cause de préoccupation. L'application de la peine de mort sans garantie du droit et après un procès tenu à huis clos est illégale et absolument inacceptable", a indiqué la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU dans un communiqué.
"Les accusés ont droit à un procès équitable devant des tribunaux civils en accord avec les critères du droit international et les obligations internationales de Bahreïn en matière des droits de l'homme", a ajouté Mme Pillay.
Mme Pillay s'inquiète également du fait que "des centaines de personnes demeurent en détention pour leur participation présumée aux manifestations" et des poursuites à l'encontre de professionnels de la santé devant un tribunal militaire.
"Ces informations sur la mort en détention d'au moins quatre personnes sont particulièrement inquiétantes. Mes services ont aussi reçu des informations sur des tortures de défenseurs des droits de l'homme actuellement détenus", a poursuivi Mme Pillay.