Le Liban serait entré dans "la phase la plus dangereuse".

Des informations recoupées par plusieurs services de sécurité indiquent que l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) a sérieusement décidé de transporter la confrontation avec le Hezbollah à l’intérieur du Liban. Cette hypothèse est confirmée par les aveux du détenu Hassan M., arrêté par le service de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) dans une localité de la Bekaa.

Il a reconnu avoir vendu à des membres de l’EIIL sa voiture, qui avait été découverte bourrée d’explosifs dans le quartier de Maamoura (Mreijé), dans la banlieue sud de Beyrouth.

Lors de l’interrogatoire, Hassan a affirmé avoir protesté auprès d’un émir de l’EIIL, Abou Abdallah al-Ikraki, contre le fait que le véhicule avait été piégé alors qu’il était toujours enregistré en son nom.

Mais l’Irakien lui a assuré que la voiture n’avait pas été piégée mais seulement utilisée pour transporter les kamikazes, car elle a un statut légal. Le Hezbollah a réussi à arrêter deux frères qui se trouvaient à bord de la voiture, une arrestation qui n’avait pas été mentionnée par les médias, qui avaient uniquement fait état de la découverte d’une voiture piégée.

L’interrogatoire des deux suspects a montré qu’ils étaient également impliqués dans l’attentat de Roueiss, le 15 août. Ceux qui ont placé cette voiture piégée sont venus de la localité libanaise de Ersal.

Selon des sources de sécurité, ce qui est valable pour les voitures de Roueiss et de Mreijé peut l’être aussi pour le double attentat contre l’ambassade d’Iran. «La planification, les motifs et les précédents existent», assurent les mêmes sources. De la sorte, le chef de l’EIIL, Abou Omar al-Baghdadi, aura déclaré la guerre au Liban.

Il existe probablement une coordination entre l’EIIL et les brigades Abdallah Azzam, qui auraient été chargées, via cheikh Zreikat, de revendiquer l’attentat d’hier. Les informations indiquent que ce dernier se trouve en Syrie depuis plus d’un an et vient au Liban de temps à autre. Son compte twitter a été réactivé il y a quelques jours seulement et a disparu juste après avoir revendiqué la double attaque. On ne sait toujours pas s’il a été désactivé par son propriétaire ou s’il a été supprimé par l’administration de twitter. Le compte des brigades Azzam a également disparu.

Déclenchement d’une guerre régionale

Entre-temps, des sources officielles et politiques libanaises, cités par le quotidien koweitien AlRai ont exprimé leurs craintes que le message sanglant adressé à l’Iran à travers le double attentat de Beyrouth ne soit le signe du «déclenchement d’une guerre régionale par acteurs interposés entre des services de renseignements au Liban.»

«Il est impossible de séparer l’attaque contre l’ambassade d’Iran de la gigantesque confrontation conduite par la République islamique à travers la Syrie, l’Irak, le Yémen et le Liban, et des tiraillements provoqués par les négociations irano-occidentales, qui concernent l’influence régionale de l’Iran, à laquelle sont opposés Israël et la plupart des Etats du Golfe», ajoutent les mêmes sources avant de conclure: «Le double attentat n’est pas uniquement le prolongement de la vague terroriste qui frappe la Syrie. Il existe des craintes que la guerre froide régionale, entre l’Iran et ses adversaires en Syrie et ailleurs, ne frappe la scène libanaise sur le plan de la sécurité, de sorte qu’il sera difficile de mettre le pays à l’abri des dangers».

Le Liban est entré dans «la phase la plus dangereuse

Par ailleurs, des sources pro-Hezbollah cités par le quotidien proche du 14 mars Al Joumhouria, le Liban est entré dans «la phase la plus dangereuse, celle des kamikazes contre lesquels aucune mesure n’est efficace. Mais nous prendrons des mesures exceptionnelles car nous sommes devant une nouvelle étape qui nécessite de nouvelles équations. Le message est arrivé et son auteur est bien connu», ajoutent les sources avant de poursuivre: «Ce double attentat ne changera rien à nos convictions. Au contraire, nous serons encore plus déterminés. Nous craignons que des attaques kamikazes ne visent directement et d’une manière aveugle les rassemblements chiites, à l’instar de l’Irak. Nous avons déployé de sérieux efforts dernièrement pour empêcher l’entrée de voitures piégées dans la banlieue sud, mais les attentats kamikazes sont difficiles à éviter.»

Le haut commandement du Hezbollah a tenu des réunions ces dernières heures et a demandé à toutes les permanences et centres du parti de prendre des mesures de sécurité supplémentaires de crainte de toute attaque suicide.

Al Akhbar + Al Rai + Al Joumhouria