Les traces de ses opérations secrètes ont été détruites, selon la BBC
Une unité militaire britannique secrète opérait au plus fort du conflit nord-irlandais en tuant des personnes soupçonnées d'appartenir à l'IRA, même désarmées, selon une émission de la BBC qui doit être diffusée jeudi soir.
Cette "Military Reaction Force" (MRF, Force de réaction militaire) était constituée d'environ 40 membres choisis dans l'armée britannique et a été active pendant 18 mois avant d'être démantelée en 1973, selon l'émission Panorama qui a interviewé sept de ses anciens membres.
"Nous étions là pour pourchasser les membres de l'IRA (Armée républicaine irlandaise) et les tuer quand nous les trouvions", a indiqué l'un d'eux à la BBC.
Interrogé par l'AFP, le ministère de la Défense a indiqué qu'il était "du ressort de la police nord-irlandaise de décider d'ouvrir des enquêtes quand il y avait des soupçons de comportements criminels", ajoutant "coopérer pleinement avec ses demandes".
Ces informations de la BBC surviennent au lendemain d'une proposition controversée émise par le procureur général d'Irlande du Nord, suggérant d'arrêter les poursuites pour les crimes commis avant les accords de paix de 1998 qui ont mis fin aux "troubles".
Selon l'émission Panorama, les soldats en civil de la MRF patrouillaient 24h sur 24 dans Belfast ouest, fief de l'IRA, dans des voitures banalisées.
"Nous pourchassions des assassins d'enfants sans pitié, des terroristes, des gens capables de vous tuer sans réfléchir", explique un ex-membre.
Les traces de ces opérations secrètes ont été détruites, selon la BBC. Mais ses ex-membres interrogés ont reconnu qu'ils agissaient parfois en violation avec la "Yellow Card" définissant les conditions dans lesquelles un soldat peut ouvrir le feu. Ils ont aussi admis qu'"occasionnellement" ils tiraient sans avoir la certitude que leur cible était armée.
Panorama a identifié 10 civils désarmés tués selon des témoins par le MRF.
Sur foi du reportage de la BBC, Amnesty International a demandé l'ouverture d'une enquête. "Les victimes et leur famille ont un droit à la vérité et à la justice", a insisté le président de la branche nord-irlandaise d'Amnesty, Patrick Corrigan.
Les violences intercommunautaires dans cette province britannique ont fait 3.500 morts en 30 ans. Les accords de paix signés en 1998 ont conduit à un partage du pouvoir entre protestants et catholiques, mais des violences sporadiques se produisent encore.
Le Premier ministre britannique David Cameron a quant à lui assuré mercredi que le gouvernement n'avait "aucune intention de légiférer en vue d'une amnistie pour les crimes commis pendant les troubles".