Dont 32 dans un attentat dans un marché de Bagdad.
Le bilan de la flambée de violences qui ensanglante l'Irak depuis janvier a grimpé à plus de 5.800 morts jeudi après de nouvelles attaques ayant fait 41 morts, dont 32 dans un attentat dans un marché bondé au nord-est de Bagdad.
Les violences de plus en plus meurtrières font redouter une accélération des attaques à l'approche des élections générales du 30 avril. Les autorités irakiennes observent en outre avec inquiétude le rôle croissant d'Al-Qaïda dans le conflit en Syrie voisine, redoutant une propagation sur ses terres.
Jeudi, une voiture piégée a explosé près d'un café dans un marché bondé, tuant au moins 32 personnes au nord-est de Bagdad, ont indiqué un colonel de la police et un médecin.
L'attentat a également fait 40 blessés, ont ajouté ces sources, précisant qu'il avait eu lieu à Saadiyah, dans la province multicommunautaire de Diyala.
La voiture a explosé vers midi (09H00 GMT) dans un secteur qui compte une importante communauté de Fayli, ou Kurdes chiites, dans une région que se disputent le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan.
Les insurgés exploitent souvent les tensions entre les deux parties pour mener leurs attaques.
Mercredi, une série d'attentats à la voiture piégée et d'attaques à travers le pays s'est soldée par 59 morts et plus de 100 blessés.
Un autre attentat à Diyala a également fait un mort jeudi, et une série d'attaques à Bagdad et dans d'autres régions de l'Irak ont tué 8 personnes.
Des responsables de la ville ont par ailleurs fait état de la récente découverte de 12 corps d'habitants qui avaient été enlevés par un groupe de personnes se présentant comme des membres des forces de sécurité.
Les 12 victimes ont été exécutées, et leurs corps jetés dans une rivière.
Face à la flambée de violences qui ensanglante l'Irak depuis le début de l'année, le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki a demandé fin octobre la coopération de Washington pour lutter contre le réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda, qui a revendiqué plusieurs de ces attentats, alors que les soldats américains ont quitté l'Irak il y a bientôt deux ans.
L'escalade de violence en Irak est liée au conflit en Syrie, qui a enhardi les groupes liés à Al-Qaïda, estiment des experts et des diplomates.
Le réseau terroriste "est parvenu à reconstruire ses forces dans certaines régions" irakiennes, a récemment déclaré à l'AFP Safa Hussein, conseiller national adjoint à la sécurité.
"Leur capacité à mener des attaques a augmenté", souligne-t-il. "Maintenant, ils ont les moyens de passer la frontière, et de puissants, très puissants alliés en Syrie".
Selon lui, ces insurgés "comprennent qu'ils ne peuvent réaliser leur ambition d'établir un Etat. Ni celle de défaire le gouvernement".
Mais "ils peuvent établir un contrôle indirect sur certaines zones, et faire de l'Etat un Etat défaillant, ce qui crée un très bon climat pour leur épanouissement", souligne Safa Hussein.
La paralysie de l'appareil politique, entraînée en grande partie par les différends entre sunnites et chiites, et associée à une corruption endémique, contribuent en outre à alimenter l'instabilité. Et l'Etat peine à fournir les services de base comme l'électricité et l'eau potable.
L'ONU et de nombreux diplomates ont appelé M. Maliki à adopter des réformes pour éviter une plus grande marginalisation de cette communauté.
Plus de 5.800 personnes ont péri depuis le début de l'année dans des violences, dont 964 en octobre, le mois le plus meurtrier depuis avril 2008, selon des chiffres officiels.