C’est l’avis du célèbre journaliste palestinien Abdel Bari Atouane, et ancien rédacteur en chef du quotidien londonien arabophone Al-Quds al-Arabi
C’est l’avis du célèbre journaliste palestinien Abdel Bari Atouane, et ancien rédacteur en chef du quotidien londonien arabophone Al-Quds al-Arabi.
Dans un éditorial publié dans le journal koweïtien "al-Ray el-Yaoum" (L’opinion d’aujourd’hui), il a mis en garde contre la sédition confessionnelle qui d’après lui représente le plus grand danger pour la nation musulmane, « un danger qui pourrait causer son éventuelle disparition », estime-t-il.
Il rappelle entre autre avoir, dès le début de la crise syrienne, prévu un débordement du conflit communautaire vers des pays voisins dont la Jordanie, le Liban et l'Irak et à une échelle moins importante, en Turquie. Mais il a indiqué qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il regagne aussi vite l'Arabie Saoudite, ou peut-être, le Qatar.
« Au cours de ces trois dernières années, l'Arabie Saoudite et l'Iran se sont opposés sur la Syrie et l'Irak. Le Qatar et les courants salafistes sunnites ont pris partis en faveur de l'Arabie tandis que le Hezbollah et les autres groupes militaires se sont rangés du côté de l'Iran », explique-t-il. Et de conclure : « Le compte à rebours semble avoir commencé pour la défaite d'Al-Qaïda ».
Il commentait dans son article la chute d’obus de mortier, jeudi, sur une zone saoudienne, Hafr al-Baten, frontalière du Nord-est de l'Irak, et revendiquée par jaïh al-Moukhtar, un groupe irakien jusque-là inconnu, qui a menacé de frapper plus en profondeur si Riad ne cesse pas sa politique agressive en Irak et ailleurs.
« Cela peut être le signe du lancement d'opérations armées de représailles contre l'Arabie Saoudite. Le message des tirs de ces obus de mortier est, tout à fait, évident, suggérant aux dirigeants saoudiens qu'ils ne peuvent pas continuer de s'ingérer en Syrie, en Irak et dans la banlieue Sud de Beyrouth, et d'apporter leur soutien aux courants extrémistes sunnites dans le massacre des peuples dans ces régions, tout en se sentant en sécurité », estime Atouane.
« La stratégie, suivie durant ces 80 dernières années, et qui consistait à mener des guerres par procuration par le biais de groupes armés non saoudiens, a permis d’éloigner la guerre loin de la scène intérieure saoudienne, n'affectant donc par la sécurité à l'intérieur du territoire. Au Yémen, l'Arabie a combattu l'armée de Jamal Abdul Nasser par le biais des Yéménites. En Afghanistan, elle fait la guerre contre les libéraux avec les combattants afghans. En Syrie, elle fait sa guerre par procuration en soutenant en fonds et en armement le Jeish al-Islam et autres groupes extrémistes. En Irak, elle avait mené une guerre contre Saddam par le biais des Américains et en Libye, contre Mouammar Kadhafi via l'Otan. L'Arabie Saoudite est entrée dans un combat contre l'Iran en équipant et en finançant des groupes contre-révolutionnaires et des minorités ethniques», poursuit le journaliste palestinien.
Selon lui, dans une pareille conjoncture, « il est tout à fait évident que ceux qui, en Iran, en Irak, en Syrie ou au Liban, cherchent à modifier les règles du jeu, tentent de transférer le champ de bataille à l'intérieur du territoire saoudien ».
Et pour finir, il avertit: « le spectre d'un cauchemar terrifiant nous hante, et nous espérons que cela ne se réalisera pas. Un cauchemar qui pourrait découler des attentats aux voitures piégées à Riad, à Doha, à Abou Dhabi, à Manama, au Koweït, en Syrie, au Liban, à Téhéran et en Irak, des attentats dont les victimes seront ceux qui partagent les mêmes convictions, et qui font partie de la nation musulmane ».