27-11-2024 10:31 AM Jerusalem Timing

Les menaces d’Israël contre l’Iran sonnent creux (experts)

Les menaces d’Israël contre l’Iran sonnent creux (experts)

"Aussi longtemps qu’il y a un aussi vaste soutien pour cet accord intérimaire, bombarder les installations nucléaires de l’Iran serait un suicide politique et diplomatique"

 

L'accord sur le nucléaire iranien bride les velléités israéliennes de frappe, contraignant le Premier ministre Benjamin Netanyahu à se contenter d'en surveiller l'application, tout comme les pétromonarchies arabes, selon les analystes.
  

Les fréquentes menaces de M. Netanyahu de raids contre les installations nucléaires iraniennes sonnent de plus en plus creux après l'accord annoncé dimanche, relèvent les commentateurs.
  
"Il n'y a aucune chance pour qu'Israël lance une attaque militaire contre l'Iran durant les six mois que durera l'accord intérimaire conclu à Genève", a déclaré lundi l'ancien chef de l'armée de l'Air, Eitan Ben Eliahou.
  
"Personne ne comprendrait" dans cette période une frappe israélienne, a souligné lundi le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
  
"Aussi longtemps qu'il y a un aussi vaste soutien pour cet accord intérimaire, bombarder les installations nucléaires de l'Iran serait un suicide politique et diplomatique", résume le spécialiste militaire du quotidien Haaretz.
  
Empruntant une formule au célèbre western spaghetti "Le Bon, la Brute et le Truand", un commentateur du même journal ironise sur le caractère répétitif des menaces de M. Netanyahu: "+Quand on tire, on ne raconte pas sa vie+".
  
Il exhorte le Premier ministre à renoncer à une nouvelle "campagne agressive et futile contre l'administration américaine".
  
Un éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot estime que cet accord "n'est pas bon mais ce n'est pas la fin du monde", reprochant à M. Netanyahu d'avoir réagi comme si tel était le cas et qu'il s'apprêtait à "ordonner une frappe militaire en Iran au milieu des négociations".
  
"Une telle décision mettrait Israël en porte-à-faux avec le monde entier, à l'exception de l'Arabie saoudite, notre ami loyal, dévoué et éternel", ironise-t-il, en référence aux inquiétudes partagées avec les monarchies du Golfe face aux ambitions régionales de Téhéran.
  
Le nouveau chef de l'opposition, le dirigeant travailliste Yitzhak Herzog, a appelé M. Netanyahu à "baisser le ton le plus vite possible" vis-à-vis de l'allié stratégique américain.
  
Après s'être récrié contre un accord qui "rend le monde plus dangereux", M. Netanyahu a paru se rendre à ces appels au calme, annonçant lundi une prochaine mission aux Etats-Unis de son conseiller à la sécurité nationale Yossi Cohen "pour discuter de l'accord final avec l'Iran".
  
"Il est vrai que la pression internationale que nous avons exercée a partiellement payé et amené un meilleur résultat que prévu initialement, mais c'est toujours un mauvais accord", a-t-il déclaré au Parlement
  
Dans une tribune publiée par le Yediot, un ancien consul d'Israël aux Etats-Unis, Alon Pinkas, écrit que désormais "le rôle d'Israël est de monter la garde et d'augmenter le délai entre la +capacité nucléaire+ et le +seuil nucléaire+ et un +programme nucléaire militaire+" en Iran.
  
Le correspondant militaire du journal considère qu'"Israël n'a actuellement aucune influence sur la politique américaine envers l'Iran, si ce n'est la menace de faire dérailler les négociations avec les Palestiniens".
  
"Le peu qu'il lui reste à faire est d'essayer de faire pression sur des aspects techniques, dans l'espoir de gagner du temps", comme sur la limitation de l'enrichissement d'uranium, explique-t-il.
  
Yoël Guzanski, ancien analyste sur l'Iran au bureau du Premier ministre, reconnaît que "les options d'Israël sont peu nombreuses et limitées".
  
"Mais si les Iraniens trichent, et ils l'ont déjà fait par le passé", affirme à l'AFP ce chercheur de l'Institut pour les études sur la sécurité nationale (INSS), "alors Israël aura la légitimité pour utiliser d'autres moyens".
  
Les médias, comme Haaretz, insistent sur le fait que "ces derniers mois Israël a trouvé des alliés inattendus dans son combat contre de larges concessions aux Iraniens: l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui ont bien plus peur que lui d'une montée en puissance chiite".
  
Mais cette convergence d'intérêts risque d'être de courte durée, surtout si la crainte d'un Iran nucléaire conduit les monarchies du Golfe à tenter à leur tour de se doter de l'arme atomique, alors qu'Israël tient à préserver sa suprématie militaire régionale, et nucléaire en particulier, préviennent-ils.