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Pétrole: la Russie tourne ses exportations vers la Chine

Pétrole: la Russie tourne ses exportations vers la Chine

Il ne faut pas non plus oublier le rôle de l’Iran, qui était isolé du commerce mondial d’hydrocarbures ces dernières années. Cependant après les récentes négociations il pourrait tout à fait reprendre sa niche.

La Chine sera bientôt le plus grand importateur de pétrole et l'Inde le premier importateur de charbon, d'après le rapport World Energy Outlook 2013 cité mardi 26 novembre par le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Il sera difficile pour la Russie de tenir ses engagements, étant donné que dans le meilleur des cas la production pétrolière se stabilisera dans le pays, voire commencera à diminuer.

"Le secteur énergétique traverse une période de transition: les importateurs deviennent exportateurs et les exportateurs se transforment en grands centres de consommation. Le centre de gravité de la consommation énergétique se déplace rapidement vers les pays émergents, notamment la Chine, l'Inde et les pays du Moyen-Orient, qui font augmenter d'un tiers la demande mondiale en hydrocarbures", analysait hier Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l'AIE.

D'ici 2020 les Etats-Unis et le Brésil (qui détient du pétrole en eaux profondes) augmenteront leur production grâce au pétrole de schiste. Au début des années 2020 les USA approcheront de l'autosuffisance énergétique et le rôle du Moyen-Orient va augmenter à long terme. Tous ces changements réorienteront les principaux flux commerciaux d'hydrocarbures du bassin atlantique vers l'Asie.

Il ne faut pas non plus oublier le rôle de l'Iran, qui était isolé du commerce mondial d'hydrocarbures ces dernières années. Cependant après les récentes négociations il pourrait tout à fait reprendre sa niche.

D'après l'entente conclue récemment à Genève, les USA ont déjà débloqué 8 milliards de dollars d'actifs iraniens en échange de la suspension de l'enrichissement d'uranium par la République islamique. Les USA et l'UE se sont également engagés à lever les sanctions portant sur les exportations d'hydrocarbures iraniens et sur la vente des services qui les accompagnent (assurance, transport, services financiers). La signature des accords définitifs sur le programme nucléaire iranien est prévue dans les 6-12 mois à venir, après quoi les restrictions sur les exportations du pétrole iranien seront levées.

Selon Anna Bodrova de la société Alpari, la Russie trouvera sa place sur la nouvelle carte énergétique car elle dispose d'importantes réserves prouvées de pétrole, de gaz et de charbon. "Si la demande chinoise en hydrocarbures augmentait à la vitesse prévue, la Russie serait capable d'augmenter ses livraisons en Chine de 1,5-2 fois. Et si des moyens de transports alternatifs étaient trouvés d'ici 2020 (nouveaux oléoducs par exemple), on pourrait alors parler d'élargissement de la coopération, déclare-t-elle. Sachant que les tarifs des hydrocarbures ne devraient pas changer significativement avec un cours pétrolier de 98-120 dollars le baril."

Par ailleurs Alexandre Passetchnik, chef du département analytique de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale, fait remarquer que les risques pour la Russie concernent avant tout la mise en œuvre des contrats avec la Chine. "Il sera probablement nécessaire de diversifier les itinéraires des livraisons pétrolières de l'ouest vers l'est, note l'expert. D'autant que Rosneft est de plus en plus prudente concernant les prévisions sur sa propre production. Dans les années à venir ses volumes n'augmenteront pas et dans le meilleur des cas ils se stabiliseront. Tandis que les livraisons en Chine devraient augmenter considérablement." Selon l'expert, le facteur iranien ne jouera pas un rôle important. "Les pays de l'OPEP souhaitent stabiliser les prix, qui leur conviennent, et ils empêcheront tout déséquilibre, pense-t-il. Le cours optimal serait de 100-110 dollars le baril d'ici 2020."